Parfois, un jeu débarque sans crier gare, l’air de rien, avec sa petite boîte toute simple, et bim ! Il finit par voler la vedette à tous les gros jeux de la soirée. C’est exactement ce qui s’est passé avec Ito, un jeu tout droit venu du Japon, vendu à plus de 350 000 exemplaires là-bas (d’après la boîte, on ne l’a pas compté nous-mêmes, hein), et récemment édité en français par Don’t Panic Games.
Et pourtant, croyez-moi, à la lecture des règles, on n’aurait pas parié un sushi sur lui.
Un concept minimaliste (mais pas vide de sens)
Ito, signé Mitsuri Nakamura, repose sur un principe ultra simple : chaque joueur pioche en secret une carte numérotée entre 1 et 100 (enfin, de 1 à 99 précisément, parce qu’il fallait bien embêter les maniaques des comptes ronds). Ensuite, on révèle un thème commun. Par exemple : “les animaux par leur taille”, “les objets les plus inutiles”, ou encore “les aliments qu’on déteste le plus”. Du bon gros subjectif, en somme.
Et là, l’objectif est… de reconstruire ensemble la frise des valeurs, sans jamais révéler son chiffre. Donc, si vous avez un petit chiffre et que le thème c’est la taille des animaux, vous balancez “souris”. Si vous êtes dans les gros numéros, pourquoi pas “éléphant de mer obèse”. Vous voyez l’idée.
Sauf que. Sauf que c’est là que le jeu devient sacrément malin.
La magie d’Ito : la valeur selon chacun
Très vite, Ito bascule d’un jeu d’ambiance à un petit laboratoire des relations humaines. Parce que ce que vous considérez comme “inutile”, “petit”, “détestable” ou “ringard”… ben ce n’est pas forcément la même chose pour votre pote à votre droite, ni pour la cousine à votre gauche qui trouve que la poignée de porte décorative en forme de coquillage est un indispensable du foyer.
Et c’est là que le jeu provoque des fous rires, des débats, des regards suspicieux (“Tu trouves que le plaid à paillettes est PLUS inutile que le porte-serviette en forme de panda ?!”), et parfois même des confessions inattendues. On commence à jouer, on finit à débattre sur le sens de la vie ou la suprématie des cornichons sur les oignons doux. Bref, Ito ouvre des portes que personne ne cherchait à franchir, et c’est ça qui est génial.
Un mode challenge qui pimente les neurones
Pour ceux qui trouvent ça trop facile, ou qui aiment souffrir un peu pour briller en société, il existe un mode challenge. Là, non seulement vous devez réussir à ordonner les cartes… mais à chaque victoire collective, une nouvelle carte s’ajoute, et l’un d’entre vous devra jouer avec deux valeurs au lieu d’une.
Croyez-moi, c’est là que les choses se corsent. Trouver deux éléments du même thème, qui respectent un écart subtil, c’est un exercice de funambulisme mental. Et quand les autres essaient de déduire l’ordre de toutes ces références sans avoir les chiffres, c’est souvent hilarant. Ou frustrant. Ou les deux.
Mais alors, c’est si bien que ça ?
Oui. Vraiment. C’est typiquement le jeu qu’on sous-estime à mort, qu’on sort “pour rigoler vite fait”… et qu’on ne lâche plus. On voulait tester Ito “vite fait” entre deux gros jeux de plateau, et on y a passé une bonne partie de la soirée. Et ce, à 7 autour de la table, avec un score max de 3 en challenge, parce qu’on était un peu nuls, faut bien l’avouer.
Ito fonctionne à merveille parce qu’il est simple, malin, universel et surtout, il favorise la discussion, sans jamais être prise de tête. C’est même un bon moyen d’apprendre à mieux connaître les gens (ou à ne plus jamais leur parler, selon les cas).
Verdict
Ito, c’est un peu l’anti-jeu d’énigmes, l’anti-quiz. Ici, pas de bonne réponse, juste des valeurs personnelles et des tentatives d’alignement collectif. Et c’est ce qui le rend aussi accessible qu’amusant. Dès 8 ans, pour des parties d’environ 10 minutes (sauf si vous partez en débat), c’est une petite pépite à glisser dans votre ludothèque.