Il y a presque trois ans, sortait Coatl – le jeu de plateau édité par Synapse Games. Très joliment réalisé, le titre avait rencontré un succès bien mérité. Arrive aujourd’hui une déclinaison en jeu de cartes, forcément réduite sur la forme mais aussi plus facilement transportable. Les auteurs, eux, sont les mêmes pour les deux titres: Pascale Brassard et Etienne Dubois-Roy.
Qualité colorée
La première chose qui marque à l’ouverture de Coatl, c’est à coup sûr son aspect très coloré. En plus, la qualité des matériaux (essentiellement des cartes) est franchement bonne. Inclus la présence d’un serpent à plumes mythologique (un Coatl, donc) en plastique doré.
Le format réduit n’a donc pas pénalisé la forme. Il faut reconnaître que ça donne franchement envie de s’y mettre dans une ambiance chaleureuse, en famille ou entre amis. A noter que les règles du jeu sont disponibles en Français ou en Anglais. Et qu’elles intègrent même une variante pour pratique le jeu en solo, idée assez rare pour être soulignée.
La revanche du serpent à plumes
La mise en place d’une partie de Coatl est assez basique. Chaque joueur reçoit une carte Niveau, qui va servir à gérer les multiplicateurs et les décomptes de points. Les participants reçoivent également quatre cartes Plume (face cachée) et une carte Prophétie (face visible). Deux à trois autres cartes Prophétie sont également disposées et accessibles à tous.
A la manière de Stupéfix !, le premier joueur va être en charge de cadencer et de compter les tours de jeu. Ces derniers seront en fait représentés par les pièces du Coatl doré, qui sera progressivement assemblé au fil des tours.
Chaque carte Plume affichent deux couleurs, qui représentent deux segments potentiels du corps de votre Coatl. L’objectif, à chaque tour, sera de les choisir et de les disposer correctement (côte-à-côte ou superposées sur leur moitié), pour réaliser les prophéties disponibles. Pour le dire plus simplement : il faut choisir les bonnes cartes pour répondre à un maximum de codes couleurs cibles.
Car les cartes Prophétie, elles, consistent en la définition de configurations ou combinaisons : suite de couleurs prédéfinies, couleurs similaires adjacentes, couleur cible encadrée de deux couleurs identiques, couleur spécifique pour en recouvrir une autre, etc. Le niveau des cartes Prophétie ainsi réalisé peut aussi être augmenté, pour gagner plus de points ou les protéger. Car oui, vos adversaires peuvent désormais vous « voler » des prophéties en les réalisant eux-mêmes.
Boulier requis en fin de partie
Les principes de base de Coatl sont donc plutôt intuitifs et vite compris. Il va s’agir ici de réaliser le Coatl satisfaisant le plus de prophéties et les Dieux, avec les bonnes combinaisons au bon moment. Les parties sont assez courtes, en moyenne vingt minutes pour deux à quatre joueurs. Une dernière fois, l’atmosphère globalement chatoyante du matériel de jeu supporte franchement l’enthousiasme de chaque début de partie.
Là où ça se gâte un peu, c’est lorsque vient le comptage des points en fin de partie. Mécanisme élémentaire de nombreux jeux de société, la victoire aux points est également souvent synonyme d’étape pas franchement fun voire laborieuse. Coatl n’échappe malheureusement pas à la règle. Positionner correctement ses prophéties autour des cartes niveaux, ne pas louper le décompte d’une prophétie qui se cumule avec une autre, faire le bon choix lors du vol d’une prophétie d’un autre joueur, attendre péniblement que le joueur précédent ait fini ses comptes lors du dernier tour…
Tout ceci complique franchement une mécanique de jeu pourtant initialement simple. Ce point rend le jeu d’autant plus stratégique, ou moins accessible, c’est selon. Mais il nous invite surtout à le recommander aux adolescents et plus âgés, et non à partir de dix ans comme le suggère la boîte. Par rapport au jeu de plateau, Coatl version cartes offre au final une expérience un peu différente : moins tactique sur la durée (un seul Coatl à créer, nombre de tours fixe), mais aussi plus rapide et dynamique.