Toki fait partie de ces jeux vidéo ayant marqué leur époque. Édité en 1989 sur borne d’arcade, il a connu des adaptations remarquables sur d’autres supports. Si l original a été développé, par la société japonaise TAD (sous le nom de JuJu Densetsu), ce sont deux Français, Philippe et Lionel Dessoly, qui ont réalisé les graphismes de la version des ordinateurs Amiga et Atari ST.
Fort de cette aventure qui a été saluée en son temps, Philippe Dessoly est contacté en 2008 par Golgoth Studio pour participer à une version remastérisée de Toki. Inutile d’être dans le secret des dieux pour constater que tout ne s’est pas passé sans péripéties…
Toki est une superbe réussite graphique et offre une porte d’entré à un gameplay atypique de la fin des années 1980 ! Prévu initialement sur PC et le Xbox 360 live arcade, Toki sort finalement en 2018 sur Nintendo Switch, avec Microids comme éditeur. Disponible sur l’eShop, une version physique existe sous le nom de « Retrollector Edition ». Et elle vaut le détour !
Une petite introduction donne le ton : vous incarnez donc un jeune guerrier transformé par un sorcier en singe. Ce dernier tente de retrouver sa belle, enlevée par un démon aux ordres du précédent méchant. La justification de l’aventure est posée, vous voilà à sauter de plates-formes en plates-formes, à cracher des projectiles sur vos différents ennemis issus d’environnements variés (forêt, océan, volcan, monde de glace, etc.).
La principale qualité de ce remake de Toki est clairement le rendu graphique. Tout est superbe notamment sur l’écran portable de la Switch. Le plus impressionnant vient bien sûr des décors de fond, qui fourmillent de détails, constitués selon les niveaux de plantes, de rochers, de jets d’eau, de lave, etc. Rien à voir avec les arrière-plans minimalistes de la version d’origine.
Même chose pour les sprites du personnage comme ceux des ennemis qui tous sont tous extrêmement détaillés. L’animation est également très bien réalisée, même si on remarque des étapes d’animation assez courtes.
Le gameplay, lui, a été pieusement conservé. Votre personnage reprend donc sa démarche assez lourde et lente avec une certaine inertie dans les sauts. Les tirs en revanche ont toujours une cadence assez rapide. La prise en mains est donc assez peu intuitive, mais une fois assimilée la maniabilité est parfaite.
Pour le reste, c’est assez classique dans le sens ou vous aurez à mémoriser les mouvements des ennemis ainsi que leurs attaques. Ceci vaut pour tous les ennemis de base, les boss intermédiaires ou les boss de fin pour avoir une chance de passer les différents niveaux.
Toki version d’origine ou la version remasterisée est un jeu d’arcade, basé sur le scoring. C’est là que se loge le principal clivage du jeu. Toki est donc par sa nature, assez « sec », puisqu’il ne propose aucun mode particulier si ce n’est le choix de la difficulté qui sera votre seul challenge personnel : Facile 9 vies avec 9 continues/ Normal 4 vies en 9 continues / Difficile 2 vies en 5 continues/ Très difficile 2 vies en 3 continues. Chaque continue vous fera recommencer le niveau atteint.
Autre remarque, le jeu est, comme tout jeu d’arcade de l’époque, particulièrement court. Avec un peu d’acharnement, notamment en mode facile, Toki se termine en 20 min. A voir donc si vous en êtes en accord avec le principe. Honnêtement, on peut s’en contenter, le jeu d’origine disposant d’une vraie originalité dans le gameplay.
Et la version physique est particulièrement attractive, avec un manuel, trois impressions de dessins mais surtout avec une mini-borne en bois à monter (pour rappel, un support en carton de ce type est vendu seul 20$). Le rendu est superbe.
Seul regret à mon sens, si on vise le principe du jeu hommage : l’absence de la version d’origine, ce qui est plutôt incompréhensible. On aurait aimé par exemple pouvoir « zapper » d’une version à l’autre, sans transition. Ce qui aurait aussi permis d’évaluer le travail accompli.