"Un air ludique, un souffle épique, un vent geek"

Jeu

Le Slowrunner, l’avis

Ponce fait partie de la vague à succès des streamers vidéoludiques, et il faut reconnaître qu’il le mérite bien. Ses vidéos traitant de World of Warcraft, sa maîtrise de Mario Kart 8 et ses émissions nocturnes forcent toutes le respect. L’homme maîtrise le média qui le nourrit, et le marketing horticulteur qui va avec. C’est au croisement de tous ces aspects qu’arrive aujourd’hui le jeu de société Le Slowrunner. A noter que bien que « présenté par Ponce », les auteures de ce jeu sont Valérie Cluzel et Céline Chappus.

Silence, ça pousse

Le titre du jeu annonce la couleur. Ici, le premier arrivé a perdu et les Speedrunners sont pénalisés. A l’ouverture, on y retrouve l’atmosphère de Ponce : chaleureux, coloré, élaboré et pas vulgaire – ce qui ne gâche rien. La première impression est donc plutôt bonne. Le Slowrunner se pratique de 2 à 6 joueurs, à partir de 14 ans. La boîte indique une durée moyenne de partie de trente minutes.

Vient ensuite l’étape de la première utilisation, un peu douloureuse. Les jetons, les cartes, les pions, le plateau… Tout est en carton. On apprécie l’aspect écoresponsable de la démarche, moins la fragilité naturelle des matériaux et la pression de ne rien déchirer. Le pack de 150 cartes et les 100 jetons impressionnent…

Commencez par désherber

…Peut-être un peu trop. Les règles du jeu se veulent sophistiquées, mais le sont au final excessivement pour être intuitives et pas assez pour être intéressantes (comprendre : réellement tactiques). Tentons de vous les résumer. Au lancement, vous devez choisir ou subir un personnage. Cette étape conditionnera le pétale de départ, et les bonus/malus des cartes suivantes.

Lors de chaque tour, les joueurs ont le choix entre quatre ou cinq actions, selon la carte choisie : se déplacer, acheter un pont ou un piège, le placer, récupérer des « fleurs de l’ombre », récupérer des pièces ou joueur une action spéciale. Vous êtes déjà un peu perdu(e) ? C’est normal, nous aussi.

Nous vous laissons imaginer le déluge d’explications requises lors d’une partie à six joueurs. On ne va pas vous mentir, on a galéré. Notre première partie a duré à peu près une heure, dont la moitié à comprendre comment l’ensemble fonctionnait.

Expertise botanique requise

Reprenons. La suite du tour va dépendre de l’action choisie. Les pièges peuvent par exemple forcer la victime à avancer (on vous rappelle que le but ici est de traîner la patte) ou à se défausser d’une carte. Tomber sur une case « Duel de l’ombre » déclenche à son tour un combat particulier avec un adversaire, là encore aux règles spécifiques.

Oui, tout ceci est (inutilement) compliqué. Et encore, on vous épargnera les bonus de l’horoscope, les valeurs des pièces ou l’utilisation des ponts entre pétales. Au final et concrètement, la mécanique d’aller le plus lentement possible n’a pour seul effet que de faire durer plus longtemps les parties, mais rien de réellement innovant. Vous n’en avez pas encore assez ? A la fin de la partie, un décompte de points est nécessaire pour déterminer le vainqueur.

Réservé à la Fanbase

Un autre aspect gênant du Slowrunner est qu’y jouer implique beaucoup, beaucoup de lecture. En tout cas lors des premières parties. Chaque pratiquant aguerri de jeu de plateau sait qu’à part au Trivial Pursuit, personne n’a envie de passer une soirée à lire des cartes (les jeux de rôle étant bien entendu exclus de ce dernier commentaire). D’autant qu’ici cette lecture n’a pour seul intérêt que de lire/comprendre/décoder/décrypter (rayer la mention inutile) les actions réalisées ou les pièges invoqués.

En résulte ainsi un jeu pas si accessible que ça. Son indication « à partir de 14 ans » n’y est sûrement pas étrangère. On aura bien du mal à comprendre (et à expliquer) la logique ici recherchée. Et on se demandera logiquement si le jeu a vraiment été testé avant d’être publié.

Mais surtout, tous ces points font du Slowrunner une expérience qui parlera sûrement aux fans de Ponce, mais qui aura bien du mal à embarquer les autres. Surtout que l’offre en terme de jeux de société « de déplacement » est aussi qualitative que pléthorique. Tenter de livrer un jeu de société audacieux et original, c’est louable. Appliquer l’immortel adage « simple à comprendre, dur à maîtriser », c’est mieux.

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Mis à disposition par l’éditeur : Oui
Image de Angi

Angi

Né dans les Miel Pops, Ulysse 31 et les spirographes, ANgI- est un bon petit geek un poil rétro, mais pas que. Pas que car le présent a concrètement du bon vidéoludique à offrir à défaut de certitudes sur un avenir toujours incertain. Et pas que parce qu'au-delà des jeux vidéo, pas mal d'autres trucs l'intéressent tels que la culture nipponisante ou la technologie en général. Aujourd'hui, il a du mal à trouver sa place dans ce monde sans pitié où chaque comportement doit être codifié. Faux gamer devant l'éternel, ancien nerd doublé d'un otaku ou papa casual...? Ou peut-être un peu tout ça à la fois. Aujourd'hui, en matière de mobilité, la Nintendo Switch a ses préférences. Et soyons honnêtes jusqu'au bout, le smartphone aussi, un peu.

Disponibilité

Age conseillé

Thèmes

Format

Editeurs/Auteurs

Pas d'anecdote

Avis sur
Le Slowrunner

👌Moyen👌

Avec ses couleurs chatoyantes et toute la sympathique que l’on accorde à Ponce, Le Slowrunner est un jeu que l’on avait envie d’aimer. Malheureusement, sa réalisation moyenne, son système de jeu peu intuitif et surtout une concurrence féroce sur le créneau des jeux de plateau en font une expérience dispensable.