Jim Henson’s Labyrinth : Le jeu d’aventure – Une plongée (mitigée) dans le Labyrinthe de Sarah
Si je vous dis Labyrinthe, vous pensez sans doute à David Bowie et à son rôle culte de Jareth, le roi des gobelins. Ce film, réalisé par Jim Henson et sorti en 1986, est une œuvre hybride : une aventure fantastique où marionnettes, effets spéciaux et performances humaines se mêlent. Pourtant, malgré sa popularité actuelle, le film n’a pas connu un grand succès à sa sortie, que ce soit auprès de la critique ou du public. Mais avec le temps, il a su trouver sa place dans le cœur des amateurs de fantasy et devient une référence culte.
Aujourd’hui, c’est un autre format qui ramène cet univers sur le devant de la scène : Jim Henson’s Labyrinth : Le jeu d’aventure. Ce livre, publié initialement par River Horse, traduit et édité en français par BlackBook Éditions, se veut une immersion dans l’univers du Labyrinthe. Sur les conseils avisés de mon vendeur chez Tofopolis, je me suis lancé. Grand amateur de Livres dont vous êtes le héros, je pensais y retrouver ce plaisir d’exploration et de choix narratifs. La promesse était alléchante : un univers riche, des énigmes captivantes et des aventures uniques à chaque partie. Mais au final, l’expérience s’est avérée très différente…
Un concept intrigant : 90 scènes pour explorer le Labyrinthe
Avant tout, parlons un peu du fonctionnement. Ce livre n’est pas un Livre dont vous êtes le héros classique. Ici, pas de paragraphes numérotés ni de choix directs à la fin des pages. Chaque double page représente une scène, un lieu à explorer dans le Labyrinthe. Et pour avancer ? On lance des dés, dissimulés dans une « oubliette » creusée directement dans le livre. Lancer les dés détermine la scène suivante, de manière totalement aléatoire.
Avec ses 90 scènes disponibles, le livre offre une diversité intéressante sur le papier. Mais voilà : en pratique, comme chaque partie ne vous fait traverser qu’une douzaine de scènes en moyenne, vous ne verrez qu’une petite partie du contenu à chaque fois. Cela pourrait justifier une certaine rejouabilité… si l’expérience n’était pas si frustrante.
Un jeu d’aventure… mais pas vraiment solo
Le point qui m’a le plus surpris – et qui risque d’en déconcerter plus d’un – c’est que ce livre n’est pas vraiment conçu pour jouer seul. Bien qu’il soit techniquement possible de s’y plonger en solo, ce n’est pas l’objectif principal. En réalité, il faut être au moins deux joueurs pour profiter pleinement de l’expérience : un joueur incarne le maître du jeu, tandis que les autres explorent le Labyrinthe.
Le rôle du maître du jeu est central. Le livre devient alors un outil, une sorte de guide ou de lexique qui décrit les lieux, les défis et les énigmes. C’est à lui de broder autour des descriptions pour animer l’histoire et faire vivre l’aventure aux autres participants. Ce fonctionnement en fait une expérience proche du jeu de rôle, avec un livre comme support. Jack César, créateur des règles, le décrit bien :
« Le jeu reste accessible aux joueurs peu expérimentés. »
Mais cette simplicité a aussi ses limites. Les règles sont minimalistes, et l’absence de choix narratifs peut vite frustrer. On est loin des classiques interactifs où chaque décision impacte réellement la suite de l’aventure.
Des énigmes variées, mais parfois trop complexes pour les jeunes joueurs
Un autre point intéressant – mais problématique – réside dans les énigmes. Si elles sont variées et bien conçues, certaines sont clairement trop difficiles pour le public cible. Prenons l’exemple d’un casse-tête sur un échiquier : il faut une bonne connaissance des règles du jeu pour résoudre le problème. Or, le livre est vendu comme accessible dès 6 ans, ce qui paraît en décalage avec ce type de défi.
C’est là que le rôle du maître du jeu devient crucial. Pour des jeunes enfants, il faudra simplifier les énigmes ou les adapter. Mais cela demande une certaine dose de créativité et d’implication, ce qui peut ne pas convenir à tous les joueurs.
Le temps d’une partie : un détail à clarifier
Officiellement, le jeu est annoncé pour des parties de 30 minutes. Dans les faits, c’est une tout autre histoire. Avec 90 scènes disponibles et une exploration aléatoire qui vous fait parcourir 12 à 13 scènes par partie, il est évident qu’une session prendra bien plus de temps. Comptez au moins une heure, voire plus si vous jouez avec des enfants ou si vous prenez le temps de vraiment explorer chaque lieu.
Cette différence entre les promesses marketing et la réalité est un peu décevante. Pourtant, elle illustre bien la nature particulière de ce livre : ce n’est pas un jeu rapide à sortir et à jouer sur le pouce. C’est une expérience immersive qui demande du temps et de l’investissement.
Un bel objet, mais un prix élevé
Si l’expérience peut diviser, il faut reconnaître que le livre en lui-même est un très bel objet. La couverture en toile, les rubans marque-pages, les illustrations … tout est soigné et respire la qualité. Mention spéciale à l’oubliette creusée dans le livre pour ranger les dés, un détail amusant qui renforce le côté autonome de l’objet.
Cependant, à 39,99 €, l’investissement est conséquent. Pour ce prix, on s’attendrait à une rejouabilité plus marquée ou à une expérience plus engageante. Or, comme le souligne Ben Milton, créateur de l’aventure :
« Tout en intégrant de nombreuses scènes tirées du film, nous avons ajouté de nombreux éléments aléatoires pour rendre ces défis uniques à chaque partie. L’expérience a été épuisante mais incroyablement satisfaisante. »
Le travail derrière ce livre est indéniable. Mais cela suffit-il à en faire un incontournable ? Pas sûr.
Un verdict nuancé : pour les fans avant tout
Alors, à qui s’adresse ce Labyrinthe ? Principalement aux fans du film, qui apprécieront de retrouver ses lieux emblématiques et ses personnages dans un format interactif. Les amateurs de jeux de rôle pourraient également y trouver un intérêt, à condition d’accepter le rôle central du maître du jeu et de considérer ce livre comme un outil plutôt qu’un jeu autonome.
Pour les autres, notamment ceux qui cherchent une aventure solo ou une expérience riche en choix narratifs, le livre risque de décevoir. En ce qui me concerne, bien que j’aie trouvé l’objet fascinant et que certaines idées soient intéressantes, l’expérience globale reste en demi-teinte.