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Jeu

Disco Elysium: The Final Cut, le test Switch

Disco Elysium est un jeu de rôle sorti sur PC en 2019. Sa dernière mouture, sous-titré The Final Cut, est proposée sur Switch fin 2021. Une version physique est désormais disponible en mars 2022. Récompensé par plusieurs prix, déjà testé ici même sur PS4 par ANgI-, on se devait de voir si le jeu demeure aussi intéressant dans cette version Switch.

Le ton du désespoir et de la maturité…

Premier point, la maturité du propos. Rien que le début donne le ton : on commence avec un personnage qui émerge en slip d’une murge carabinée, dans une chambre d’hôtel dévastée. Votre personnage est loin d’être un parangon de vertu. L’alcool n’est pas son seul vice. En fait, toutes les drogues visant à se défoncer trouvent grâce à ses yeux (globuleux). Vous êtes d’ailleurs libre de vous complaire dans ses addictions (et ainsi d’obtenir des bonus spécifique), ou au contraire de le restreindre.

Même chose en ce qui concerne des sujets graves : le féminisme, le racisme et surtout la politique. On aura ainsi la possibilité de choisir des dialogues assez radicale ou orientée. Par exemple, on vous donne la possibilité d’humilier votre coéquipier sur ses origines étrangères. On peut même faire des réflexions ultra-libérales ou à l’inverse, plaider pour la dictature du prolétariat. Évidemment, si certaines remarques sont sans conséquence, d’autres impacteront directement l’aventure.

Une direction artistique de qualité

Ensuite, Disco Elysium est un jeu superbe. Il mélange intelligemment 3D isométrique avec un aspect de dessin au pinceau. On y dépeint un monde imaginaire, dans un style Steampunk 1900, dans un quartier délabré et en pleine déliquescence.

Tout est particulièrement bien détaillé dans les décors. RPG-aventure oblige, certains objets ou zones à inspecter sont représentés à l’écran par des « points ». On les sélectionne via la manette, mais le mode Switch permet également de les activer via la sélection tactile.

Le rendu est magnifique, même (et surtout) sur Switch. Je ne m’attendais vraiment pas à cette qualité sur la console de Nintendo. C’est surtout vrai en grand écran dans la version dockée. Mais le rendu en version portable est tout à fait agréable, sachant qu’on peut zoomer puis dézoomer la caméra (la plus rapprochée étant la plus pratique en version portable).

Un système de jeu simple, mais immersif

Disco Elysium: The Final Cut ressemble beaucoup à un livre dont vous être le héros. Vos actions sont conditionnées par 4 groupes de 6 compétences, soit 24 caractéristiques au total. Celles-ci sont régulièrement améliorables en fonction des gains de niveaux. Vous pouvez également augmenter certaines caractéristiques, avec des vêtements qui vous accordent des bonus (ou des malus).

En fonction des points que vous avez dans ces compétences et de la8 difficulté de l’action à effectuer, vous aurez un certain pourcentage de réussite. Le jeu lance alors un jet de deux dés de 6 qui selon les résultats vous font réussir ou échouer. C’est également vrai pour les combats, qui sont très limités. Ici, la base de l’aventure est8 bien dans l’enquête, avec son lot de descriptions (et de débats intérieurs). Car oui, on lit beaucoup dans Disco Elysium: The Final Cut, VRAIMENT beaucoup.

Pourtant, tout y est (presque) passionnant. On se délecte des descriptions, des dialogues entre les personnages ou certaines parties de votre cerveau comme de votre personnalité (et même de votre cravate, car oui elle vous parle parfois…). Je me suis revu dans les grandes heures des années 2000, avec des jeux d’aventure ou RPGs d’exception comme Planescape Torment.

Plus qu’un lore, un univers

À l’image d’un roman de Gabriel García Márquez, la ville de Revachol est un personnage à part entière (on ne croit pas si bien dire… mais chut). En fait, les scénaristes menés par Robert Kurvitz, ont réalisé un travail exceptionnel sur la constitution d’un monde cohérent. Régulièrement, l’histoire de la ville comme des états voisins est évoquée sur les 50 dernières années qui précèdent votre enquête de meurtre.

Si cela vous étonne, sâchez que la conclusion de votre aventure y est liée. En effet, la ville a subi une insurrection révolutionnaire qui n’est pas sans évoquer la commune de Paris en 1870. D’ailleurs, le nom de la ville Revachol fait également penser à l’anarchiste français Ravachol.

The British Comedy

Dans un autre domaine, les menus ou certaines illustrations torturées rappellent directement des œuvres entre Bosch et Otto Dix. Les références artistiques et historiques sont donc particulièrement nombreuses, ainsi que les grilles de lectures. Les dialogues doublés en Anglais participent, eux aussi, à l’immersion.

D’abord, parce que les comédiens jouent à merveille. Ensuite, parce que le côté bigarré de la ville est justement accentué avec des accents très marqués : Anglais soutenu ou en argot, Français, Hollandais, etc. Comme l’a souligné ANgI-, on tique parfois sur un mot en Anglais traduit dans le texte de manière très différente.

Malheureusement, on paye un peu cette profondeur d’action et de dialogue par un nombre de zones d’exploration limité. En fait, on déambule au final dans deux grandes zones (la ville et la plage), et deux zones assez réduites (le port de débarquement, et tout à la fin, une île)… Il faut reconnaître que c’est un peu court, mais il y a de nombreuses zones à explorer ainsi que des zones cachées.

Une version Switch presque parfaite

Comme précisé, la version Switch est vraiment superbe. Graphiquement impeccable. Elle offre, en surplus, une possibilité tactile dans la version portable. Elle offre également de base la version « The Final Cut » de Disco Elysium, c’est à dire qui a été enrichie de quêtes secondaires, d’objets ainsi que des doublages (en Anglais).

On note cependant quelques imperfections. À certains moments, on a constaté quelques crashs sonores ou quelques baisses de framerate. Si on veut vraiment trouver quelques critiques, le seul point qui m’a gêné est l’usage de la manette, pour un jeu qui a été pensé à la souris. En effet, il arrive fréquemment qu’on soit bloqué par des éléments du décor et qu’on ne sache où passer.

Le seul point vraiment regrettable est une fin un peu rapide. Une série de dialogue avec le moteur du jeu, aucune une vidéo ou même quelques images fixes pour nous remercie de notre investissement. C’est un peu court. Pas non plus de New Game + proposé. Là aussi, cette absence est regrettable, ne serait-ce qu’un accès à des illustrations, aux musiques, ou même quelques éléments qu’on aurait pu garder comme les vêtements patiemment et péniblement accumulés.


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Version testée : 1.05
Mis à disposition par l’éditeur : Oui
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Kuk

Type de joueur : Mauvais | Type de test : Bordélique Kuk s'est lié d'amitié avec le monde du jeu vidéo très jeune. En 1988, il possède son premier ordinateur, un Atari 1040 STF flambant neuf. Et Atari ne le quittera plus jamais… Durant les années suivantes, il s'intéresse tour à tour à la Nec GT, à la NeoGeo Pocket et à sa petite soeur, la déclinaison Color, qui le font rentrer dans le jeu vidéo portable. Passionné d’histoire et de littérature, il apprécie tout particulièrement les jeux de rôle et les jeux d’aventure. Il montre aussi beaucoup d'intérêt pour le travail fourni par les développeurs indépendants dont il se fait une spécialité. Dans tous les cas, il privilégie le fond à la forme.

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Editeurs/Auteurs

La monde imaginaire de Revachol n'est pas sans évoquer la commune de Paris en 1870. D'ailleurs, le nom de la ville Revachol fait penser à l'anarchiste français Ravachol.

Avis sur
Disco Elysium: The Final Cut

Parfait

Disco Elysium: The Final Cut n'est pas un bon jeu ! Il est EXCELLENT. J'ai rarement ressenti une aussi grande fascination et excitation. Dense, il est probablement clivant: les longues phases de textes, et la quasi-absence de combat ne plairont pas à tous. Pour autant, il fait vraiment partie des jeux que vous devez essayer. Maintenant, je n'espère qu'une chose: une suite d'aussi bonne qualité.