Titre misant sur une ambiance nippone allant jusqu’au cliché mais accrocheuse, projet étudiant initié en 2014, développé par le studio Ibérique Lince Works, au départ initié par un Kickstarter avorté puis au premier épisode sorti en 2016 déjà…Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire de la série Aragami est une épopée en tant que telle. Le premier opus avait marqué quelques esprits. Notamment grâce à son game system d’infiltration exigeant et jouant astucieusement sur des mécanismes d’ombres alors originaux pour l’époque. Sa suite nommée Aragami 2, arrive aujourd’hui cinq ans plus tard, voyons si son katana est toujours aussi affuté.
Shadow vs Dragon Ninja
La trame scénaristique d’Aragami 2 a de quoi séduire tout fan de film d’action et de ninja des années 90. Atmosphère Japonisante à souhait, dans le village fictif de Kakurega. Au bout de cinq minutes, le héros décède et se réincarne dans une forme mi-humaine mi-spectrale. Il atterrit au milieu de multiples Aragami du clan Kurotsuba, des samouraïs et autres être en proie à une malédiction qui les ronge inexorablement, pour les transformer en « ombres », immortelles mais dénuées de tout sentiment. Ces Aragami décidemment bien malchanceux sont également poursuivis par l’armée d’Akatsuchi, qui souhaite les contrôler pour en faire sa nouvelle arme.
Le décor est planté. Très franchement, sauf à ressentir un plaisir coupable pour ce genre de parodie, le scénario est nanardesque au possible. Tous les dialogues comme les personnages sont caricaturaux à souhait. Malgré tout, il faut reconnaître que la direction artistique a bien travaillé. Tant pour la rétine que pour les oreilles, Aragami 2 est un vrai petit anime interactif, qui n’est pas sans rappeler le célèbre Okami. Seul défaut majeur pénalisant l’immersion, la plupart des personnages portent un masque ou pire, ne disposent d’aucune animation labiale pendant les dialogues. La photo d’ensemble du titre reste magnifique, usant de temples nippons et cerisiers en fleurs à outrance, malgré ce défaut d’un autre âge.
Tom Clancy’s Mystic katana
Ce point n’est pas le seul à sembler provenir du passé et au niveau de sa construction. Aragami 2 est également d’un conformisme attendu. Le village de Kakurega est en fait le point central de la carte, à partir duquel les tâches peuvent être récupérées puis lancées, et d’endroit où attendre les autres connectés pour une partie en coopératif (l’ensemble du jeu peut être parcouru à 2 ou 3 joueurs). Les 51 missions proposées au total ne seront jamais originales : quête Fedex, assassinat, capture d’un ennemi…
Du côté du gameplay, Aragami 2 pourrait être apprécié des nouveaux venus mais perturbera sûrement les amateurs du premier volet. En effet, le système de « peinte des ombres » dans lesquelles il était possible de se cacher a tout simplement disparu. On se retrouve avec un classique jeu d’action-infiltration entre les murs, les hautes herbes, les ombres naturelles et autres cachettes permettant de surprendre l’ennemi. Malgré une ambiance aux antipodes de ce dernier, le design d’Aragami 2 n’a pas grand-chose à envier aux bons vieux Splinter Cell. Un système de téléportation, contraint à certaines surfaces, dynamise tout de même l’ensemble. Si vous vous faites repérer, un combat se déclenche alors un combat à base d’esquives et de parades. Généralement, il se résumera à tenir le coup jusqu’à ce que la barre d’endurance de l’ennemi tombe à zéro pour pouvoir l’achever, façon Sekiro. La fuite est également une option possible dans ce cas de figure.
Shuriken et vacuité
Nous avons évoqué plus tôt la pauvreté et les clichés dans lesquels s’enferme assez tôt le scénario d’Aragami 2. Mais à la limite, cela pourrait faire partie de son charme et ses principaux soucis sont ailleurs. Tout d’abord, la difficulté du premier épisode est toujours bien présente, même si les nouvelles mécaniques en place rendent tout de même les attaques réellement plus permissives (on ne meurt plus en un coup comme dans Aragami 1er du nom). Les deux premières heures s’avèrent donc éprouvantes. Mais ensuite, le jeu est assez linéaire dans sa construction. La courbe de difficulté est plutôt faible. Et malgré des changements de contexte, les actions à réaliser sont finalement toujours un peu les mêmes. Un système de développement (basé sur l’XP) de compétences complémentaires pour l’infiltration ne vient pas briser une certaine monotonie, encore une fois appuyée par une histoire pas franchement passionnante.
Ensuite, l’IA est d’une balourdise assez incroyable. Le genre infiltration s’avère généralement stressant et challengeant dans la rigueur et la précision qu’il requiert. Néanmoins ici, vous comprendrez assez rapidement qu’il est possible d’abuser de la bêtise des ennemis à outrance, impactant lourdement l’intérêt du jeu. Par exemple, en les tuant un par un puis en balançant les corps dans le vide ou à l’eau – Les autres adversaires présents n’étant jamais choqués par l’absence de l’un des leurs ou à la vue d’une gerbe de sang. Ou encore, en contournant un protagoniste qui ne vous attaquera pas si vous en restez suffisamment éloigné car « il ne doit surtout pas quitter son poste ». Une fois ces faiblesses cernées et la téléportation maîtrisée, les 20 heures de durée de vie et les 10 lieux différents du titre peuvent sembler un peu longuets.