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Jeu

Marvel Zombies : La résistance des Héros – Zombicide, l’avis

1ere partie : j’y étais j’ai tout vu

1983, Mittérand président, j’ai 10 ans et cela fait déjà quelques années que chaque semaine, religieusement, je cours chercher les magazines Strange au bar-tabac enfumé du bout de la rue. A l’époque, je vivais à Bondy, dans le 93, Un morceau de banlieue cossu (à l’époque) sans aucun point commun avec ce qu’il est aujourd’hui.

Strange, édité par Lug, rassemble en un joyeux fatras coloré les aventures de différents super-héros. Il est toujours étrange de se dire que ce type de publication pulp ou le visionnage du premier épisode de Goldorak à la télé ait pu creuser un tel sillon dans la culture populaire.

A l’époque, les super-héros touchaient une frange limitée de la population : il aura fallu le succès de plusieurs médium BD et magazines « cousins des pulps » américains pour obtenir ce résultat (je peux citer pèle-mèle Pilote, Pif, Tintin, Métal Hurlant…).

Le plus étrange étant que ces personnages de BD souvent américaines sont eux-mêmes descendants de figures mythologiques anciennes (Hercules et Thor en sont d’excellents représentants) et de personnages Pulps Européens, pour le coup, tombés dans l’oubli (le nyctalope, le fantôme du Bengal, Arsène Lupin…).

2eme partie : là où ça a dérapé

Mais en ces temps anciens point de risque de débordement transmédia ! si on met de côté les films « Superman » de Richard Donner en 1978, les quelques tentatives de portage à l’écran des super-héros Marvel suscitent plutôt la déception et le rire plutôt qu’un réel emportement cinématographique…

Enfin, jusqu’à l’avènement d’effets spéciaux à la hauteur du défi. Mettre le doigt sur le film qui a été le marqueur de ce tournant est délicat… « Abyss » et « Batman » en 1989 ? « Terminator 2 » en 1991 ? « Jurassic Park » en 1993 ? « Matrix » en 1999 ?

Dans tous les cas, l’arrivée des « X-Men » de Bryan Singer en 2000 et de Spiderman (2002) de Sam Raimi sur grand écran a été certainement le plus grand mélange de sentiments contradictoires pour les anciens fans de Strange en France.

La joie d’abord ! celle de voir s’incarner les personnages chéris depuis l’enfance sur grand écran. Enfin ! un énorme pant de la culture underground devient visible au plus grand nombre. Nous ne serons plus jamais seuls.

Et la déception, amère, de ne pas totalement retrouver le concept original à l’écran. Le « trop » et le « pas assez » se disputent au visionnage. Les X-Men et Hulk sont bien là, mais c’est pas la même chose, ce ne sont pas les dessins de John Byrne ou même les scénarii originaux de Stan Lee. Il a fallu faire des compromis sur l’autel de la rentabilité et surtout de l’accessibilité du grand public.

Le premier « Iron Man » (2008) a donné le vrai coup de pied dans la fourmilière : enfin un acteur à la hauteur du rôle et des effets spéciaux qui participaient à l’immersion dans l’histoire. L’antagoniste n’était pas celui attendu, mais bon, personne n’a boudé son plaisir.

Dans la continuité l’arc Thanos a livré ce qui était attendu ; la majorité des fans, moitié renâclant, moitié extatiques, a répondu présent et a applaudi (presque) à chaque film, jusqu’à « Endgame ».

L’univers étendu a bien entendu tiré les marrons du feu de cette merveilleuse nouvelle vache à lait : les cosplay, les BD, les jeux vidéo, et il n’est fallait pas beaucoup plus pour les que les jeux de société soient embarqués. Il n’y aura aucune adaptation sérieuse des héros Marvel en jeux de société avant 2002 (Marvel Heroclix).

Parmi les nombreux titres inspirés de l’univers Marvel on pourra citer en vrac : Marvel: Crisis Protocol,  Marvel Champions: the Card Game, et bien entendu le fameux KickStarter Marvel Zombicide !

3eme partie : et le Marvel Zombicide dans tout ça ?

O KickStarter, mon beau KickStarter ! tel le touriste en goguette j’ai plongé dans le délire du KickStarter : 7th Continent, Claustrophobia 1643, Merlin Big Box, Cloudspire… autant de financements participatifs poussés tels de grands bateaux à voiles par le vent de la hype, provocant des éditions, des ré-éditions, des traffics et de la spéculation pure et simple. Alors oui, j’ai aussi vu passer les KickStarter de Zombicide 1.0, puis 2.0, « unDead or Alive » et enfin celui de « Marvel Zombicide ». Je n’ai pas craqué pour tous (vous avez conscience du prix du mètre cubique de stockage dans la région ile de France ?), mais j’ai cassé ma tirelire pour les version 2.0, « unDead or Alive » et j’ai passé mon tour sur le dernier en date. Pourquoi ? Alors que tout ce texte vous raconte mon amour et mon allégeance envers l’univers Marvel ? Et bien, je pourrais invoquer l’impact du kilo plastique sur le réchauffement de la planète, un léger ras-le-bol de l’utilisation de la licence, mon manque de temps pour jouer, la hauteur de ma pile de la honte et tout un tas de trucs divers et variés. Mais en vérité c’est surtout le prix qui m’a retenu : quitte à craquer autant le faire pour la totale, le « Hungry Pledge » (rien à faire du Galactus en plastique). 430$ sa petite mère, auxquels s’ajoutent les frais de ports et de douane. On fleurte à pleine bouche avec les 600$. Et là, j’ai dit « non ».

Pourtant l’offre était belle, de la figurine de super-héros en pagaille à peindre, du gros scénario qui tâche, des heures de dépunchage, et du Zombie (oui je connais l’arc « Marvel Zombies » en BD, merci).

Alors quoi faire ? bah je me suis inscrit aux news du pledge, j’ai même mis 1$ dans la machine pour recevoir toutes les news. Mais telle la vache dans le près qui contemple le TGV Paris-Lyon passer à 350km/h, j’ai regardé les mails passer sans sauter.

Est-ce que je le regrette… pas vraiment, car le jeu est dispo dans toutes les bonnes crèmeries ! enfin, les deux premières boites.

4eme partie : bon ? on en est où ?

Déjà parlons du principe de Zombicide ! sur un scénario donné (de plus en plus dur au fil des scénarii), une poignée de survivants tentent de courir après des objectifs dans une ville remplie de zombies de plus nombreux et de plus en plus méchants. Le plus les héros progressent, le plus les zombies s’invitent en masse, entrainant dans leur sillage des abominations (version stéroïdé de la version zombie de Rambo).

Le concept original, édité chez CMON/ditribué en France par Asmodée, a tout d’abord été lancé en version 1.0, puis amélioré en version 2.0, thématisée en héroïque fantasy (black plague), en version « Alien de l’espace » (Invader) et en version « western spaghetti » (undead or alive) et j’en oublie probablement quelques-unes. On a même eu droit à une version directement thématisée sur le matériau originel : « Night of the living dead » (film de Romero). Figurez-vous que la prochaine itération n’est autre qu’une adaptation de la version « Army of the dead » de Netflix.

Vous l’aurez deviné : on a affaire à un business juteux. Le lancement en kickstarter garantie la hype et l’écoulement des stocks avant la production des boites. Si les planètes s’alignent, les promoteurs se régalent !

Alors mélangez dans un shaker Zombicide et la licence Marvel, sur la base de l’arc « Marvel Zombies » (la BD) et vous obtiendrez un des projets qui a le plus fait trembler la planète kickstarters : 28 974 contributeurs ont engagé 9 032 583 $ pour soutenir ce projet (souvenez-vous que l’on parle d’un jeu de société). Le forum seul de la page du projet compte 106000 commentaires. Rien qu’en figurines plastiques, le projet rapproche considérablement la date de fin d’extraction du pétrole brut.

Bon maintenant parlons du jeu (enfin !). Le concept est toujours le même : les joueurs, en coopération, incarnent un groupe de super-héros zombifiés, et, à l’inverse de l’original, vont croquer du citoyen lambda et du super-héros non-zombifié (en lieu et place des abominations). Une extension permet d’échanger les rôles : des héros résistants (non zombifiés) tentent de repousser les invasions zombies.

Est-ce que cela change fondamentalement des itérations précédentes de Zombicide : non. On se déplace, on tape, on interagit avec l’environnement, on fuit, une nouvelle vague d’antagonistes apparait et on recommence. Quelques figurines incarnent des seconds couteaux de la licence (Tante May, l’agent Coulson…) et participent à l’enrichissement des scénarii.

En vérité, ce qui créé la hype ce sont les figurines. Pour un pledge complet, on se retrouve avec plein de héros, en version saine et en version zombifiée. Et c’est surtout ça qui fait rêver. Combien de (grands) enfants ont joué aux super-héros avec leurs Légo© ou leurs Playmobils© ; impossible de trouver un « contexte » qui permette de départager qui est le plus fort entre Hulk et Thor (comme entre le rhinocéros et l’éléphant). Avec le moteur du jeu, c’est possible. Et c’est sur ce point que la conjonction licence/moteur de jeu permet aux joueurs de réaliser un rêve, enfin incarner des sup !

A noter que « Marvel : Crisis Protocol » pioche exactement dans la même veine. Les zombies en moins.

Alors, nous ne parlons pas d’une révolution du système Zombicide, nous ne parlons pas non plus d’un jeu à licence qui va tout déchirer (quoique) ; nous parlons tout simplement d’un jeu de transmission de génération à génération des héros de nos enfances car il est possible d’y jouer en famille.

5eme partie : et l’IP Marvel alors ?

Bah puisque vous me demandez, je dirais que l’on ne pouvait pas imaginer pire pour nos rêves d’enfant que le rachat par Disney des univers Marvel et Star Wars. Après un premier run avec Thanos pas trop mal torché, le portefeuille a pris la place du cœur et tout fout le camp.


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Mis à disposition par l’éditeur : Oui
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La Team

Nées dans les années 80, les auteurs de Air-Gaming ont pu tour à tour découvrir les joies de d'Amstrad, Amiga, Atari, puis des consoles de salon même une Neogeo CDZ. Certains ont passé leurs années 2000 avec la Lynx, la Dreamcast, ou la Neogeo Pocket. Pire, ils ont eu pour la plupart une GP32... Ils sont ex-rédacteurs d'un site en ligne spécialiste des consoles portables ou consultant dans la vraie vie. Mais cette passion leur fit fonder Air-Gaming. Aujourd'hui, liberté d'expression et discussion ouverte sont ses leitmotivs.

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Avis sur
Marvel Zombies : La résistance des Héros - Zombicide

★Excellent★

Ma petite âme de Marvel fan espère en des jours meilleurs et se console en défonçant du Zombies… Ne me jugez pas, je fais ce que je peux.