Lost in Random, le test sur PS4

« Kidnapper le Perce-Oreilles, et puis l’enfermer. Avec un essaim d’abeilles, et jeter la clé ! »… Si ces quelques mots vous font fredonner l’oreille et vous évoquent de petites voix aigues, alors vous connaissez vos classiques. Ils sont issus de l’Etrange Noël de Monsieur Jack, classique du stop motion des années 90 et figure de proue de l’univers Burtonnien. Pourquoi cette introduction ? Un rapide coup d’œil aux captures d’écran de Lost in Random (ici testé sur PS4), développé par le studio Suédois Zoink et édité par EA Originals, répondra immédiatement à votre question, tant l’héritage artistique est frappant.

L’arrivé de Lost in Random, c’est Halloween en Septembre

L’univers d’Aléa est gouverné par une puissante reine et son dé maléfique. Lorsque ses habitants atteignent l’âge de douze ans, Mamie Fortune leur rend visite et ils doivent lancer ce dé, ce qui décidera à jamais de leur destin. Le chiffre Un les condamnera à vivre dans le pauvre royaume d’Unibourg. Le Deux à Doubleville et ses habitants à double personnalité… Jusqu’au fameux Six, réservé aux « privilégiés » qui rejoindront la reine dans le majestueux domaine de Sixtopie. Paire et Impaire sont deux sœurs. Lorsqu’Impaire atteint l’âge fatidique, elle obtient le chiffre Six, se fait enlever par la reine et se retrouve « perdue dans Aléa » (Lost in Random). Paire part alors à sa recherche, et l’aventure peut commencer.

Le point fort de Lost in Random saute immédiatement aux yeux et aux oreilles dès son lancement. Il réside dans une ambiance gothique que des auteurs tels qu’Edgar Allan Poe ou Tim Burton n’auraient vraisemblablement pas renié. Atmosphère onirique vaguement macabre, ambiance sombre et matinée de teintes rose-orangées ou plus verdâtres, bâtiments et escaliers irréguliers, ou encore créatures étranges et humanoïdes à la fois seront de la partie. Mélangeant violons, trompettes et chœurs, les compositions sonores de Blake Robinson, complètent l’ensemble avec brio.

L’ensemble est supporté par un scénario ensorcelant et une narration sans faille, accompagnée d’une voix-off qui n’hésite pas à faire preuve d’autodérision. L’histoire est d’une qualité telle que nous allons éviter au maximum tout spoil dans cet article, afin de protéger le plaisir de votre découverte. A noter toutefois que les voix du jeu sont uniquement en Anglais, via un doublage de qualité mais qui forcera les non-anglophiles à passer par la case sous-titres (et de manquer quelques jeux de mots bien sentis, malgré des efforts de traduction et d’adaptation très appréciables). De plus, bien que très obscure et marquée, la direction artistique reste tout de même accessible à tous âges.

Les dés sont jetés. Littéralement.

Au niveau des mécaniques de jeu, Lost in Random est un jeu d’aventure-action a priori classique. Néanmoins, il refuse de s’enfermer dans un genre particulier. Le titre alterne ainsi des phases narratives, de dialogue, d’exploration, d’infiltration, de mini-jeux et bien entendu de combat. Ce dernier constitue à coup sûr la plus grosse originalité du titre. Très tôt dans l’aventure, Paire trouvera un premier set de cartes à jouer. Puis Décisse, un nouveau compagnon en forme de dé et aux nombre de points (dans tous les sens du terme) initialement incomplet, la rejoindra.

Bien que dynamiques, les combats sont ainsi découpés en plusieurs phases. Au départ, Paire est uniquement équipée d’une fronde lui permettant de détacher des cristaux de magie fixés sur les ennemis. Lorsqu’elle en a ramassé assez, elle peut demander à Décisse de se lancer, pour générer un score. Entre temps, des cartes du deck ont été tirées et le temps s’est arrêté. Notre héroïne peut alors utiliser certaines des cartes disponibles en fonction de leur coût et du score établie (qui constitue les « points de coût » disponibles). Diverses actions lui seront possibles, telles que l’invocation d’armes (épée, arc ou hache), la création d’un bouclier temporaire, l’utilisation de potions de soin (à la fraise), le déclenchement de différents pouvoirs magiques (dé explosif, ralentissement du temps), etc. Ensuite, le combat reprend dans ces nouvelles conditions, puis la séquence se répète jusqu’au trépas des adversaires.

Ce système de combat ajoute donc une dimension variée et tactique à Lost in Random. Par exemple, il vous incombera de gérer au mieux votre deck pour privilégier les probabilités de tirage de vos cartes préférées, parmi les 70 disponibles au total. Certains combats se déroulent même sur un plateau de jeu, où les scores de Décisse conditionneront l’avancée de vos pions. Ce game system requiert également une certaine dextérité, mais dans le feu de l’action, ça fonctionne plutôt bien. Il faut dire que l’action stoppée lors du choix des cartes ainsi que la possibilité pour Paire de se déplacer avant que le temps ne reprenne normalement son cours aident plutôt bien. Le challenge offert par Lost in Random est rarement insurmontable. Et quand bien même la difficulté des combats vous rebuterait, il est possible de l’abaisser pour profiter essentiellement de l’histoire dans les meilleures conditions.

Embarquement immédiat pour Aléa

L’aventure vous invitera à parcourir six mondes tous très marqués. Pour ne citer qu’eux, le royaume miroir de Doubleville, le champ de bataille de Troyaume ou encore la forge de Quintopolis seront autant de lieux agréables et impressionnants à parcourir. Tant au niveau des ennemis que des différents protagonistes de l’aventure, le bestiaire peine parfois un peu à se renouveler mais s’avère en général très inspiré. En ligne droite, le titre se parcourt en une dizaine d’heures environ. Mais la forte tentation de l’explorer en profondeur et de quêtes secondaires en ajouteront facilement cinq ou six.

Alors bien entendu, Lost in Random n’est pas exempt de quelques défauts. Tout d’abord et en 2021, la raideur de son design « en couloir » peut surprendre. Paire se déplace de façon plutôt rigide, les décors sont remplis de chemins « téléguidés » et autres murs plus ou moins invisibles. Ensuite, la dimension artistique est partout, littéralement. Jusqu’à impacter la lisibilité et l’ergonomie de certains éléments, la carte de suivi et les différents menus en tête. Enfin et c’est probablement le plus gros souci du titre, l’originalité du game system ne lui épargne pas un certain sentiment de répétitivité lors des combats. Néanmoins, Lost in Random n’a pas pour ambition d’apporter au joueur un challenge élitiste ni une finition AAA. Son offre se situe au niveau d’un voyage artistique et varié, d’un dépaysement Burtonien divinement exécuté. Et au regard de la qualité de l’expérience, on lui pardonnera aisément les petits défauts susnommés.

Avis sur Lost in Random

Au milieu du champ de bataille des triples AAA de la rentrée et des titres à vocation Hollywoodienne, Lost in Random est assurément la très belle surprise de cette rentrée. Immersif et attachant dès la première minute, le titre maintient le joueur en haleine jusqu’à son final majestueux et riche en émotion. Un coup de cœur authentique. Si vous êtes à la recherche d’une évasion vidéoludique de qualité, n’attendez plus.

Lost in Random

Génial !

Mis à disposition par l’éditeur : Oui

On trouve sur le marché espagnole (Amazon) une version physique du titre. Sans date pour le moment.

Trailer de Lost in Random

Images de Lost in Random