Depuis le temps, vous devez connaitre mon amour pour les North & South ou plutôt en français les Tuniques Bleues : Nord & Sud. Que ce soit la BD de Dupuis amusante quand on est gosse, ou le jeu vidéo 4 couleurs que j’ai connu fin 1980/début 1990. De fait, ma hype nostalgeek était au maximum quand Microids a annoncé ressortir des cartons ce vieux mythe. Bon, il était déjà ressorti il y a un peu moins de 10 ans, et j’ai souvenir de ne pas avoir apprécié le voyage. Mais j’avais encore espoir… après tout l’espoir fait vivre…

Mais comme on dit, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Et une fois encore, je suis tombé, tombé de très haut. Vous me direz à la lecture du communiqué de presse, j’aurais dû m’en douter. On nous vendait comme nouveau de pouvoir jouer en local à deux joueurs… oui, bon comment dire … c’est juste la base du gameplay de North & South de 1989. Arrêtons de tirer sur l’ambulance et venons-en aux explications.

Rappel historique

Pour rappel, North & South ou plutôt les Tuniques Bleues : Nord & Sud est un jeu de stratégie à deux joueurs (IA ou humain), où me Nord (résumé à deux sous : les gentils gagnants) affrontera le Sud (résumé à deux sous : les méchants esclavagistes). C’est ce que l’on appellera la guerre de Sécession qui selon un historien que j’ai rencontré dans le métro new-yorkais a été influencé par la Révolution française. True Story! Ce titre vous proposera de vous battre sur une petite partie des États-Unis et tenter de gagner la guerre qui aura mis 4 ans à se terminer en réalité. Pour cela, il vous faudra user de stratégie en prenant sous votre contrôle des gares clés qui apporteront l’argent nécessaire afin de recruter des bataillons. Bataillons qui pourront se déplacer sur la carte pour prendre les points de contrôle ou affronter les forces adverses. Facile!

Ajoutez à cela des lieux clés, port qui fournit tous les X mois un bataillon venant d’Angleterre, des forts qui devront être pris d’assaut, des lignes de train qui devront être pillées. Pour ces deux derniers, cela se passera en vue FPS contrairement à la version de 89 qui proposait un jeu d’action/beat-them-up 2D. Pour le reste, on est quasi similaire à la version de 89, au delta des graphismes 3D. Je dis quasi parce que chaque changement mineur a un impact sur la jouabilité, le rythme, etc. Et des changements il y en a!

Du changement dans ce les Tuniques Bleues : Nord & Sud pour le meilleur et pour le pire

Que ce soit déjà sur le champ de bataille, avec sa pseudo vu de 3/4 où vous pouvez diriger 3 types de troupes (canon, cavalerie, fusilleur). Avant les ponts étaient étroits, le fusilleur pouvait bouger et tirer quasi en même temps, la cavalerie une fois lancée ne s’arrêtait pas. Là, on rend le gameplay plus simple et plus compliqué en même temps. Les fusilleurs posent un genou à terre avant de tirer vous forçant à anticiper à mort. Et quand vous êtes chargé par la cavalerie, l’anticipation est impossible, géniale!

Quant à la cavalerie, elle peut désormais s’arrêter net. Même si c’est logique, ça retire un aspect tragique qui vous forçait par exemple à laisser la cavalerie se gérer pendant que vous bougiez vos fusilleurs ou canons. Ceci afin d’éviter qu’il soit la cible de l’ennemi. Et croyez moi, voir une cavalerie qui fonce tout droit dans une rivière ou un canyon, c’est autant triste que de voir des vaches se jeter d’une falaise. Mais ça apportait du stress (nécessaire dans tout bon jeu). Résultat, les rivières et falaises ne servent qu’à mettre un mur invisible sur le champ de bataille puisque vous ne pouvez plus y tomber visiblement dans ce les Tuniques Bleues : Nord & Sud.

L’aspect stratégique au pilori

Sur la carte du monde de les Tuniques Bleues : Nord & Sud, vous pourrez désormais pillé un train en boucle. Alors qu’avant une fois une attaque de train lancé, ça bloquait littéralement les revenus du joueur adverse. Et cela tant qu’il n’avait pas repris son terrain sous contrôle. North & South était bien plus logique puisque vous ne lancez pas un train sur un chemin que vous ne contrôlez pas. Surtout si ce train est chargé d’or. On note aussi que l’indien et le mexicain (qui peuvent vous tuer un bataillon à coup de hache ou de grenade) peuvent désormais attaquer à chaque tour.

Euhhh… vous êtes gentils les devs, mais on doit pouvoir s’y déplacer sur ces cases. Voir y attaquer un fort! Avant ils ne bougeaient qu’au bout de X tours ou si une bataille avait fait rage (en mode « OK, vous foutez le bordel chez nous, on va vous dépouiller »). On note aussi que l’achat de troupe passe de 5 sacs d’or à 3. Ça a pour effet de doubler le temps nécessaire à une partie. Et désormais vous pouvez aussi acheter des amulettes anti-indien/mexicains pour ne pas perdre un bataillon en cas d’attaque ou anti-météo. Kuper!

Un mauvais cru North & South

Et toujours dans les changements de ce cru 2020 de les Tuniques Bleues : Nord & Sud, il y a ce mode FPS… Comment dire, il a dû être développé par les mêmes qui ont fait le remake de XIII. Déjà, il faut savoir que l’ennemi vous touchera automatiquement si vous allez au corps à corps. Donc vous allez jouer du fusil. Bonne idée : les balles sont limitées, mauvaise idée : vous trouvez des chargeurs partout, tout comme des points de vie.

On dénotera des bugs à peu près partout. Que ce soit d’être bloqué littéralement dans un décor, des cadavres qui se déplacent, ou de collision entre l’IA et les objets. Du classique quand on fait du « Quick & Dirty » me direz-vous. Mais qu’est-ce qui explique la gestion de la mire de tire aléatoire. La non-localisation des dégâts (tire dans le pied, le chapeau s’envole, chapeau qui est bien évidemment un gilet par balle, on a compris la blague…). Ou les collègues qui font du moonwalk et tirent sans jamais rien toucher. C’est brouillon, bordélique, ennuyeux, et mal fait. Qui a signé chez Dupuis pour ça?

Pourquoi?

Cependant, restons courtois et honnêtes. J’ai cherché à comprendre pourquoi. Pourquoi ont-ils fait ça? Il m’a fallu plus de 24 heures pour avoir une théorie qui tient la route. C’est un jeu pour les 6-8 ans! Là où son grand frère de 1989 était pour tous les ados, ici on nous propose un jeu amputé de tout l’aspect stratégique pour faire plaisir aux jeunes joueurs.s.

Afin de nous achever, et prouver cette volonté de faire « Quick & Dirty » un mode libre est proposé. Mode qui n’est qu’une vaste blague – en gros vous choisissez le type de bataille et vous pouvez la jouer. Ajoutez à cela un mode dit « campagne » qui n’est que le mode classique de 1989. Mais qui bloque la possibilité de jouer les diverses périodes de cette guerre – qui a duré 4 ans – à la condition de finir l’année précédente d’abord. Dans le jeu de 1989, ce choix d’année donnait un avantage à l’un ou l’autre des joueurs. Sachant que bien souvent les sudistes étaient un peu désavantagés sur le long terme.