Depuis l’âge d’or de Dungeon Keeper, le concept de gestion de donjon n’a cessé d’évoluer, flirtant parfois avec le roguelike, parfois avec la stratégie pure. Legend of Keepers, développé et édité par Goblin Studio, s’inscrit dans cette lignée tout en prenant un virage distinct : ici, pas question de construire un labyrinthe complexe, mais bien de défendre un donjon déjà établi contre des vagues d’aventuriers trop curieux. Ayant eu la chance d’obtenir une clé sur PlayStation 5, je vous propose un retour détaillé sur cette expérience singulière.
Un concept inversé mais efficace
Legend of Keepers repose sur une idée simple mais diablement efficace : et si, au lieu de jouer les héros, vous incarniez le méchant ? Dans ce jeu, vous prenez le rôle d’un gardien de donjon au service d’une entreprise spécialisée dans la « gestion des risques » liés aux pillages. Oui, vous avez bien lu : vous êtes un manager, responsable de la défense des précieuses ressources d’un donjon face à des groupes d’aventuriers bien décidés à s’enrichir à vos dépens.
Le cœur du gameplay se divise en deux phases distinctes : la gestion hebdomadaire de votre donjon et la défense active contre les envahisseurs. Cette dynamique rythme le jeu et offre un équilibre intéressant entre planification stratégique et action tactique.
Gestion de donjon : un calendrier bien rempli
La première phase de Legend of Keepers consiste à gérer les ressources, les mercenaires et les pièges de votre donjon. Chaque semaine de jeu vous confronte à des événements variés : recrutement de nouveaux monstres, entretien de vos troupes, gestion des plaintes de vos mercenaires, ou encore opportunités de gains financiers. Cette gestion se fait sous la forme de choix à effectuer, chacun ayant des conséquences immédiates ou à long terme.
Certains événements vous amèneront à prêter des mercenaires pour des missions externes, à les entraîner ou à les envoyer en pillage. Bien sûr, ces décisions ont un coût : des mercenaires absents lors d’une attaque peuvent rendre la défense plus délicate. Il en va de même pour les pièges, qu’il est parfois nécessaire de vendre ou d’envoyer en mission pour maximiser vos ressources.
Un système de leveling basé sur l’investissement
Le système de progression dans Legend of Keepers repose principalement sur l’utilisation de la monnaie du jeu. Pour faire évoluer vos mercenaires, il vous faudra les envoyer au camp d’entraînement, un service payant dont le coût varie en fonction des qualités intrinsèques de chaque créature et de son niveau actuel. Plus un mercenaire est puissant, plus son « entraînement » sera onéreux.
Ce leveling n’est pas qu’un simple gain de statistiques : il permet d’améliorer des caractéristiques essentielles, mais aussi de débloquer de nouvelles attaques et capacités spéciales. Certaines de ces compétences peuvent totalement changer la dynamique d’un combat, offrant des synergies intéressantes avec d’autres troupes ou des stratégies basées sur les faiblesses des ennemis.
La défense du donjon : une stratégie en trois actes
Lorsque les aventuriers se présentent à la porte de votre donjon, le jeu entre dans sa phase tactique. Vous devez organiser vos défenses à travers une série de salles : des pièces piégées, des groupes de mercenaires en embuscade, et enfin, la salle du boss, où vous affrontez les survivants en personne.
Le placement des troupes est crucial. Chaque groupe de mercenaires est composé de trois créatures, positionnées stratégiquement sur trois rangées : avant, milieu, arrière. Ce positionnement détermine non seulement leur exposition aux attaques ennemies, mais aussi l’efficacité de leurs propres compétences. Certaines attaques ciblent des positions spécifiques, obligeant le joueur à anticiper les mouvements des aventuriers et à ajuster sa formation en conséquence.
Buffs, debuffs et synergies
Un autre aspect clé de la stratégie réside dans la gestion des effets de buffs et de debuffs. Vos troupes peuvent bénéficier d’améliorations temporaires augmentant leurs capacités offensives ou défensives, tandis que les aventuriers peuvent être affaiblis par des malédictions et des sorts de débuff réduisant leur efficacité au combat. Cette gestion fine des statuts est essentielle pour optimiser vos chances de victoire, notamment lors des combats contre des groupes d’aventuriers particulièrement coriaces.
Le rôle du Gardien : dernier rempart, dernier espoir
Si, malgré tous vos efforts, les aventuriers parviennent jusqu’à la salle finale, il vous faudra les affronter vous-même. Votre Gardien est une créature puissante, dotée de compétences spéciales, mais il n’est pas invincible. Contrairement à vos mercenaires, sa « mort » temporaire a des conséquences plus lourdes, notamment en termes de récupération et de gestion de la fatigue.
Ce rôle de boss final est à double tranchant : d’un côté, il procure une sensation de puissance indéniable, de l’autre, il met en lumière la fragilité de votre défense globale si vous en arrivez là trop souvent. La clé du succès réside donc dans la capacité à minimiser l’impact des assauts avant même qu’ils n’atteignent ce stade critique.
Un aspect roguelike bien dosé
Legend of Keepers intègre des éléments de roguelike qui renforcent sa rejouabilité. Chaque partie est différente grâce aux événements aléatoires, aux variations dans les groupes d’aventuriers, et aux choix de gestion. La mort n’est jamais une fin en soi : elle permet d’apprendre de ses erreurs et d’adapter sa stratégie pour les sessions suivantes.
Le système de progression persistant, avec des compétences débloquées au fil des parties, incite à revenir régulièrement. L’aspect « grind » est présent, mais jamais pesant, grâce à un bon équilibre entre défi et récompenses.
Direction artistique et ambiance sonore : un charme certain
Visuellement, Legend of Keepers adopte un style pixel-art soigné, avec des animations fluides et des environnements détaillés. C’est coloré, vivant, et particulièrement bien animé, notamment lors des déclenchements de sorts et d’effets spéciaux qui viennent dynamiser les combats.
Côté sonore, la bande originale accompagne parfaitement l’action, oscillant entre des thèmes épiques lors des combats et des mélodies plus discrètes durant la gestion du donjon. Néanmoins, une légère répétitivité des thèmes musicaux se fait sentir sur de longues sessions. Heureusement, cela ne nuit pas à l’expérience globale, tant l’ambiance est cohérente et immersive.
Un gameplay addictif mais parfois un peu lent à démarrer
Globalement, je ne peux pas dire que je me sois ennuyé avec Legend of Keepers. Le jeu distille ses mécaniques de gameplay progressivement, ce qui permet de bien assimiler ses différentes facettes. Cependant, cette progression est peut-être un peu trop lente à mon goût. Le jeu aurait gagné à proposer des défis plus variés et des unités plus puissantes plus rapidement, car il faut du temps avant d’accéder à des mercenaires vraiment impressionnants ou à des adversaires qui sortent de l’ordinaire.
Chaque donjon peut facilement prendre une à deux heures à compléter. Ce format long rend parfois frustrant le fait de devoir interrompre une session en cours de route. De plus, la montée en puissance des mercenaires et des ennemis est assez étalée, ce qui peut donner une impression de stagnation avant d’atteindre des niveaux de difficulté réellement stimulants.
Cela dit, le jeu reste accessible et agréable. Il n’est pas particulièrement punitif : les événements entre les combats offrent souvent des bonus plutôt que des pénalités sévères. C’est un titre parfait pour des sessions de jeu détente, avec un soupçon de réflexion stratégique sans pression excessive.
Points forts et points faibles
Points forts :
- Concept original inversant les rôles classiques du héros et du méchant.
- Bonne profondeur stratégique avec gestion des buffs/debuffs.
- Rejouabilité renforcée par les éléments roguelike.
- Direction artistique soignée et animations dynamiques.
Points faibles :
- Progression parfois trop lente pour accéder à des défis plus complexes.
- Léger manque de diversité dans les premiers niveaux de jeu.
- Musiques répétitives sur de longues sessions.