Rebooter System Shock n’a pas été une mince affaire. Une idée de base, suivi d’un KickStarter plutôt réussi, s’en suit une longue traversée du désert sur Unity et qui ne rend pas autant hommage au titre qu’il aurait dû. Migration du projet vers Unreal Engine 4 plus enclin aux FPS et 4 ans plus tard, nous sommes enfin devant le titre à la Gamescom et avons pu y jouer quelques dizaines de minutes. Alors qu’est ce que ça donne?
Face à la difficulté
Je crois qu’on ne pas comprendre la difficulté liée à l’envie de rebooter une série comme System Shock. NightDive Studios en a fait les frais, puisque ce projet de System Shock « Remastered » puis « reboot » est en chantier depuis un paquet d’années. Ce n’est pas dû à un manque de compétence ou de talent, c’est juste que System Shock est compliqué. (relancez-le si vous en doutez, je vous donne 10 minutes avant de le lancer par la fenêtre)
System Shock c’est un jeu de l’époque où les devs qui avaient été très limités en termes de performances pendant des années commencent à avoir des machines plus puissantes. Tellement puissante qu’ils peuvent faire de la 3D. Tellement puissante qu’ils peuvent gérer des stats, ils ont de l’espace sur les disques durs. Ils peuvent créer des sous-jeux dans le jeu et tout un tas de choses. En faites, les devs sont sans limites, sans bornes et n’ont pas Q&A pour leur dire « stop… c’est trop ».
Résultat System Shock c’est un FPS en 3D, mais qui se joue comme un jeu de survie en milieu hostile (et là je pense au premier Deus qui représente bien le style aussi). Le titre vous inonde littéralement d’information, d’objets, de capacités et le tout, dans un monde cyberpunk qui possède son lot de matrice et autres implants. Le truc, c’est qu’à l’époque on ne s’ennuyait pas vraiment avec le game design, on faisait comme chacun aimait ! (je pense au labyrinthe de The 7th Guest là, allez savoir pourquoi…)
Et il faut savoir un truc, c’est que si on avait continué à laisser la main aux devs pour nos OS, nos jeux, etc. nous n’aurions pas d’iPhone par exemple. Parce que le Dev il s’en moque un peu que le joueur se sente bien dans ses baskets, lui ce qu’il veut c’est le dépayser. Et avec System Shock c’était un pari réussi (une jouabilité atroce qui était dans les « bas » standards de l’époque, et un superbe jeu qui ne fournit pas une ligne d’aide au joueur).
Et en 2022, System Shock la renaissance!
Alors forcement quand vous héritez de « ça », c’est un peu compliqué. Il faut faire des choix, sachant qu’aucun n’est bon. Faut-il dénaturer l’oeuvre et en faire un film d’action AAA, ou bien faut-il proposer une expérience surbooster avec des quantités de fonctionnalités manquantes? Ou peut être rien de tout cela, c’est d’ailleurs le choix de NightDive Studio en quelque sorte, pourquoi changer drastiquement l’oeuvre? Pourquoi ne pas juste la rendre plus accessible?
Et c’est dans cette optique qu’ils ont travaillé pour nous rendre cette version 2022 jouable durant la Gamescom. On commence donc la partie comme dans l’ancien titre par une cinématique très « Blade Runner« , on arrive chez notre Hacker, et première différence qui permet de savoir si le joueur avait lancé System Shock originel, vous devez jouer la fin de la cinématique en allant vers votre PC lancer un hacking.
Puis arrive la police, vous êtes emmené dans une station (qui sera le lieu du jeu), et vous vous réveillez dans l’infirmerie. Il y a eu cependant une adaptation dans cette introduction.
Des changements dans le bon sens
Le changement qui parait minime à pourtant du sens. Et c’est globalement comme ça pendant toute la session de jeu. Une porte par ici pour ne pas se faire submerger de méchant, une nouvelle zone par là pour obtenir un code nécessaire. Ainsi de suite, il y a une véritable réflexion de fond sur ce qu’essayer de faire System Shock et qu’est ce qui n’est pas acceptable aujourd’hui.
Cette réflexion va apporter beaucoup de choses sur le HUB par exemple. Qui était atroce dans la première version (je repense à Zero Tolerance ici). Avec un overlay qui prenait par défaut les 3/4 de l’écran et tout était cliquable dedans. Heureusement aujourd’hui c’est beaucoup plus smooth sans pour autant totalement retirer toutes les informations prévues dans le jeu d’origine. Cependant, le joueur pourra désactiver certaines fonctionnalités volontairement en débranchant une puce. Un vrai monde Plug&Play!
Dans les autres constats rapides durant cette session, c’est bien évidemment l’aspect graphique, sur le premier niveau, ce n’est surement pas le plus beau du jeu. Quand on arrive dans la matrice ça envoie déjà plus de rêve. Les textures sont volontairement pixelisées, mais c’est un parti pris. Cependant dans le style « pixelisé » je préfère un Phantom Fury sur le même salon. Attention, ça reste tout à fait convenable avec de jolis effets de lumière, une animation des robots intéressante, etc. De toute façon quand on voit « avant » et « après », il n’y a pas photo. Tout a changé du sol au plafond!
Et le dernier constat, mais non des moindres, le jeu est assez lent, c’est encore une fois volontaire. Mais ça ne plaira pas à tout le monde. Les fans de Call of Duty vont vite déchanter, pour les autres qui ont toujours apprécié les Deus/Deus Ex il devrait rester en terrain connu. Je le répète, c’est encore une fois normal, c’est le titre qui veut ça, est-ce cependant un bon choix que de ne pas avoir changé ce dernier point? L’avenir nous le dira.
