"Un air ludique, un souffle épique, un vent geek"

Mon premier Festival International des Jeux à Cannes (Partie 3) passage sur le stand Blackrock Games : une pause fraîcheur et surprises à gogo !

Parmi mes multiples escapades au Festival International des Jeux de Cannes 2025 — mon tout premier FIJ, soit dit en passant — je ne pouvais pas passer à côté du stand de Blackrock Games. Et pourtant, j’y suis allé… à l’arrache. Pas de rendez-vous, pas d’horaire malin, juste une envie : découvrir ce que les éditeurs partenaires de Blackrock avaient à montrer. Il était aux alentours de 13h un samedi — un créneau d’une intelligence tactique discutable, on est d’accord. Mais je m’y suis pointé avec le sourire et un peu de curiosité en stock.

Et franchement ? Aucun regret.

Accueil sans rendez-vous, mais pas sans chaleur

Malgré l’heure, j’ai été super bien accueilli par l’équipe Relations Presse. Direct, on m’a orienté vers les jeux qu’il fallait absolument découvrir. Parce que soyons honnêtes : avec la quantité astronomique de titres chez Blackrock, il fallait aller à l’essentiel – à mon grand regret — j’avais encore plein d’éditeurs à voir dans la même journée.

Opération Zèbre : culture G, phrases barrées et joyeux bazar contrôlé

Premier gros coup de cœur : Opération Zèbre, un party game de culture générale aussi malin que délirant. Le principe ? On vous donne une carte avec un petit texte façon fiche encyclopédique, truffé d’indices pour deviner une réponse (personnage, lieu, événement, etc.). Sauf que… vous devez rayer une partie du texte avant de le lire à votre équipe.

Et c’est là que la vraie partie commence.

En supprimant des lignes entières, vous faites voler en éclats la ponctuation, la logique des phrases… et parfois même le sens. Il faut alors lire le texte modifié à voix haute, comme si de rien n’était, en improvisant une lecture fluide malgré le chaos grammatical que vous avez laissé derrière vous. Les rires arrivent vite, entre formulations absurdes, contresens involontaires et indices cruciaux qui disparaissent au montage.

Mais attention : chaque phrase conservée vous rapporte des points de suspicion, et vous devez absolument rester sous la barre des 20 points à la fin des trois manches. Si vous en donnez trop, c’est l’échec assuré. Il faut donc trouver le bon équilibre entre efficacité et discrétion.

Le jeu propose aussi un mode compétitif, dans lequel l’équipe adverse peut tenter de répondre à votre place. Si elle trouve la bonne réponse avant la vôtre, non seulement elle marque des points, mais vous encaissez un malus de suspicion. Autant dire qu’il faut vraiment peser chaque mot.

Explicable en trois minutes, jouable en quelques manches, et générateur de fous rires immédiats, Opération Zèbre réussit à mêler ambiance, déduction et absurdité avec brio. Une excellente surprise, taillée pour les groupes qui aiment se creuser la tête en rigolant.

Phobos : le retour du Puzzle Adventure

J’ai ensuite retrouvé avec plaisir l’univers de mon Puzzle Adventure, cette fois avec un titre baptisé Phobos. Toujours prévu pour les enfants de 5 à 10 ans, il se distingue par une petite nouveauté bien pensée : la signalisation de la difficulté des chemins proposés. Fini l’exploration à l’aveugle, maintenant les enfants peuvent choisir leur route en fonction de leur niveau. Une bonne idée pour la rejouabilité, et une belle suite à une gamme déjà récompensée (As d’Or, rappelons-le !).

On note aussi la petite nouveauté qui fait plaisir, un lexique directement disponible sur la boîte!

Présages : du tarot revisité… mais avec des effets bien piégeux

Parmi les belles découvertes sur le stand Blackrock, Présages m’a tapé dans l’œil. À première vue, on pense à un tarot revisité : on ne joue qu’avec les atouts, numérotés de 1 à 36. Mais très vite, on comprend que chaque carte a sa propre règle, son propre effet, et que l’objectif n’est pas nécessairement de remporter les plis, mais surtout de se débarrasser de ses cartes intelligemment.

Et c’est là que les choses deviennent vraiment intéressantes.

Certaines cartes vont, par exemple, déclencher un effet s’il y a déjà une carte rouge dans le pli. Dans ce cas, même sans faire le pli, vous pourrez quand même défausser votre carte. D’autres cartes vont agir comme des règles temporaires : si quelqu’un pose une carte qui dit « toutes les rouges seront défaussées ce tour-ci », alors, si votre équipe s’adapte bien, un coéquipier peut placer une rouge pour en profiter. On entre là dans une logique de coordination d’équipe, où chaque pose de carte devient un petit signal qu’il faut lire et suivre rapidement.

Et ce n’est pas tout : certaines cartes, notamment parmi les 31 à 36 (les “grands atouts” ou nommé « Absolu » dans le jeu), permettent des actions très tactiques, comme échanger une carte avec un autre joueur. Une règle posée par un adversaire peut ainsi devenir votre meilleure alliée… ou être détournée contre lui. Cette flexibilité dans l’interprétation des règles, et la possibilité de changer la donne à tout moment, donne au jeu une saveur assez unique.

La condition de victoire est simple sur le papier, mais bien pensée : il faut que votre équipe (en 2 vs 2, 3 vs 3, etc.) remporte deux manches dans la partie. Pour remporter une manche, il ne faudra pas juste vous débarrasser de vos cartes, mais surtout d’être celui qui possède la plus haute parmis les personnes à qui ne restera qu’une unique carte après un pli. Pas besoin de tout écraser d’un coup, mais il faudra construire une vraie régularité — ou provoquer une bonne surprise au bon moment.

Présages n’est donc pas un simple jeu de plis avec une variation de plus. C’est un jeu à effets croisés, règles mouvantes et réactions en chaîne, où l’on doit autant lire le jeu que les intentions de ses partenaires… et parfois, s’en remettre à l’inattendu. Moi, j’ai trouvé ça franchement malin, et surtout rafraîchissant dans un genre qu’on croit souvent déjà bien balisé.

Avant/Après : micro enquête à la loupe

Avant/Après s’inscrit dans la veine de MicroMacro, avec de petites enquêtes visuelles à résoudre. Ça marche bien, c’est rapide (10 minutes la partie), et jouable jusqu’à 6 joueurs. De quoi s’occuper entre deux gros jeux ou pour initier les plus jeunes à l’observation ludique.

Colt Express XXL : plus grand, plus fun ?

Ceux qui connaissent Colt Express risquent d’avoir les yeux qui brillent : une version XXL était exposée. Un train géant, une expérience plus immersive, et clairement un effet « wahou » qui attire les foules. Bon, j’avoue, j’ai pas pu m’empêcher de rêver à une partie surdimensionnée à la maison (faute d’espace, j’y ai renoncé… pour l’instant).

Lacuna : fleurs, stratégie et pétanque mentale

Lacuna, c’est un ovni tout en délicatesse, à la croisée du jeu abstrait, du duel de placement et de la pétanque zen. Un grand tapis, des fleurs colorées disséminées sur l’ensemble du terrain, et deux joueurs qui vont tenter d’en cueillir un maximum. Mais attention, ici on ne les ramasse pas n’importe comment.

Le cœur du jeu repose sur deux phases distinctes.

Dans la première, les joueurs vont, à tour de rôle, placer leurs pions entre deux fleurs de la même couleur, afin de les « revendiquer ». Ce placement doit être judicieusement choisi, car non seulement il conditionne les fleurs que vous récoltez immédiatement, mais il influence aussi votre position finale pour la deuxième phase. Et comme les fleurs sont toutes différentes en couleur et en répartition, il faut vite identifier lesquelles vous allez viser. Car si vous réussissez à collecter la majorité d’une couleur (souvent 4 sur 7), vous gagnez un point de victoire. Et dans un jeu aussi épuré, chaque point compte.

La deuxième phase arrive une fois que tous les pions ont été posés. Là, changement d’ambiance : il faut mesurer la distance entre vos pions et les fleurs restantes, pour déterminer qui les récupère. Une mécanique proche de la pétanque, qui apporte une tension inattendue mais aussi un petit ralentissement : sortir la règle, faire les mesures… ce n’est pas la partie la plus amusante du jeu.

Ce qui rend Lacuna intéressant, c’est ce mélange entre réflexion immédiate (placer au bon endroit au bon moment) et projection sur les fleurs à venir. Un jeu aussi poétique qu’il est rusé, qui demande de l’observation, un bon œil… et un peu de sang-froid pour accepter que votre adversaire vous vole une fleur à quelques millimètres près.

Et les autres alors ?

Parce que le FIJ, c’est aussi des regrets (et des batteries de téléphone à plat), j’ai aussi croisé des titres que je n’ai pas eu le temps d’essayer, mais que je note ici pour mémoire (et peut-être pour plus tard) :

  • Mietze Matze : très conseillé, mais personne pour me le présenter. Je compte bien me rattraper.
  • Chroni Culture Pop : mystère total pour moi, je vais devoir me renseigner. Et pourtant ce n’est pas le premier de la série
  • Fiesta de los Muertos, Danger, Heroes: Love and Lies, Gatsby, Mythic Arena, Back Stories : vus, mais non testés.
  • Heredity : aperçu en zone publique, très prometteur. Campagne narrative en 5 chapitres, exploration, narration coop… tout ce que j’aime. Une nouvelle campagne est même prévue pour 2026 !
  • La Quête du Graal : promesse de 10h d’enquête interactive, mais un peu en décalage avec le thème médiéval selon moi.
  • Living Forest Duel : je n’ai pas joué au jeu d’origine, mais l’idée d’une version deux joueurs me séduit.
  • Blanc-Manger-Coco – Plaisir à Deux : parce qu’il fallait bien une édition coquine.
  • Clichés Criminels : une déclinaison « rigolote » des jeux d’enquêtes à base de clichés.

Conclusion : Blackrock, la ruche à pépites

Même en y allant à l’arrache, sans rendez-vous et à l’heure de la sieste digestive, Blackrock Games a su me proposer des titres frais, rigolos, parfois même inattendus. Entre les nouveautés qui claquent (Opération Zèbre, Phobos, Présages) et les réinterprétations de classiques (Colt Express XXL, Living Forest Duel, Blanc-Mangé-Coco), il y en avait pour tous les goûts.

Je regrette de ne pas avoir pu tout essayer, c’est certain. Mais j’ai la sensation d’avoir mis la main sur quelques belles promesses pour 2025. Et comme je le dis toujours : c’était mon premier FIJ, je ferai mieux l’année prochaine !


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Par Manoloben