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Jeu

Aeon Drive, le test Switch

Geishas holographiques et dansantes, musiques envoutantes à la Blade Runner, héroïne déchaînée au katana… Le dernier titre du studio 2Awesome présente un programme alléchant. Malheureusement, ce shoot d’adrénaline est surtout efficace à court terme, et nous allons vous expliquer pourquoi.

Une entrée en matière explosive

L’héroïne d’Aeon Drive se prénomme Jack, pour Jackelyne. Le jeu est censé être la suite spirituelle du titre Dimension Drive, un shoot them up n’ayant rien à voir tant sur le fond que sur la forme. A la fin de Dimension Drive, Jack se retrouve mystérieusement téléportée dans une autre dimension et arrive dans Néo-Barcelona, une cité en péril. Elle va donc devoir sauver la ville, et il lui sera possible de collecter des éléments de l’histoire (pas vraiment passionnante) en parcourant les niveaux. Oui, côté scénario, c’est un peu n’importe quoi, histoire de créer une filiation virtuelle. Et oui, Néo-Barcelona est dérivée de Barcelone, et les références à cette ville (les Ramblas, Montjuic, le parc Guell…) sont multiples. Un choix un peu surprenant, mais pourquoi pas.

Le principe d’Aeon Drive est plutôt simple mais efficace. Il s’agit d’un runner, et chacun des cent niveaux que contient le jeu doit être parcouru en trente secondes maximum. Côté commandes, Jack peut courir, sauter (seule ou sur les murs) et frapper les adversaires à coups de katana. Mais l’élément principal du gameplay provient d’une dague à lancer sur les murs, permettant alors de se téléporter à courte distance. Elle pourra également être utilisée pour activer des interrupteurs à distance. Aeon Drive nous annonce également la possibilité de « modifier l’espace-temps ». Bon, en réalité, vous pourrez collecter des capsules spécifiques, vous permettant de régulièrement ajouter cinq secondes au chrono.

Originalité du titre, il existe plusieurs chemins pour terminer les niveaux, du plus rapide au plus complet. Sans surprise, plus le chemin est potentiellement rapide, plus il est ardu. La direction artistique est une combinaison agréable d’un graphisme qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures de la Megadrive, et d’une ambiance largement inspirée des œuvres majeures cyberpunk. Sur le papier, Aeon Drive a donc tout pour plaire. Et pour être honnête, lors des premières parties et à condition d’être sensible à l’atmosphère 16-bit, on en prend un peu plein la vue. Néanmoins, le jeu souffre de plusieurs défauts plutôt importants.

Ou un pétard mouillé ?

Tout d’abord, boucler les cent niveaux de la trame principale relève d’un challenge peu élevé. Les huit premiers mondes se parcourent littéralement en ligne droite, et seul les deux derniers présentent une réelle difficulté. Rien à voir avec 10 Seconds Ninja X ou encore Dojoran, tous deux récemment testés ici. Les habitués du Die & Retry vont littéralement rouler sur le jeu en trois ou quatre heures. Alors bien entendu, l’intérêt d’Aeon Drive doit aussi venir du fait de retenter les niveaux encore et encore, pour améliorer son chrono ou collecter un maximum d’items. Mais pour commencer à motiver les performers à qui le titre s’adresse avant tout, on a vu mieux.

Ensuite, le titre se veut également orienté multijoueur, via deux modes. La trame principale peut ainsi être jouée de deux à quatre joueurs. Le tout dans un esprit coopératif (tout le monde doit terminer le niveau) ou compétitif (le premier qui a terminé l’emporte). Malheureusement et au lieu d’un écran splitté, Aeon Drive utilise un système de zoom arrière quand les joueurs prennent de la distance – une fausse bonne idée. Car le gameplay du titre requiert une précision maximale, et vous vous trouverez alors face à deux possibilités. Soit vous avez un très grand écran et de très bons yeux, auquel cas ça ira.

Dans le cas contraire, le jeu deviendra vite agaçant ou injouable. L’autre mode consiste en une course de vitesse dans une série d’arènes préétablie. Dans ce cas, le niveau zoome en arrière et génère donc le problème précédent dès le départ. Mais surtout, les tableaux sont fixes. Les courses ne sont donc amusantes que lors des premières parties, le temps aux joueurs d’identifier le chemin le plus rapide. Dans tous les cas, vous pourrez tirer un trait sur les parties à plusieurs en mode nomade. Quant au multijoueur en ligne annoncé, nous le cherchons encore (sur Steam uniquement ?).

Enfin, n’espérez pas trouver de la variété. En tout et pour tout, nous n’avons pas dénombré plus de trois types d’ennemis différents. Les pièges ne sont pas beaucoup plus nombreux. Le design de certains niveaux est carrément réutilisé à plusieurs reprises. Le jeu propose de choisir entre quatre « personnages » différents, qui ne sont au final que des variétés de couleur mais ne changent rien au gameplay (on aurait pu imaginer des armes différentes, par exemple).

Les musiques au départ entraînantes auront vite fait de devenir transparentes à vos oreilles, la faute à des gimmicks beaucoup trop courts. Les commentaires de Jack et de sa compagne droïde sont également trop peu variés, et vous aurez probablement des envies de meurtre robotique après la cinquantième écoute de la blague « proposition : try not to die ». A quinze euros l’ensemble, l’addition est donc un peu salée. Aeon Drive m’a rappelé de très bonnes heures de jeu sur un titre dont l’univers n’avait rien à voir Doritos Crash Course. Sauf que ce dernier était beaucoup plus fun, et surtout gratuit.

Mis à disposition par l’éditeur : Oui
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Angi

Né dans les Miel Pops, Ulysse 31 et les spirographes, ANgI- est un bon petit geek un poil rétro, mais pas que. Pas que car le présent a concrètement du bon vidéoludique à offrir à défaut de certitudes sur un avenir toujours incertain. Et pas que parce qu'au-delà des jeux vidéo, pas mal d'autres trucs l'intéressent tels que la culture nipponisante ou la technologie en général. Aujourd'hui, il a du mal à trouver sa place dans ce monde sans pitié où chaque comportement doit être codifié. Faux gamer devant l'éternel, ancien nerd doublé d'un otaku ou papa casual...? Ou peut-être un peu tout ça à la fois. Aujourd'hui, en matière de mobilité, la Nintendo Switch a ses préférences. Et soyons honnêtes jusqu'au bout, le smartphone aussi, un peu.

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Pas d'anecdote

Avis sur
Aeon Drive

Passe-Temps

Aeon Drive commence par frapper fort, avec son esthétique néo-futuriste superbe et son dynamisme accrocheur. Malheureusement, sa durée de vie est rapidement plombée par le manque d’ambition et la mauvaise exécution du titre, à plusieurs niveaux.

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►Test
Manoloben

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