Thunderforce. Truxton. Gaiares. Gynoug. Hellfire… Si ces titres sonnent doux à vos oreilles, alors nous sommes issus du même bataillon : les francs-tireurs de la Megadrive. Quelle heureuse surprise, donc, de voir arriver le mythique Advanced Busterhawk Gley Lancer sur Nintendo Switch aujourd’hui. Le titre, initialement développé par le studio Masaya et ainsi réédité par Ratalaika Games, est proche de fêter ses trente bougies et jouit d’une réputation historique flatteuse.
GleyLancer : le Vétéran mais toujours valide
Mais alors, c’est quoi Advanced Busterhawk Gley Lancer ? Plus souvent résumé au titre GleyLancer tout court, il s’agit d’un shoot them up sorti en 1992, soit au plein cœur de l’âge d’or des 16-bit. Dans son déroulement, le jeu est finalement assez classique : scrolling horizontal (avec quelques variantes), niveaux qui s’enchaînent et multiples armes. Celles-ci sont assez bien diversifiées : tir simple, multiple, laser, lance-flamme, rebondissant… Les boss venant ponctuer chaque niveau sont également variés et plutôt réussis.
Dans sa catégorie, GleyLancer se veut classique sur le fond mais plutôt en haut de l’échelle sur la forme. Sur le plan visuel, il jouit d’une identité classique mais forte, avec des univers très marqués lors de ses onze niveaux. Les multiples scrolling parallax auront tôt fait de vous faire verser une petite larme de nostalgie. La variation des univers lunaires, robotiques et organiques fonctionne toujours aussi bien.
A sa sortie, le jeu s’était également distingué par son gameplay. Si les tirs variés ne disposent d’aucun power up, le vaisseau peut par contre être assisté de deux modules. Ces derniers peuvent se déplacer selon un pattern choisi en début de partie : sur et sous le vaisseau, en rotation autour de celui-ci, à la traîne ou encore en suivi inversé par exemple. Attention à bien choisir leur mode de déplacement, car celui-ci ne pourra plus être modifié avant le prochain Continue.
L’autre originalité de GleyLancer provient de son niveau de difficulté : correct mais pas frustrant, là où les autres titres de l’époque avaient plutôt tendance à la jouer Hardcore – héritage R-Type oblige. L’aventure est scénarisée, aspect immersif et agréable mais franchement dispensable pour le genre. Côté sonore, les musiques appartiennent elles-aussi clairement au haut du panier de l’époque. Souvent épiques, parfois angoissantes, elles sont toutes très travaillées et immersives. Mention spéciale aux thèmes des stages deux et cinq, dignes des plus grandes épopées spatiales. Les sons sont plus classiques, mais restent efficaces. Les voix sont d’époque. Elles incluent donc l’aspect crachotant de la Megadrive.
Direction assistée et nouveau turbo-propulseur
Mais alors, que peut bien apporter cette version vis-à-vis du jeu d’origine déjà très réussi ? Sur la forme, rien à part des sous-titres traduits et la disparition des soucis techniques historiques (clignotement de sprites) du support originel. Sur le fond, par contre, c’est une autre histoire. Tout d’abord, Advanced Busterhawk Gley Lancer version 2021 intègre une fonction « Rewind », permettant de revenir en arrière lors d’un mouvement ou d’un tir malheureux. Cette possibilité est désormais courante sur la plupart des portages rétros actuels, où la frustration de la difficulté d’une autre époque est moins bien tolérée. Par contre, le parti pris de ce portage est celui d’un Rewind sans limite de temps. Concrètement, vous pourrez donc revenir en arrière aussi loin que vous le souhaiterez jusqu’à l’écran-titre, et ce autant de fois que vous en aurez envie.
Ensuite, les modules du vaisseau peuvent toujours être orientés de différentes manières, mais il est possible de changer de mode de fonctionnement en plein milieu de partie. Encore plus impactant, les tirs de ces modules peuvent être orientés en direct grâce au stick droit, en direct et à la manière d’un Gradius V par exemple. Ce dernier point change lourdement le gameplay, donnant à Gley Lancer un feeling Twin Stick moderne très agréable. Par contre, couplé à la fonction Rewind précédemment décrite, il rend le jeu beaucoup plus accessible mais aussi plus facile. A vous de voir donc, mais gare à ne pas vous gâcher l’expérience. Le fait que ce portage de GleyLancer soit par défaut réglé sur le mode de difficulté Hard n’est probablement pas un hasard.
J’en reprendrai pour un dollar cosmique
Au niveau des autres apports notables de cette variante 2021, on trouve la désormais classique sauvegarde à tout moment, un mode de difficulté supplémentaire (Mania) déblocable, la sauvegarde du tableau des scores et enfin des boutons d’accélération ou de décélération distincts – contrairement au changement de vitesse via une touche unique sur la version d’origine.
Ce portage de GleyLancer sur la Nintendo Switch vient vraiment se poser là, comme la rétro-sucrerie que l’on n’attendait pas mais dont on se délecte immédiatement. Pour son prix modique de six euros, vous auriez tort de passer à côté, surtout que le tarif de la version physique d’origine s’élève désormais à plusieurs centaines d’euros. On me souffle dans l’oreille que la même démarche est en cours avec Musha Aleste. Si les choses pouvaient s’enchaîner avec Gynoug, Twinkle Tale et Aero Blasters, ce serait parfait.