Toujours dans mon barrage préféré (vous savez, celui où les jeux coulent à flot), j’ai eu l’occasion de jouer à Loco Momo. L’idée de base est franchement mignonne : faire une belle photo des animaux de la forêt. Et moi, j’adore les belles photos d’animaux dans les bois. Le concept avait tout pour me séduire. Mais très vite, entre deux mouvements d’aigle et trois sauts de lapin, la jolie photo s’est floutée.
Le cadre : une forêt partagée
Au centre de la table, on installe un plateau représentant la forêt. C’est là que les animaux – cinq espèces différentes, chacune de plusieurs couleurs – vont se balader. Chacun des 1 à 4 joueurs (le jeu est indiqué à partir de 8 ans, mais j’y reviendrai…) possède un plateau personnel, un genre de pellicule photo sur laquelle il va falloir capturer les animaux.
L’objectif ? Remplir cette pellicule avec les animaux de la forêt en respectant des consignes : des lignes de paires, des lignes avec un seul type d’animal, ou au contraire des lignes totalement variées. Et bien sûr, remplir d’abord la partie la plus à gauche, logique photographique (ou ludique pour mettre une fausse une contrainte) oblige.
Le twist : chaque animal a son propre mouvement
Et c’est là que Loco Mamo commence à perdre son public cible. Pour capturer des animaux, il faut d’abord en sélectionner un sur le plateau forêt, puis le déplacer selon sa propre logique de mouvement. Un peu comme dans un jeu d’échecs où chaque pièce aurait ses propres règles… mais avec des animaux trop mignons.
Exemples ?
- L’aigle vole vers la case opposée.
- Le lapin bondit dans le sens des aiguilles d’une montre.
- Le canard, lui, avance… seulement s’il y a un autre canard dans la case suivante.
Et tout est comme ça. Chaque déplacement est une gymnastique mentale, qui nécessite d’anticiper, de connaître les mouvements par cœur, et de croiser les doigts pour que ce que tu vises soit encore disponible quand ton tour arrive. (ajoutant en plus une grosse dose d’aléatoire)
Une fois l’animal déplacé vers un autre morceau de forêt, vous pourrez capturer (le choix des mots :D) les animaux de la même couleur de tuile pour les positioner dans votre photo.
Le flou artistique
Le scoring final n’est pas plus simple. Il faut optimiser ses lignes selon différents critères, souvent incompatibles entre eux. On se retrouve vite à faire des choix frustrants, à mi-chemin entre une optimisation serrée de type adulte et une frustration typique des jeux familiaux mal calibrés.
Ce n’est ni très fluide, ni très satisfaisant.
Et c’est bien ça le problème : Loco Mamo se veut un jeu pour enfants. Il en a l’apparence, la thématique, même le matériel attrayant. Mais dans les faits, on se retrouve avec un jeu bien trop complexe pour un enfant de 8 ans. Les règles de déplacement sont trop nombreuses, le comptage de points est bien trop lourd, et l’ensemble manque cruellement de fun immédiat.
Un Draftosaurus sous calmants
Très vite, le parallèle s’est imposé à moi : Loco Mamo veut être un Draftosaurus, mais en compliqué. Et c’est là qu’il perd tout. Là où Draftosaurus est immédiat, fluide, avec une vraie rejouabilité et une accessibilité pour les enfants comme les adultes, Loco Mamo t’oblige à réfléchir comme un adulte pour jouer à un jeu qui a l’air d’être pour enfants.
Un Foret Mixte Junior qui aurait oublié que ses contraintes sont faites pour des joueurs aguerris. Et là, clairement, la cible est manquée.