Quand on m’a proposé de tester Château Combo, j’avoue que j’y suis allé un peu curieux, mais avec une pointe de scepticisme. Je me suis dit : « Encore un jeu de combo dans un univers médiéval. Ok, allons voir ce qu’il a dans le ventre. » Et je dois dire que le jeu signé Grégory Grard et Mathieu Roussel, édité par Catch Up Games, a su me surprendre.
Un jeu qui prend place sur une petite table, qui se joue en 25 minutes chrono (ou presque) et qui nous met dans la peau d’un seigneur bâtissant son château ? Intriguant. Et une fois lancé dans la partie, j’ai compris pourquoi il était destiné à des joueurs à partir de 10 ans : ce n’est pas tant pour les règles, très accessibles, mais pour la gymnastique mentale qu’il demande. On n’est pas là juste pour poser des cartes au hasard, mais bien pour optimiser chaque choix et maximiser les points. Clairement, il faut un peu de réflexion.
Le principe : bâtir et optimiser
Dans Château Combo, chaque joueur doit remplir une grille de 3×3 cases, son fameux château, en recrutant des personnages issus de deux catégories bien distinctes : on va dire, pour simplifier, les paysans et les nobles. Chacune de ces cartes personnages apporte ses petits bonus : des effets immédiats (des pièces d’or, des clés) et des effets de score. Ces derniers entrent en jeu en fin de partie et déterminent qui a construit le château le plus prestigieux.
Les effets de score sont variés : ils peuvent être liés aux blasons (dans une ligne, une colonne, ou sur l’ensemble du château), au type de personnage présent dans votre grille, ou encore au remplissage de votre bourse avec des pièces d’or. Et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres. La clé du succès repose donc sur votre capacité à combiner ces effets et à positionner vos cartes de façon optimale.
Le dilemme est constant : faut-il viser des points immédiats ou tout parier sur le score final ? Faut-il prendre une carte pour soi ou pour empêcher un adversaire de l’avoir ? Et c’est précisément ce qui fait tout l’intérêt du jeu.
Un messager malicieux et des clés cruciales
Une des mécaniques centrales du jeu tourne autour du messager, ce pion en bois qui détermine quelles cartes sont disponibles pour les joueurs à chaque tour. C’est malin, parce qu’il introduit une contrainte intéressante : vous ne pouvez recruter que dans la rivière où le messager se trouve. Pas convaincu par ce que vous voyez ? Pas de souci, mais il faudra dépenser une clé pour changer de rivière ou renouveler les cartes disponibles. Et croyez-moi, ces clés deviennent vite une ressource précieuse. Il peut être aussi déplacé par le choix précédents de votre adversaire, ce qui peut fortement jouer sur la stratégie de sabotage à adopter.
Dans ma partie, par exemple, j’ai cramé mes dernières clés assez rapidement pour m’assurer de récupérer un personnage clé pour mes combos. J’ai réussi à m’en sortir parce que c’était la fin de la partie, mais c’est un aspect qu’il ne faut pas négliger. Et puis, jouer avec le messager permet aussi d’embêter ses adversaires : changer sa position au bon moment peut leur imposer des choix moins optimaux, ou même leur forcer la main pour dépenser leurs ressources.
Le roi des petits formats
Ce qui m’a aussi marqué avec Château Combo, c’est son côté compact et rapide. Contrairement à d’autres jeux de combo comme Forêt Mixte (mon grand favori dans cette catégorie, mais qui peut vite s’étaler sur plusieurs heures et envahir des tables gigantesques), ce jeu tient sur une petite table et propose des parties dynamiques. Il est parfait pour un moment de réflexion sans y passer l’après-midi.
Les illustrations, elles aussi, méritent un mot : elles sont colorées, amusantes et très lisibles, avec ce petit côté BD qui donne envie de poser ses cartes. C’est un jeu qui a du caractère visuellement et qui se prête bien à une ambiance conviviale.