Les Bitmap Brothers, ce nom résonne comme une légende dans le cœur des amateurs de jeux sur micro-ordinateurs. Fondé à la fin des années 80, ce studio britannique a marqué l’histoire avec ses titres révolutionnaires mêlant gameplay originaux, direction artistique soignée, et bandes-son mémorables. Si je te dis Speedball 2, The Chaos Engine, ou encore Gods, tu as sûrement en tête ces univers sombres et ces mécaniques de jeu avant-gardistes. Véritables visionnaires, les Bitmap Brothers ont su marquer l’âge d’or de l’Amiga et de l’Atari ST avec des œuvres qui n’ont rien perdu de leur charme, même des décennies plus tard.
Avec la sortie de cette cartouche bleue Evercade estampillée Amiga, leur héritage revient sur le devant de la scène, regroupant six de leurs titres emblématiques dans une seule collection. Une cartouche bleue ? Pour les non-initiés, cela signifie que ces jeux proviennent de l’univers des micros, une particularité chez Evercade qui fait honneur à cette plateforme mythique.
Que contient cette cartouche des Bitmap Brothers ?
Cette collection rassemble 6 jeux qui ont défini le style inimitable du studio. Voici un aperçu des titres présents :
- Cadaver : le jeu d’aventure.
- Cadaver Payoff : l’extension de Cadaver.
- The Chaos Engine 2 : Jeu d’action multijoueur non coopératif désormais dans un univers steampunk unique, des personnages variés, et une ambiance sonore inoubliable.
- Gods : Jeu de plateformes au gameplay intelligent, où chaque niveau est un puzzle à résoudre avec des réflexes et de la réflexion.
- Magic Pockets : Un jeu de plateforme loufoque.
- Z : Un jeu de stratégie avec gestion de base.
Qu’apporte cette nouvelle cartouche ?
L’intérêt de cette cartouche réside dans son rôle de préservation. Les titres des Bitmap Brothers, bien que célébrés, restent des œuvres parfois difficiles à découvrir légalement aujourd’hui. Cette initiative d’Evercade permet de rendre ces bijoux accessibles à un public moderne, tout en respectant leur authenticité. La cartouche inclut également des améliorations spécifiques à la console, comme des options de sauvegarde et des réglages d’affichage pour recréer l’expérience originale ou la moderniser légèrement.
C’est aussi (sur le papier) une formidable porte d’entrée pour ceux qui n’auraient pas connu les jeux micros de l’époque. Chaque titre est accompagné d’un livret détaillé, comme toujours chez Evercade, permettant de plonger dans l’histoire et les mécaniques de chaque jeu.
Cadaver : Plongée dans le donjon de Castle Wulf
Sorti en 1990, Cadaver est souvent considéré comme un chef-d’œuvre du jeu d’aventure en 3D isométrique. Il nous plonge dans les couloirs sombres et truffés de pièges de Castle Wulf, un donjon où tout semble conspirer contre vous. Vous incarnez Karadoc, un nain chasseur de primes à la recherche de gloire et, surtout, d’une récompense bien méritée. Sa mission : éliminer le nécromancien Dianos et débarrasser le château de son influence maléfique.
Mais ne vous attendez pas à une simple descente aux enfers linéaire. Cadaver est un jeu complexe, où chaque pièce du donjon recèle son lot de mystères. Les puzzles s’enchaînent, demandant réflexion et exploration méthodique. La richesse du gameplay repose sur les innombrables actions possibles. Vous pouvez ouvrir des coffres, tirer des leviers, boire des potions, ou encore troquer des objets avec des personnages rencontrés dans les couloirs lugubres. Mais attention : chaque décision compte, et le jeu est particulièrement punitif. Un échange mal négocié peut vous priver définitivement d’un objet essentiel.
Le titre comme tout jeu de micro de l’époque vous téléporte dans les profondeurs du donjon sans aucune explication, à vous de trouver les bons leviers et objets pour avancer. Ce n’est clairement pas évident pour les jeunes joueurs tant le jeu est rigide. Rigide dans sa gestion de l’inventaire et l’utilisation d’objet, rigide dans les combats qui ne sont que la rencontre de deux hitbox. Et puis bon on est sur une console avec 8 boutons pour similer un clavier… mais on sent la volonté de bien faire de l’époque avec des environnements riches en détails.
La richesse de l’inventaire et des mécaniques
Un des points forts de Cadaver est son système d’inventaire. Vous pouvez porter jusqu’à 32 objets, mais le jeu regorge de trésors, de potions, de sorts et d’artefacts, obligeant à faire des choix. Chaque potion a un effet unique, et les sorts que vous découvrez en cours de route ajoutent une profondeur surprenante pour un jeu de cette époque.
Côté ennemis, préparez-vous à affronter des monstres variés, le bestiaire est large. Et pour ne rien arranger, le donjon est truffé de pièges vicieux qui mettront à l’épreuve votre vigilance et votre patience. Heureusement, la version Evercade apporte une fonctionnalité précieuse : la sauvegarde à tout moment. Une bouffée d’air frais pour les nouveaux joueurs comme pour les vétérans qui veulent redécouvrir ce classique sans se heurter à la frustration des sauvegardes limitées de l’époque.
Cadaver: The Payoff — Une suite directe et enrichissante
Un an après le succès de Cadaver, les Bitmap Brothers ont livré Cadaver: The Payoff, une extension qui reprend l’histoire là où elle s’était arrêtée. Après avoir éliminé Dianos, Caradoc revient réclamer sa récompense, mais il se heurte à une surprise de taille : le village où il se rend est étrangement désert, et des forces obscures semblent encore à l’œuvre.
Cette suite propose quatre niveaux supplémentaires, chacun regorgeant de nouveaux puzzles, ennemis, et défis. Les mécaniques de gameplay sont encore enrichies avec des potions inédites et des sorts encore plus puissants. L’atmosphère, déjà oppressante dans le premier volet, monte encore d’un cran, avec des environnements toujours plus immersifs et des énigmes qui repoussent les limites du genre.
Pour les joueurs de l’époque, The Payoff était une conclusion attendue, offrant un défi à la hauteur des attentes. Dans cette version Evercade, le plaisir est intact, grâce à la préservation soignée de tous les éléments qui ont fait la force de cette série.
GODS : Un challenge divin
Sorti en 1991, GODS est une véritable perle des Bitmap Brothers. Ce jeu de plateformes-aventure vous met dans la peau d’un héros anonyme, cherchant à prouver sa valeur aux dieux de l’Olympe pour obtenir l’immortalité. Mais la tâche n’est pas simple : pour cela, il faudra affronter les quatre gardiens disséminés aux quatre coins de la ville, avant de retourner triomphalement au Mont Olympe.
L’aventure est divisée en quatre mondes distincts : la ville, le temple, le labyrinthe, et un monde souterrain mystérieux. Chaque monde est séparé en trois sections, offrant ainsi des niveaux variés et riches en défis. Les joueurs devront résoudre des puzzles, actionner des leviers, et trouver des clés pour avancer tout en déjouant des pièges perfides. Il y a également des trésors à récupérer et des boutiques où l’on peut acheter des objets, ajoutant une dimension stratégique et gestionnaire au jeu.
GODS innove avec ses mécaniques : le jeu propose des checkpoints et des mots de passe pour reprendre votre progression en cas de défaite. Avec ses trois vies de base, le joueur doit faire preuve de prudence, mais il est possible d’en gagner davantage au fil de l’aventure. Cette combinaison d’exploration, d’action et de réflexion a fait de GODS une référence incontournable dans le genre.
Cependant revenir sur GODS aujourd’hui c’est le risque de se prendre un coup de pied aux fesses de la nostalgie. La maniabilité est rigide (c’est un terme que je vais utiliser souvent sur les jeux Bitmap Brothers), et certains ennemis apparaissent en boucle en vous lançant des projectiles dessus. S’assurant ainsi de bouffer votre barre de points de vie assez rapidement. Oubliez l’esquive, votre demi-dieux est un veau qui ne sait que sauter selon un arc prédéterminé.
Magic Pockets : Une aventure déjantée dans la poche du Bitmap Kid
Toujours en 1991, les Bitmap Brothers ont livré un autre jeu de plateformes, Magic Pockets, qui nous plonge dans un univers aussi charmant que loufoque. Vous incarnez le Bitmap Kid, une sorte de mascotte du studio, armé d’un chewing-gum magique et d’une casquette de héros.
L’histoire est simple mais amusante : le Bitmap Kid a accidentellement fait tomber ses jouets préférés dans sa poche magique, et doit maintenant les récupérer. Ces jouets – un vélo, des gants de boxe, un casque et un Space Hopper – sont dispersés dans différents environnements comme des cavernes, une jungle, un lac et une montagne. Chaque zone regorge d’ennemis, d’obstacles, et de secrets à découvrir.
La mécanique principale du jeu repose sur le Pocket Power, une capacité unique du Bitmap Kid. En tenant la touche d’attaque, il plonge sa main dans sa poche magique pour charger une attaque. Plus la charge est longue, plus sa taille et force est grande (une sorte de tempête est éjecté de notre poche et rebondie sur les murs). Ce système est complété par une Spin Attack, qui rend le joueur temporairement invincible.
Magic Pockets est également généreux en power-ups, obtenus en battant des ennemis de manière stylée, comme en leur sautant dessus depuis une grande hauteur. Des bonus sont également débloqués tous les 5000 points, encourageant les joueurs à explorer chaque recoin et à collecter un maximum d’objets. Et pour les curieux, de nombreuses chambres secrètes attendent d’être découvertes, récompensant les explorateurs les plus perspicaces.
C’est pour moi le jeu le plus accessible aujourd’hui dans cette cartouche, la maniabilité n’est pas encore parfaites (on reste sur micro en 1990… on a découvert la manibilité quelques années plus tard). Petit défaut à mon sens notre pouvoir bien qu’il reste affiché à l’écran un certains temps n’a plus de hitbox une fois au sol. C’est bizarre, mais bon ça reste un classique des jeux de plateformes.
The Chaos Engine 2 : Quand les alliances se brisent
Sorti en 1996, The Chaos Engine 2 est un jeu atypique et méconnu, même parmi les fans des Bitmap Brothers. Suite directe du premier opus, il reprend l’univers steampunk sombre et fascinant mais change drastiquement de formule. Cette fois-ci, ce n’est plus une coopération contre un ennemi commun, mais une lutte entre joueurs ou contre l’ordinateur, en mode compétitif.
L’histoire reprend après la défaite du Chaos Engine, la terrifiante machine du Baron Fortesque. Le Baron, cependant, n’a pas dit son dernier mot et réussit à s’échapper dans une autre époque… vous entraînant avec lui. Désormais, seuls vos talents – et votre capacité à surpasser vos anciens alliés – vous permettront de regagner votre liberté. Mais attention : seul un joueur peut triompher.
Le jeu se déroule en écran partagé (split screen) et propose des affrontements entre deux joueurs (ou contre l’ordinateur). Chaque niveau est une nouvelle mission donnée par le Baron, où les objectifs varient : collecter des objets, éliminer votre adversaire, atteindre la sortie en premier, ou simplement accumuler le maximum de points. Les points sont gagnés en accomplissant ces missions, mais attention : chaque blessure ou échec vous en coûte !
Pour enrichir le gameplay, des armes spéciales et des capacités uniques viennent pimenter les affrontements : téléportation, invisibilité, duplication de personnage, pose de pièges, et même un pouvoir de freeze pour immobiliser temporairement vos adversaires. Cela crée un jeu d’action où la stratégie et l’anticipation sont aussi importantes que la précision.
The Chaos Engine 2, bien qu’il reste dans l’ombre de son prédécesseur, se distingue par cette orientation compétitive audacieuse. La version Evercade préserve cette expérience, parfaite pour les fans d’action qui souhaitent découvrir une facette méconnue des Bitmap Brothers.
Z : Une stratégie sans concessions
Toujours en 1996, les Bitmap Brothers ont livré un autre titre culte : Z. Ce jeu de stratégie en temps réel tranche radicalement avec les autres productions du studio par son approche minimaliste mais exigeante. Si Chaos Engine baignait dans un univers steampunk, Z s’aventure dans un futur militaire dystopique où les batailles sont menées par des robots sur des planètes hostiles.
Le principe de Z est simple mais impitoyable : il s’agit de capturer des drapeaux sur le champ de bataille pour prendre le contrôle des territoires. Ces territoires contiennent souvent des bâtiments clés – comme des usines de robots ou de véhicules – qui vous permettent de produire des unités supplémentaires pour renforcer votre armée. À la différence des autres jeux de stratégie de l’époque, Z ne vous oblige pas à gérer des ressources : tout repose sur la capture et le contrôle des zones stratégiques.
Le jeu se distingue aussi par ses unités variées et ses mécaniques accessibles : des robots gunners aux véhicules tanks, chaque type d’unité a un rôle bien précis, et il suffit de les envoyer en masse pour déclencher le chaos. Mais attention : cette simplicité apparente cache une difficulté redoutable. Les ennemis sont impitoyables, et le moindre faux pas peut rapidement vous mener à la défaite.
Avec cinq types de bâtiments principaux (comme la Robot Factory, la Vehicle Factory, ou encore le Radar Station), Z offre une profondeur stratégique impressionnante, surtout pour l’époque. Mais c’est aussi cette profondeur, couplée à une IA particulièrement agressive, qui a valu au jeu sa réputation d’être beaucoup trop difficile pour le commun des mortels. Cependant, pour les amateurs de défis relevés, Z reste une expérience marquante au fer rouge.
Une collection précieuse pour les amateurs de rétro et de découverte
La Bitmap Brothers Collection 2 pour l’Evercade est une véritable pépite pour les amateurs de jeux vidéo rétro. Elle met en avant un développeur qui a su marquer son époque par des jeux toujours très matures et innovants. Si les titres comme The Chaos Engine ou GODS sont connus de nombreux joueurs, cette collection a surtout la particularité de proposer des jeux plus rares, comme The Chaos Engine 2 ou encore Cadaver: The Payoff, qui n’ont pas toujours eu la reconnaissance qu’ils méritaient à l’époque.
Cette rareté en fait un atout majeur : aujourd’hui, obtenir ces jeux originaux en version physique relève souvent de l’exploit, ou du moins d’un investissement conséquent. Par exemple, Z, même sur PlayStation, peut facilement coûter 80 € ou plus sur le marché de l’occasion. Quant à The Chaos Engine 2 (80€ encore), il est presque introuvable. Avec cette cartouche à une vingtaine d’euros, l’Evercade rend ces classiques accessibles à une nouvelle génération de joueurs, tout en offrant aux nostalgiques l’occasion de les redécouvrir dans une version optimisée.
L’émulation proposée par l’Evercade est de très bonne qualité, et le fait de pouvoir jouer avec des sauvegardes modernes ajoute un confort indéniable. On appréciera également la notice incluse, très bien conçue, bien qu’en anglais, qui permet de comprendre les mécaniques de chaque jeu. C’est particulièrement utile pour des titres comme Z ou Cadaver, dont l’absence de tutoriels en jeu pouvait autrefois rendre la prise en main ardue.
En résumé, cette collection est un concentré de diversité. Avec six jeux (enfin 5 et une extension) couvrant des genres variés – action, plateformes, puzzle, stratégie – elle offre un rapport qualité-prix imbattable, surtout si deviez tenter de récupèrer les titres d’origines et garantit des heures de jeu captivantes. Que vous soyez un passionné de rétro ou simplement curieux de découvrir ce qu’étaient les grands jeux sur micro dans les années 90, cette cartouche est un investissement que vous ne regretterez pas. Cependant, il faudra être prêt à faire des concessions sur vos attentes en termes de maniabilité pour apprécier les titres proposés, et ça, il faut le dire ce n’es pas pour tout le monde.