S’il est bien une œuvre qui a marqué à la fois les cultures vidéoludiques et cinématographiques, c’est bien la saga Matrix. Née à la fin des années 90, la série de films des sœurs Wachowski a défrayé la chronique. En bien, en mal et surtout en incompréhension. Si Matrix constitue l’angle d’attaque principal de « L’œuvre des Wachowski, la matrice d’un art social », ce n’est pas la seul.
Un pavé dans la matrice
« L’œuvre des Wachowski, la matrice d’un art social » est l’un des derniers ouvrages édités chez Third Editions. Première originalité, il a été co-écrit par trois auteurs : Julien Pavageau, Aurélien Noyer et Yoan Orszulik. Ce pavé comprend 224 pages, sans illustration. Nous avons pu disposer de l’édition classique. Mais une édition « First Print » avec une autre couverture, deux ex-libris et une jaquette réversible est également disponible.
Ce livre à la couverture aguicheuse et au titre résolument trop long entend ainsi décortiquer l’état d’esprit, les objectifs, les ambitions et les messages véhiculés par les sœurs Wachowski, dans toutes leurs œuvres. Bound, Speed Racer, Cloud Atlas ou encore Sense8 seront également de la partie, par exemple.
Le fond et la forme
Comme les auteurs aiment à le rappeler assez tôt, la vision cinématographique des sœurs Wachowski a toujours été double. D’abord, un art social destiné à avoir un impact sur le public. Ensuite, un art esthétique, pas seulement le quoi mais aussi le comment de la représentation. Plus ou moins dans la même logique, la structure du livre est principalement scindée en deux temps : esthétique et art social.
C’est souvent le cas chez les titres édités par Third Editions : l’écriture est d’excellente qualité. A savoir qu’elle est justement équilibrée, entre exigences du style littéraire et agréabilité. L’ensemble est très uniforme, malgré la présence de plusieurs auteurs.
La richesse des thèmes abordés, ensuite, impressionne. Manifeste anti-politique, métaphore du déterminisme social, influences de la culture cyberpunk, mensonges des médias et de l’écran, expériences design et photographiques, méta-textualité derrière l’apparente simplicité de l’histoire, religion, impact sur l’industrie cinématographique, importance des pulsions, recherche d’identité… Pour ne citer qu’eux, pêle-mêle.
Petits débats entre amis
Au niveau des relatifs défauts du livre, on pourra noter l’absence régulière d’informations factuelles, de sources établies ou encore des chiffres précis. La profondeur de l’analyse laisse peu de doute quant à l’expertise et à la passion des auteurs. Mais la subjectivité et les prises de positions sont régulières. Il s’agit donc là d’un livre analytique et critique, pas bibliographique ni documentaire. Avoir vu les films évoqués avant la lecture est un prérequis indispensable. L’approche est thématique, pratiquement un essai critique et un partage (très développé et très tranché) d’opinion.
Sorti plus tôt que ce film, le livre n’intègre malheureusement pas le dernier opus Matrix : Resurrections. Compréhensible mais plutôt dommage, d’autant que ce quatrième épisode divise déjà les foules et surtout les fans. Mais dans ce contexte, cette lecture fera office d’excellent préambule à une meilleure compréhension de ce quatrième opus.
