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King of Fighters R1

Un ring de poche, mais avec du punch.

Quand SNK décide de se lancer dans l’univers de la console portable en 1998 avec la Neo Geo Pocket, on se doute qu’il ne va pas faire les choses à moitié. La firme japonaise n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine de la baston, et elle compte bien le faire savoir, même sur un écran minuscule de 160×152 pixels en noir et blanc. C’est dans ce contexte que sort King of Fighters R1, premier épisode portable d’une série déjà mythique, pensé comme une démonstration technique autant qu’un plaisir coupable pour fans de la franchise.

Un peu de contexte : SNK, le pixel dans la peau

À la fin des années 90, SNK se débat pour maintenir sa place dans un monde vidéoludique en pleine mutation. La Neo Geo AES a fait les beaux jours des hardcore gamers et des salles d’arcade, mais le grand public s’est tourné vers Sony et sa PlayStation, tandis que Nintendo domine toujours le marché des consoles portables avec sa Game Boy. En lançant la Neo Geo Pocket (NGP), SNK vise à imposer une alternative plus « hardcore gamer » dans la poche : une console portable avec une croix directionnelle rotative hyper précise, deux boutons simples mais efficaces, et une philosophie résolument arcade.

King of Fighters R1 sort donc en 1998 au Japon en même temps que la console, avec un objectif clair : prouver que la baston 2D peut survivre et briller même en monochrome.

L’adaptation d’un monument : King of Fighters ’97

Le jeu est directement basé sur King of Fighters ’97, l’épisode charnière de la série canonique sur Neo Geo. On y retrouve un roster épuré, mais loin d’être anémique : 14 personnages jouables répartis dans des équipes bien connues comme celles de Fatal Fury, Art of Fighting, ou encore les New Faces. Oui, il manque quelques têtes d’affiche, probablement pour des raisons de place (la cartouche n’est pas extensible à l’infini), mais on y retrouve quand même les piliers comme Kyo, Terry, Ryo ou Iori. Les fans reconnaîtront aussi Leona, Mai ou Athena, toutes fidèlement retranscrites, avec leur moveset iconique et même leurs coups spéciaux.

Chaque équipe est constituée de trois personnages, à la manière classique de la série. Mais ici, on enchaîne les duels en one-to-one : une fois un perso KO, le suivant prend le relais, jusqu’à épuisement des forces en présence. Une formule simple, efficace, taillée pour les sessions de jeu courtes, mais intenses.

Une prise en main adaptée à la portable

Sur le papier, difficile d’imaginer faire tenir toutes les subtilités d’un KoF sur seulement deux boutons. Et pourtant, SNK réussit à faire un véritable tour de force. En combinant pressions légères, appuyées, ou doubles, les développeurs ont réussi à intégrer tout un panel de mouvements : coups faibles/forts, sauts, roulades et bien sûr les fameuses furies. Ces dernières nécessitent un peu plus de doigté que sur console de salon, mais elles sont là, et elles claquent toujours autant une fois déclenchées.

L’un des secrets de cette prise en main réussie vient du stick directionnel cliquable de la NGP. Un petit bijou de précision, presque plus agréable que certains pads de salon de l’époque. Les quarts de cercle sortent sans effort, les enchaînements passent crème, et même sur un écran noir et blanc, le jeu garde une lisibilité exemplaire.

Le style chibi, mais pas au rabais

Visuellement, le jeu adopte un style SD (Super Deformed, ou chibi si tu préfères) qui n’est pas juste là pour le fun : il permet d’afficher des personnages plus expressifs, avec des sprites assez gros pour ne pas se perdre sur l’écran minuscule de la NGP. Et franchement, ça fonctionne. Chaque perso a sa gueule, ses mimiques, et on reconnaît immédiatement qui est qui. Les animations, bien que réduites par rapport à la version salon, restent étonnamment fluides et dynamiques pour une console portable monochrome.

Côté décors, c’est plus minimaliste – pas vraiment le choix – mais chaque stage garde une ambiance propre, et l’ensemble reste lisible et cohérent. Même sans couleurs, on se sent dans l’univers King of Fighters.

Et le son alors ?

Pas de miracle ici : la Neo Geo Pocket n’est pas une bête de course sonore. Mais encore une fois, SNK fait le job. Les musiques, bien qu’un peu répétitives, sont suffisamment bien composées pour accompagner les combats sans taper sur les nerfs. Les effets sonores, eux, font le boulot. Pas de voix digitalisées, mais vu la taille de la cartouche et les limites techniques, on pardonne largement. L’essentiel est là : l’impact des coups, les bruitages distincts pour les attaques spéciales, et un rythme audio qui colle au gameplay.

Un jeu pensé pour durer (et pour deux)

King of Fighters R1 se joue bien évidemment en solo, avec un mode arcade classique, mais aussi en versus à deux joueurs via le câble link. À l’époque, trimballer deux consoles et deux cartouches n’était pas donné à tout le monde, mais pour ceux qui avaient la config, l’expérience valait le détour. En versus, la tension monte d’un cran, et la richesse du gameplay prend toute sa dimension. On se surprend à peaufiner ses enchaînements, à tenter des contres, et à miser sur la bonne gestion de son équipe pour remporter le match. Même si les « experts » vous diront que ça laguer un peu, entachant la qualité du jeu. Personnellement, je n’ai rien remarqué.

Conclusion : un indispensable de la NGP

King of Fighters R1, c’est plus qu’une adaptation réussie : c’est une déclaration d’amour au genre du versus fighting, et un manifeste pour la Neo Geo Pocket. Il montre que même avec peu de boutons, peu de pixels et pas de voix digitalisées, on peut faire un jeu profond, fun et technique. Il n’est pas parfait — on aurait aimé un roster plus complet ou une version couleur native — mais il pose les bases. D’ailleurs, SNK ne s’arrêtera pas là, et un an plus tard, King of Fighters R2 viendra enfoncer le clou avec plus de contenu et une compatibilité Neo Geo Pocket Color.


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Mis à disposition par l’éditeur : Non
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Manoloben

Enfant des années 80, joueur jusqu'au bout des doigts. Si vous retrouvez du Julien Clerc dans ce texte? Bravo! Amateur de RPG (tout type) et clairement fan de Sega. Manoloben reste un touche à tout. GP32, NeoGeo Pocket, N-Gage et aujourdhui Evercade sont passées dans ses mains.

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Avis sur
King of Fighter R1

★Culte★

Mais en attendant, pour un premier round sur la portable de SNK, King of Fighters R1 cogne fort. Très fort.