Lecture: Les mémoires du jeu vidéo japonais racontées par 50 développeurs

Lecture: Les mémoires du jeu vidéo japonais racontées par 50 développeurs

Les mémoires du jeu vidéo japonais racontés par 50 développeurs est un livre qui sort de l’ordinaire. Cette fois, il ne s’agit pas d’une « histoire » du jeu vidéo, mais bien de donner la parole à ceux qui ont fait cette histoire dans le japon des années 1980/90.

John Szczepaniak est journaliste de bon nombre de médias anglo-saxons. Du fait de ses nombreuses rencontres professionnelles, il s’est lancé dans un projet un peu fou. Rencontrer et donner la parole aux acteurs du jeu vidéo japonais. Un projet Kick-Starter a été lancé en 2013, qui a permis la publication de trois volumes extrêmement conséquents d’interview sur prés de 1300 pages: The untold history of japanese game developers.

Par Kuk
Offert par l’éditeur : Oui

"Les mémoires du jeu vidéo japonais" est un assez bon compromis entre le travail de collectage de témoignages et l’ouvrage grand public.

Point très important, Third Editions ne vous propose pas la traduction française de cette somme ! En fait, Alex Wiltshire s’est chargé de sélectionner, compiler et ordonner les meilleurs témoignages de l’anthologie originale (en y rajoutant deux autres sources d’interviews).

Il faut tout de suite souligner que le travail de Szcepaniak est la retranscription fidèle des discussions qu’il a pu tenir. Ceux-ci ont deux défauts. Les interviews intègrent des éléments d’échanges qui n’ont pas grand intérêts, et la succession de questions-réponses notamment pour éclaircie des points est particulièrement laborieuse à lire.

La version française de Les mémoires du jeu vidéo japonais racontés par 50 développeurs est donc une compilation organisée en douze chapitres. Chacun de ses articles représente une société de jeux vidéo japonaise  : ASCII, Nihon Falcom, T&E Soft, Enix, Square, dB-Soft, Hudson Soft, Konami, Westone, Sega, Capcom, Human Entertainment. Plusieurs interviews de développeurs sont alors compilés dans ces paragraphes qui sont agencés un peu dans une suite logique. Certains sont cités plusieurs fois aussi bien au sein des chapitres que dans d’autres puisqu’ils ont pu travailler pour plusieurs sociétés même si ce n’est pas vraiment la norme. Très honnêtement, la version française est extrêmement agréable à lire. Elle permet aussi de confronter plusieurs réalités parfois contradictoires. La compilation permet une concentration d’information particulièrement riche.

Évidemment, ce choix n’est pas sans poser problème. D’abord parce que le choix du compilateur n’est pas nécessairement le vôtre. Passé de 1300 pages à 172, vous vous doutez bien qu’un bon nombre d’informations sont passées à la trappe. Par exemple je trouvais intéressants les détails sur les conversions de jeu NeoGeo par DbSoft pour la PC Engine CD mais elles n’ont pas été jugées pertinentes et sont passée outre pour la version française.

De plus, la compilation introduit nécessairement des interprétations ou des associations qui ne sont pas dans le travail original. Ainsi l’illustrateur des jaquettes de Final Fantasy, Yoneda Hitoshi, donne plusieurs de ses sources d’inspirations comme « Heavy Metal ». La traduction française mentionne p.33 le « film » alors qu’il n’en est pas question et que l’auteur parlait probablement du magazine de Bande Dessinée US…

Il n’y a pas de classement au sein des livres de John Szczepaniak donc quand vous vous intéressez à un jeu/marque/consoles il faut jongler entre les différents interviews des 3 volumes (et seul le volume 1 des Untold propose un index)… Le problème c’est qu’on aimerait pouvoir comparer, mais les références de l’interview original ne sont pas précisées. Ainsi il m’a été impossible de retrouver l’interview de Harumi Fujita (compositrice chez Capcom et SNK) dans les ouvrages anglais . On regrette également que « Les mémoires du jeu vidéo japonais racontés par 50 développeurs » ne propose pas non plus d’index. Si vous cherchez des détails pour un jeu, un développeur ou une compagnie, il vous faudra lire l’intégralité de l’ouvrage. En ce qui concerne les développeurs heureusement leurs noms apparaissent au début de chaque chapitre, avec leurs initiales dans la marge.

Autre point, la mise en page est encore à l’avenant. Les photos ont été retirées, et plutôt que de placer quelques jaquettes de jeux à la fin, il aurait été plus sympathique de faire un trombinoscope des développeurs. Pour dissocier certaines parties, la taille de la police a été augmentée, par exemple la sous-section Dragon Quest dans le chapitre d’Enix ou celui de Quintet dans Nihon Falcom). Ce choix rend la lecture désagréable, alors qu’ un simple saut de page aurait été plus judicieux. Idem, le choix d’une couleur gris claire brillant gêne la lisibilité de certains paragraphes .

Malgré quelques défauts, Les mémoires du jeu vidéo japonais racontés par 50 développeurs est donc un ouvrage essentiel à posséder d’urgence pour tous les amateurs du genre. Cette version française des interviews des développeurs japonais issus des interviews réalisées par John Szcepaniak est beaucoup plus facile à lire (si on excepte sa mise en page). Même si « traduire c’est trahir », vous trouverez dans cette compilation une mine de renseignements et d’anecdotes. Ici nulle interprétation, anecdotes non sourcées, ou du remplissage verbeux (oui j’ai des exemples précis en tête), même si tout ne doit pas être pris comme parole d’évangile. La mémoire des intervenants pouvant évidemment leur jouer des tours, et les ressentis sont variés (et contradictoires). Si vous êtes vraiment un acharné, nul doute que la version originale vous sera plus profitable, mais elle est en anglais et pas spécialement facile a lire du fait de la retranscription. De fait, "Les mémoires du jeu vidéo japonais" est un assez bon compromis entre le travail de collectage de témoignages et l’ouvrage grand public.

Excellent ! 8/10

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