De temps en temps, on juge un jeu sur son logo, sa jaquette ou même son titre. À peine est-il dans la console qu’on soupire de désespoir à la simple idée de passer les prochaines heures dessus. C’est ce qui m’est arrivé avec Cobra Kai : The Karate Kid Saga Continues. Déjà, le titre était ronflant. Et GameMill (G.I. Joe, Nerf Legend …) n’est pas non plus connu pour faire de bons jeux. Bref, le titre n’était clairement pas engageant.
Quand tu te fais des idées sur Cobra Kai
Pas de chance pour lui, les premières minutes démontrent un scénario inexistant : il ne fera pas vraiment office de Masterclass au fil du temps, mais s’inscrira dans la continuité de la série. Ensuite, on arrive dans le jeu. Tout ça semble un peu mou, ni plus ni moins qu’un Beat Them Up 3D conventionnel. Coups de pied ou de poing, coups sautés, prises au corps. OK… C’est du terrain connu. Ça va être comme ça pendant 30 bonnes minutes et puis…
Puis, une fois le tutoriel intégré, le jeu commence à révéler son Ki. Et croyez-moi, le bougre en avait à revendre ! Le titre va compiler plusieurs séries vidéoludiques très bien connues de la plupart des joueurs. Coups spéciaux de Street Fighter II en pagaille, frappes inspirées de Streets of Rage… les développeurs ont même repris en partie la très bonne idée de Streets of Rage 4, qui consiste à faire rebondir les ennemis sur les murs « invisibles » de l’écran quand ils sont touchés. Il va même se payer le luxe d’exagérer la puissance des coups, afin de faire rebondir les adversaires d’un bout à l’autre de l’écran.
Mais, c’est que ça fonctionne leur truc !
On obtient au final un jeu bien bourrin qui, sous ses faux airs de Beat Them Up petit budget, assume de ne pas être parfait mais malgré tout jouissif ! Le titre est notamment jubilatoire dans l’enchainement des coups spéciaux, au nombre de 8 par personnage (4 communs par Dojo, 4 particuliers au personnages).
La richesse du contenu ne s’arrête pas là. Le jeu permet de jouer deux plans scénaristiques parmi les Miyagi-Do ou les Cobra Kai, et propose par ailleurs 4 personnages par école. Mais mieux encore, ces quatre personnages sont interchangeables en solo à tout moment. Vous pouvez laisser Johnny se reposer et tataner avec Eli. Le jeu est également jouable à deux joueurs.
Cobra Kai est aussi réjouissant lors de ses rixes pouvant faire intervenir une dizaine de personnages à l’écran. Ce qui a le défaut de ses qualités, car Cobra Kai n’est pas du tout équilibré (on devine des play tests minimalistes). Tout ça rajoute beaucoup de punch à l’action. Mais à contrario, ces moments peuvent être frustrants et difficiles, tant les ennemis peuvent involontairement vous enchaîner au sol ou en l’air. Vous perdrez alors les 3/4 de votre vie, sans possibilité de défense. Mais nous lui pardonnerons cela, tant son parcours procure des sensations que l’on recherche depuis les années 90, époque bénie des Beat Them Up. En plus, il vous propose même une défense, une roulade et une contre-attaque. Avec l’idée maligne numéro 100 : un code couleur entourant l’ennemi quand il est dangereux (qui m’a fait penser à Virtua Cop).
Y, Y, Y, Y, R+X, R+Y merde, je voulais faire R+Z
On se retrouve très rapidement à enchaîner les coups spéciaux de zone, les contre-attaques, les combos… Et là, on remarque encore une grande force du titre. Son compteur de combo qui s’incrémente, mais surtout qui vous donne une note (pas linéaire en plus !). D, C, B, A, S/NM (no Mercy). En cas de combo terminé sans prendre de coup, cette notation vous permettra de regagner de la vie. En cas de combo B, vous pourrez faire revivre un coéquipier. Et en cas de S ou NM, vous disposerez de poings de feu ou glace, améliorant grandement votre force de frappe. Mine de rien, on prend rapidement le pli. On enchaîne alors des coups variés pour faire augmenter notre note et mieux finir le niveau.
Niveau qui sera d’ailleurs lui aussi noté, pour vous attribuer des « points karaté » : l’XP du titre que l’on va dépenser en mode RPG dans le Dojo. Vous apprendrez de nouveaux coups, en modifierez leur enchainement ou encore améliorerez vos caractéristiques. Nous avons un véritable arbre de compétence par personnage, et aussi pour les membres du Dojo (car souvenez-vous, certains coups sont spécifiques au Dojo). De même, on s’amuse à ajouter un effet dévastateur pour terminer un coup, et on apprécie de l’utiliser de nouveau dans le prochain niveau. Tout ceci permet de varier les plaisirs !
D’ailleurs en parlant de varier les plaisirs, sachez que le titre va vous balader dans tout Hill Valley, Plage, Port, Festival, LaRusso Auto, Lycée, Mall… Tout y passe! En plus, les décors sont quelques fois utilisables et donc destructibles, amenant encore une fois cette sensation de bien être (suis-je un psychopathe?) quand on termine un gars dans la vitrine d’un magasin ou qu’on le jette à l’eau. Il vous faudra environ 9 heures pour faire les deux scénarios, même si malheureusement le second reprend grosso modo la trame du premier avec une fin bonus. Prolongement de durée de vie facile…
Attention cependant au Cobra Kai
Mais Cobra Kai : The Karate Kid Saga Continues n’est pas parfait, loin de là. Il y a déjà ce problème d’équilibrage inexistant. Certains personnages sont complètement pétés, d’autres un peu faiblards. Les ennemis vont du tout au tout : de l’inutile au quasi increvable qui se régénère en permanence. Les Hit Box ne sont pas toujours parfaites. Les frames d’attaques ennemies peuvent durer plusieurs secondes ou au contraire quelques centièmes de secondes (rendant l’anticipation très difficile). Un des niveaux (le parc public avec les arbres) rame sur Switch comme ce n’est plus permis en 2022. Et le pompon, le titre peut littéralement vous planter entre les doigts, vous faisant perdre une partie de votre progression.
Ce sont tous ces problèmes qui, mis bout à bout, différencient Cobra Kai d’un très grand jeu comme Streets Of Rage 4. Ce dernier a pris le temps de se bonifier. Cobra Kai sur Switch prend le pli d’offrir une expérience mi Beat Them Up/mi RPG riche en propositions de gameplay (recherche d’objets dans les niveaux, notation, salle cachée, etc.). L’air de rien, cette richesse nous touche profondément et rend le jeu absolument indispensable – mais à une condition tout de même, celle de ne pas le payer plein tarif. Les 39.99€ demandés sont absolument abusés pour un titre qui n’a pas vraiment été terminé. De fait, l’édition physique sur Just For Games ou Eneba à 20€ semble plus pertinente.