Avec Assassin’s Creed Pirates, Ubisoft ne se moque pas de nous. L’éditeur nous propose un épisode à part dans la série, un jeu entièrement imaginé pour nos tablettes et smartphones (iPhone et iPad pour l’heure, uniquement). Une vraie production « AAA » comme aiment le dire les professionnels, avec un budget conséquent et une équipe non moins importante : pour réaliser ce titre, Ubisoft a mobilisé quarante personnes pendant un peu moins d’un an dans son studio parisien. Alors, prêts à croiser explorer les Caraïbes et à se faire un nom ?
Assassin’s Creed Pirates nous plonge au cœur d’une intrigue vieille de plusieurs siècles. Lorsque le pirate français La Buse a été capturé et pendu, il a quitté ce monde sans révéler ou est caché son immense butin. Il n’a laissé derrière lui qu’un seul indice : un cryptogramme, un message codé faisant appel à un ancien alphabet… templier. Mais pour autant, personne n’a réussi à le déchiffrer à ce jour. En 2013, Abstergo Entertainment a découvert l’ADN d’un descendant d’un pirate qui, de son vivant, a rencontré La Buse aux Caraïbes. Il est même devenu une sorte de disciple. La société lance alors une simulation virtuelle dans laquelle vous allez pouvoir revivre l’expérience extraordinaire d’Alonzo Batilla à partir de 1716… et tenter de percer à jour, enfin, l’ultime secret. Ce voyage au long cours vous fera côtoyer des pirates célèbres tels que Barbe Noire ou Benjamin Hornigold. Mais aussi la Royal Navy et l’armada espagnole. Et ça, ce sera une autre paire de manche !
Concrètement, Assassin’s Creed Pirates est un jeu d’exploration et de bataille navale qui s’inspire d’Assassin’s Creed IV: Black Flag. On rencontrera d’ailleurs quelques personnages de l’opus paru sur consoles de salon. Mais vous pouvez donc oublier toutes les phases de combats et d’évolution dans de grands espaces. Ici, vous n’aurez que l’air marin et quelques boulets de canon pour compagnons de fortune. Plusieurs vues sont proposées. Une vue tactique, avec caméra aérienne tout d’abord. D’un simple tracé du doigt sur l’écran, on peut déterminer le chemin que devra emprunter le bateau. Puis, d’un simple clic, on peut passer en vue immersive, c’est-à-dire subjective, directement devant le gouvernail. Les commandes sont simples : barrer, accélérer, ralentir. Lorsque l’on rencontre un navire ennemi, on passe en mode combat, avec une vues cette fois latérale pour tirer avec les canons. Les différents types d’armes disponibles (canons standard, sur pivot, mortiers, etc.) impliquent un gameplay différent. Que peut-on encore faire dans Assassin’s Creed Pirates ? Recruter des membres d’équipage à la taverne par exemple. Cela permet d’obtenir des bonus de caractéristiques, en fonction de leurs compétences. Ça, c’est pour le mini-côté RPG du titre.
Et ainsi vogue l’aventure. On passe de mission en mission, tantôt primaire, tantôt secondaire. Cela va de l’affrontement direct aux séquences « d’infiltration » en passant par les objectifs chronométrés. Dit ainsi, cela semble varié, mais ce n’est pas vraiment le cas. Fort heureusement, le concept même du jeu, original, parvient à gommer ce défaut le temps de quelques heures. Et puis les séquences de combat sont très réussies car extrêmement dynamiques, en semi-temps réel (il faut attendre le rechargement des armes et que l’ennemi ait passé son tour). Un point un peu ridicule que nous nous devions relever : lors des phases d’esquives, il est possible de donner des coups d’accélération ou, au contraire, de « marche arrière » tout bonnement ridicules, on se croirait dans un cartoon. Passons.
D’un point de vue strictement technique, Assassin’s Creed Pirates flatte la rétine… lorsque l’on reste concentré sur l’océan. Le rendu de l’eau est superbe, on en boirait. Mais dès que l’on s’attarde sur les décors de terre ferme, tout semble un peu plus basique. Est-ce voulu pour faire tourner le jeu sur des configurations « anciennes » ? Le jeu n’est compatible qu’avec les appareils suivants : iPhone 4S (et plus), iPad 2 (et plus) et iPod Touch 5. Une mention spéciale pour l’ambiance sonore, exceptionnelle, qu’il s’agisse des musiques ou des sons, lorsque, par exemple, votre équipage se met à chanter pour donner du cœur à l’ouvrage. Vraiment très réussi ! Quant aux contrôles, ils n’appellent aucun commentaire particulier, c’est plutôt bien pensé et les commandes répondent comme il se doit. Le scénario, quant à lui, progresse lentement, grâce à ce qui ressemble à quelques planches de bande-dessinée. Au total, le titre propose 50 missions (et un territoire de 20 km2 à explorer), la plupart secondaires. C’est un peu court et l’on sent déjà venir les compléments par mises-à-jour ou achats. Ne faisons pas trop la fine bouche : Ubisoft aurait déjà pu intégrer des micro-transactions, le système de jeu aurait pu s’y prêter. Mais dans leur grande sagesse, les développeurs ont préféré proposer un vrai jeu, payant, et non un attrape-nigaud avec des coffres au trésor à 99,99 euros l’unité. Qu’ils en soient remerciés.
On aurait aussi aimé une gestion de l’équipage un peu plus poussée. Mais le plaisir d’écumer les mers à la recherche du moindre gramme d’or procure des sensations grisantes. Les scènes de combat sont une réussite et le titre devrait séduire aussi bien les fans de la série que ceux qui y sont allergiques : c’est une vraie nouveauté fort bien inspirée, qui laisse transparaitre de nombreuses perspectives. Et pourquoi pas un mode, voire un jeu orienté multi-joueurs reprenant ce concept ?
