Les vacances, c’est aussi le temps de se plonger dans son backlog. Parfois, on tombe sur un titre qui fait écho à l’histoire du jeu vidéo sans pour autant être la notre. Le temps de quelques jours, je plongeais dans l’obscur Time Commando qui fit les beaux jours de la presse française. Allons nous assister au plus beau révisionnisme de l’histoire du jeu vidéo ?
Time time
Time Commando est un jeu français qui mérite d’être situé dans le contexte de son époque. Adeline Software, les développeurs derrière ce titre, avaient déjà démontré leur savoir-faire avec l’excellent Little Big Adventure en 1995. Dans la foulée, et s’essayant à un genre radicalement différent, ils ont lancé Time Commando, un jeu d’action basé sur les voyages dans le temps. Dans ce jeu, un virus informatique infecte le super calculateur d’une base militaire top secrète, provoquant une déformation de l’espace-temps. Le héros, Stanley Opar, doit pénétrer dans un vortex et traverser neuf mondes différents pour stopper le virus, voyageant de la préhistoire à la conquête de l’espace.
Cependant, bien que le concept initial puisse sembler prometteur, le jeu manque cruellement de profondeur narrative. En effet, malgré les indications fournies dans la notice, le jeu n’explique jamais réellement la mise en place du scénario ni les raisons qui poussent le joueur à avancer dans les différentes zones. Là où Adeline Software avait réussi à créer un univers riche et engageant dans leurs précédents jeux, cet aspect est totalement absent dans Time Commando. Le titre ne fournit ni genèse claire ni avancée tangible au-delà de sa notice et d’une introduction succincte. Ainsi, le joueur éprouve des difficultés à s’immerger dans cette aventure et à s’identifier au personnage principal.
Retour vers le futur
Time Commando axe sa mission sur le voyage dans le temps, parachutant notre héros dans diverses époques avec des armes spécifiques à chacune. Par exemple, à l’époque gallo-romaine, Stanley peut récupérer une lance ou un glaive, tandis qu’à l’époque préhistorique, il doit se contenter de ses poings, de cailloux ou d’un gourdin. Time Commando est avant tout un beat them up, agrémenté de quelques phases de plateforme et de recherche. Le joueur peut bloquer les attaques, attaquer de face ou sur les côtés, chaque arme ayant un impact variable en force et en vitesse et il faudra utiliser la bonne arme face au bon ennemi.
Le jeu se distingue par la lutte contre le temps : le joueur doit récupérer des rectangles jaunes pour regagner de l’énergie et des processeurs bleus pour ralentir le temps. Une jauge de temps en haut de l’écran se remplit progressivement, obligeant le joueur à avancer rapidement et à utiliser ces éléments pour éviter de perdre une de ses trois vies.
Cependant, il souffre d’un gameplay répétitif lié au genre. Malgré un nouveau système d’esquive novateur, le personnage reste étonnamment lent. Les phases de plateforme, avec des sauts lents et maladroits, ajoutent à la frustration. En résumé, bien que le jeu ait tenté d’introduire des éléments innovants, il se réduit principalement à un beat them up monotone avec des tentatives infructueuses d’intégration de plateformes et de recherche.
Adeline, pour qu’elle revienne
Time Commando, malgré son potentiel, échoue sur le plan artistique. Comparé à des jeux contemporains comme Resident Evil, Tomb Raider ou Tekken, l’animation de son personnage principal semble ridicule. Les adversaires sont également de piètre qualité, ce qui nuit à l’immersion. Les décors en 3D précalculée, bien que rappelant les jeux en FMV, ne parviennent pas à compenser ces défauts. In fine, le jeu est graphiquement décevant une fois en mouvement.
Le jeu souffre aussi d’une bande-son quasi inexistante, excepté un son ressemblant à un licker dans Resident Evil 2. Ceci empêche de se sentir transporté à travers les différentes époques. Les clichés visuels, comme les ninjas et sumos pour le Japon ou les moines pour le Moyen Âge, ajoutent à cette impression de travail bâclé. En fin de compte, Time Commando se révèle plus tape-à-l’œil que véritablement beau. Son univers 3D innovant pour l’époque étant largement surpassé par ses concurrents.
L’effet papillon
Time Commando souffre d’un gameplay bancal aggravé par une difficulté atroce. Le jeu propose trois niveaux de difficulté et chaque « espace-temps » comporte deux niveaux avec un boss final. Cependant, même si cela peut sembler simple sur le papier, la lenteur extrême du personnage rend l’esquive des ennemis presque impossible. Ce problème est accentué par la nécessité de donner un nombre incalculable de coups pour vaincre les adversaires, le transformant ainsi en un exercice de « die & retry ».
Le mix entre beat them up, plateforme, recherche et lutte contre le temps semblait prometteur. Néanmoins, la jouabilité pose de sérieux problèmes. Après moins de cinq heures de jeu, l’ennui s’installe et le joueur se sent floué in fine.