Sanda est la nouvelle série signée Paru Itagaki. Elle a notamment signé l’excellent Beastars. Une œuvre originale, qui, malgré une direction artistique très personnelle, avait su captiver son public grâce à un scénario fort et une créativité sans faille. Avec Sanda, l’autrice revient avec une proposition encore plus audacieuse.
Un monde en perdition
Dès les premières pages, on plonge dans un univers dystopique sombre. L’histoire se déroule dans un futur où la population japonaise est en chute libre : seulement 5 millions d’habitants, dont à peine 50 000 enfants de moins de 15 ans. Les magasins ferment les uns après les autres, la pauvreté règne, et les saisons ont disparu. La jeunesse est ultra-protégée, au point que tout est mis en œuvre pour empêcher le développement des caractères sexuels secondaires — ce qui, disons-le franchement, donne une ambiance assez glauque. C’est l’équilibre même de la planète qui semble s’effondrer peu à peu. Et au milieu de cette décadence, Noël a disparu. Relégué au rang de mythe, il n’est plus qu’un souvenir pour une poignée de personnes
Un espoir renait
Comme souvent dans les légendes de Noël, le lien entre la foi des enfants et les pouvoirs du Père Noël est central. Shiori, une jeune fille à la recherche de son ami Ono, compte sur le Père Noël pour l’aider. Elle va alors briser la malédiction qui retenait ce dernier prisonnier.
Kazushige Sanda, descendant direct du Père Noël, va partager son corps avec celui de son ancêtre tout en gardant sa propre conscience. Mais oubliez le bonhomme joufflu en traîneau : ici, le Père Noël est un colosse prêt à punir les vilains garnements ! Son esprit d’enfant, lui, subsiste — avec pour objectif d’apporter un peu de lumière et de joie à une jeunesse en détresse.
Une direction artistique très personnelle
Le style graphique de Paru Itagaki est immédiatement reconnaissable : anguleux, peu détaillé, parfois même brouillon. Je ne vais pas mentir : comme pour Beastars, j’ai eu du mal en feuilletant les premières pages. Les personnages sont très maigres, les traits parfois agressifs, et le tout semble un peu désordonné.
Mais une fois plongé dans l’histoire… impossible de décrocher. Malgré un léger ralentissement au milieu du tome 2, j’ai tout lu d’une traite, m’habituant peu à peu à ce style si particulier. L’ambiance est sombre, mystérieuse, et le rythme narratif bien dosé. Les éléments du monde sont distillés au fil des chapitres, souvent à travers des conversations en apparence anodines.
Le rôle du Père Noël se précise petit à petit, et ce qu’il incarne dépasse de loin les clichés habituels. Il ne s’agit pas ici de cadeaux ou de rennes, mais de retrouver l’espoir dans un monde en perdition.
En bref
Si le dessin est un critère déterminant pour vous, Sanda risque de vous rebuter au premier abord. Mais si vous privilégiez l’originalité du scénario et la puissance de l’univers, alors foncez. Cette lecture m’a vraiment captivé, et j’attends la suite avec impatience.
- Sanda, par Paru Itagaki
- 2 tomes disponibles aux éditions Ki-Oon, 6€95
- Parution Originale terminée en 16 tomes
Résumé éditeur
Quand Kazushige Sanda est menacé de mort par sa camarade de classe Shiori, il prend ça à la légère… jusqu’à ce qu’elle le poignarde réellement ! Son but : pousser le garçon à bout pour qu’il dévoile son identité de père Noël ! Pourtant, ça fait bien longtemps que la fête a disparu et que plus personne ne croit en sa magie. Mais Shiori en est certaine, Kazushige est le dernier descendant de la lignée, et surtout son dernier espoir de retrouver sa meilleure amie, portée disparue… Après tout, le père Noël n’est-il pas censé exaucer les souhaits des enfants ?
Kazushige s’en sort de justesse en se transformant en adulte à barbe blanche et à la carrure de bodybuilder ! Pour autant, il n’a jamais assumé ce rôle légendaire et découvre ce corps pour la première fois… Il n’a aucune idée de ses pouvoirs ni de la manière de les contrôler, mais il accepte d’instinct la mission confiée par Shiori !
Un Santa Claus qui se bat littéralement pour les enfants, c’est ça, l’esprit de Noël ! Après l’incroyable Beastars, Paru Itagaki reprend la plume pour une dystopie déjantée remplie d’action, avec ce zeste de folie qui fait son charme !
