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Jeu de Société

Inspecteur Leflair résout toutes les affaires

Quand on me parle d’un jeu coopératif de déduction où il faut faire deviner une carte à son partenaire, mon esprit part immédiatement vers des références solides comme Dixit, Codenames ou encore Niwashi. Des jeux où l’interaction et la réflexion sont au cœur du gameplay. Inspecteur Leflair, édité par Oya, reprend cette idée, mais avec une approche différente : utiliser des dés illustrés pour orienter son coéquipier vers la bonne réponse. Une bonne idée sur le papier… mais qu’en est-il en réalité ?

Un principe simple, mais une mécanique trop aléatoire

Dans Inspecteur Leflair, chaque manche commence par la sélection aléatoire d’une carte parmi un lot de cinq. Le but est de faire deviner cette carte à son partenaire en lançant cinq dés et en choisissant l’un d’eux pour guider son choix. Chaque dé porte un pictogramme censé évoquer un élément de l’image à retrouver. En théorie, c’est un système intéressant : il faut exploiter au mieux les icônes proposées pour faire le bon choix.

Mais en pratique, l’aléatoire prend une place bien trop importante. Il arrive souvent que les pictogrammes des dés n’aient strictement aucun lien avec l’image cible. Dans ces cas-là, on se retrouve à choisir le moins pire parmi des propositions peu pertinentes, ce qui rend la tâche aussi frustrante pour celui qui fait deviner que pour celui qui doit deviner. Contrairement à un Dixit, où l’on peut jouer sur l’interprétation et l’ambiguïté, ici, on est simplement à la merci du hasard.

Un manque cruel d’implication des joueurs

L’autre gros problème du jeu, c’est l’absence d’un réel rôle actif pour les joueurs. Faire deviner une carte se résume à choisir un dé parmi cinq. Rien de plus. Pas de mise en scène, pas de narration à créer, pas de façon de nuancer son choix autrement qu’en croisant les doigts pour que l’autre comprenne. À l’inverse, dans un jeu comme Niwashi, on a un élément simple mais interactif – une lanterne – qu’on peut manipuler à notre guise pour donner des indices. Cela engage davantage les joueurs et rend l’expérience bien plus immersive.

Avec Inspecteur Leflair, on est juste passif. On lance, on choisit, et on espère. Même en tant que joueur qui doit deviner, on ne ressent pas de véritable tension ludique : il n’y a pas de réflexion fine comme dans Codenames, où l’on essaie de décrypter les indices de son coéquipier, ni de moment de surprise comme dans Dixit.

Un jeu qui ne trouve pas son public ?

Difficile de dire pour qui est vraiment conçu Inspecteur Leflair. Sur la boîte, il est indiqué 7 ans et plus, et effectivement, les règles sont très accessibles. Mais est-ce que des enfants prendront du plaisir à y jouer ? Pas certain. L’aléatoire peut vite être frustrant pour eux aussi, et l’absence de véritable action ludique risque de les lasser rapidement. Quant aux adultes, ils trouveront probablement le jeu trop limité et trop répétitif pour y revenir souvent.

Là où Dixit propose une expérience onirique et créative et où Codenames stimule l’esprit avec ses associations d’idées, Inspecteur Leflair se contente d’une mécanique trop binaire et trop bridée pour réellement captiver.

Une rejouabilité présente, mais une mécanique qui ne suit pas

Pourtant, sur le papier, le jeu a de quoi tenir sur la durée : les cartes sont nombreuses et recto-verso, et les dés offrent une variété de pictogrammes (42 au total). Mais quand l’essence même du jeu ne fonctionne pas totalement, cette rejouabilité perd en valeur. À aucun moment je ne me suis dit : « Tiens, j’ai envie d’y rejouer pour essayer une nouvelle approche ! »

D’ailleurs, en parlant de potentiel inexploité, le jeu aurait peut-être gagné à laisser les joueurs placer les dés différemment ou à donner plus d’options pour nuancer les indices. Un peu à la manière d’un Mastermind où l’on affine peu à peu les hypothèses. Mais en l’état, on se contente d’un choix trop restreint et trop hasardeux.

Verdict : une enquête vite classée sans suite

Inspecteur Leflair avait de bonnes intentions, mais la mayonnaise ne prend pas. Loin d’être un mauvais jeu en soi, il souffre d’un manque d’interaction et d’un trop grand poids de l’aléatoire qui le rendent peu amusant, tant pour les enfants que pour les adultes. Il y avait une vraie idée derrière ce système de pictogrammes, mais il aurait fallu lui donner plus de profondeur et d’implication pour en faire un vrai jeu de déduction engageant.

À qui s’adresse ce jeu ?
✅ Un jeune public qui découvre les jeux de société et n’a pas peur de l’aléatoire.
❌ Les amateurs de jeux de déduction exigeants.
❌ Ceux qui aiment avoir un vrai contrôle sur leurs choix et leur réflexion.


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Mis à disposition par l’éditeur : Non
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Manoloben

Enfant des années 80, joueur jusqu'au bout des doigts. Si vous retrouvez du Julien Clerc dans ce texte? Bravo! Amateur de RPG (tout type) et clairement fan de Sega. Manoloben reste un touche à tout. GP32, NeoGeo Pocket, N-Gage et aujourdhui Evercade sont passées dans ses mains.

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Pas d'anecdote

Avis sur
Inspecteur Leflair

👌Moyen👌

Si vous cherchez un jeu coopératif malin et immersif, passez votre chemin. Il y a bien mieux ailleurs.