Indika, ce nom évoquait pour moi que la vague chanson « Small Soldiers »… mais erreur, c’était Martika et non Indika. Il s’agissait bien de ce jeu vidéo mystérieux dont tout le monde parlait en fin d’année. Une véritable « Indika-mania » s’était déclenchée, avec des avis dithyrambiques le présentant comme un OVNI vidéoludique. Mon pote Kuk, après son test, m’avait même prévenu : « Attention, c’est ultra mature avec des sujets sensibles. » Forcément, ma curiosité a pris le dessus et j’ai pu enfin tester ce jeu. Suis-je un ange ou un démon ? Mon questionnement intérieur trouvera-t-il un écho à travers Indika ? Réponse dans ce test.
J’irais dormir chez vous en Russie au XIXe siècle
À la fin du XIXe siècle, en pleine Russie austère et ultra-religieuse, une jeune fille du nom d’Indika se retrouve embrigadée bien malgré elle dans les ordres. Problème : ni sa famille, ni ses consœurs ne la jugent digne de cette vocation… et franchement, elle en vient également à douter. Surtout qu’une petite voix intérieure ne cesse de la tourmenter. Pas celle de Dieu, non. Plutôt celle du Diable ce qui accentue un peu plus cette sensation de malaise qui l’a suit quotidiennement. Entre croyances oppressantes, paysages froids, c’est dans un univers sombre et pesant qu’Indika va évoluer. Bref, une ambiance pas franchement joyeuse, où l’innocence d’une gamine se heurte à la rudesse du monde, proche d’une image de Germinal.
La vie d’une religieuse du sacré coeur
Indika propose un gameplay hybride qui rappelle un peu The Last of Us dans son coté « déplacements » ou encore Journey ou Dordogne dans son coté « parcours initiatique ». La majorité du temps, la progression se fait en vue à la troisième personne, façon The Last of Us, mais sans flingues, hein, faut pas déconner. Le jeu repose surtout sur de l’exploration, avec une bonne dose de « walking simulator » où il s’agit de trouver son chemin et d’activer quelques mécanismes. Pour éviter de sombrer totalement dans la promenade contemplative, des phases de réflexion sont intégrées. Rien de bien sorcier : pousser une caisse ici, activer un truc là… Histoire de dire qu’on fait quelque chose. Heureusement, ces énigmes sont amenées avec finesse et permettent de casser un peu la monotonie. Et parce que ce n’était pas encore assez varié, des séquences de jeux plate formes en 2D viennent retracer le passé d’Indika. Dans l’ensemble, le jeu est complet sans réinventer le genre mais le fait proprement.
Peredvizhniki ou un réalisme artistique
Graphiquement, Indika s’en sort avec les honneurs. Déja, tout est en 3D temps réel et franchement, pour une petite équipe, c’est réussi . Leur univers s’inspire directement des peintres Peredvijniki, et ça se voit : un grain marqué, des textures travaillées et surtout une ambiance qui respire la culture et le froid russe du XIXe siècle . Et là dessus, c’est totalement réussi . Ensuite, pour les phases en 2D qui illustrent le passé d’Indika, un style bien distinct a été adopté. Le rendu est propre, et surtout, parfaitement maitrisé dans cet aspect « rétro ». Coté cinématiques, le boulot est aussi bien fait : certaines utilisent le moteur du jeu, tandis que d’autres sont carrément en pré rendues. Evidemment, on n’est pas sur du triple A, mais pour une petite équipe, on est sur un niveau PS4 pro et sur un PC de milieu de gamme, mon ordinateur n’était pas à genoux. Coté animation, l’ensemble est tout à fait correct même si notre religieuse a des déplacements parfois un peu « clunky » ce qui montre également que le jeu est développé par une petite équipe.
Un dieu protecteur ?
Au final, Indika a au moins le mérite de s’attaquer à un sujet sensible : la réligion. En 2025, alors que le moindre jeu tourne au drama en trois tweets, aborder ce genre de thématique peut s’apparenter à un « défi ». Néanmoins, le choix du christianisme et du diable est un choix un peu « facile » mais soit. Le scénario, lui, reste assez prévisible. Sans spoiler, on voit venir à des kilomètres le parcours du PNJ secondaire qui vous accompagnera dans votre quête. Certains moments tombent à plat avec notamment une fin incompréhensible, surement mystique mais dont je n’ai pas compris la teneur à la différence d’un Journey.
Coté gameplay, on nous demande bien de collecter des objets pour améliorer votre croyance comme par exemple, allumer des cierges. Mais en vrai, cela n’aura aucun impact sur le jeu ou une éventuelle rejouabilité. Un système de choix entre le bien et le mal aurait pu être ajouté, histoire d’avoir la sensation d’influer un minimum sur l’histoire mais non. On est surtout sur « film intéractif scrypté ». Résultat, en moins de trois heures, c’est plié et une fois terminé, on y reviendra pas. Certes, l’histoire porte le joueur mais de là parler d’un jeu « marquant », faut pas abuser non plus…