La série Final Fantasy est l’une des franchises les plus emblématiques du jeu vidéo. Depuis sa première apparition en 1987, elle a marqué plusieurs générations de joueurs, avec des histoires épiques, des personnages inoubliables et des mécaniques de gameplay qui ont redéfini le genre du RPG. Les six premiers opus, souvent appelés les « Final Fantasy classiques », ont posé les bases d’un univers fantastique, foisonnant de magie, de guerres épiques et de créatures mythiques. Ces jeux, développés pour la NES puis la Super Nintendo, ont non seulement révolutionné l’industrie du jeu vidéo, mais ont aussi consolidé l’image de Square, aujourd’hui Square Enix, en tant que géant du RPG japonais.
Ces jeux constituent aujourd’hui un socle fondamental pour tout amateur de RPG, non seulement pour leur qualité intrinsèque, mais aussi pour l’influence qu’ils ont eue sur les générations suivantes. Mais tout commence par une histoire particulière, celle d’un jeu censé être le dernier.
L’histoire derrière Final Fantasy : Pourquoi « Final » ?
En 1987, le studio japonais Square (connu à l’époque sous le nom de SquareSoft) était au bord de la faillite. Le créateur Hironobu Sakaguchi, désillusionné par plusieurs projets qui n’avaient pas rencontré le succès escompté, envisageait de quitter l’industrie du jeu vidéo. Son idée pour un ultime projet était un jeu de rôle épique, inspiré par des titres comme Dragon Quest et des jeux de rôle occidentaux comme Ultima.
Selon la légende, Sakaguchi avait l’intention de faire de Final Fantasy son dernier jeu, d’où le nom « Final ». Cependant, certains affirment que le terme « Final » ne reflète pas seulement cette ambition personnelle, mais aussi les contraintes techniques : il fallait un titre court et accrocheur en raison des limitations des écrans d’affichage sur la NES. Dans tous les cas, si le jeu avait échoué, cela aurait sans doute marqué la fin de la carrière de Sakaguchi et la fin de Square.
Contre toute attente, Final Fantasy I fut un immense succès. Le jeu proposait un système de combat au tour par tour, des classes de personnages personnalisables et une aventure riche en quêtes. Ce succès sauva Square de la faillite, ouvrit la porte à des suites, et Sakaguchi devint l’un des plus grands noms de l’industrie du jeu vidéo. Le mot « Final » dans Final Fantasy est donc un vestige d’un moment où tout pouvait s’effondrer, mais au lieu de cela, une des plus grandes sagas vidéoludiques venait de naître.
Les qualités des Final Fantasy classiques : Gameplay, Histoire, et Innovation
Les premiers Final Fantasy ont marqué l’industrie par des innovations qui allaient redéfinir le RPG. Dès le premier opus, le système de combat au tour par tour est introduit, permettant aux joueurs de contrôler un groupe de héros dans des batailles stratégiques contre des créatures mythiques. Ce système, tout en étant simple dans ses débuts, évolue au fil des épisodes, intégrant des éléments comme le système de classes et, plus tard, le système ATB (Active Time Battle) dans Final Fantasy IV.
Les qualités narratives de la série prennent leur essor avec Final Fantasy IV, où les personnages ne sont plus de simples avatars sans personnalité, mais des héros complexes, chacun avec ses propres motivations et conflits intérieurs. Le protagoniste, Cecil, offre une profondeur rarement vue dans les jeux de l’époque. Ce soin accordé aux personnages atteint un sommet avec Final Fantasy VI, où les histoires individuelles des personnages se croisent dans une épopée épique contre le tyran fou Kefka.
Le système de jobs, introduit dans Final Fantasy III et perfectionné dans Final Fantasy V, offre aux joueurs une flexibilité inédite dans la construction de leur équipe. La diversité des classes disponibles, combinée aux capacités uniques de chaque personnage, crée un gameplay riche et stratégique. En parallèle, les mondes détaillés, les graphismes évolutifs et les bandes-son composées par Nobuo Uematsu contribuent à l’immersion totale dans ces univers fantastiques.
Détails sur chaque épisode classique : FF1 à FF6
Final Fantasy I (1987)
Le premier épisode de la série introduit les Guerriers de la Lumière, un groupe de quatre héros chargés de restaurer l’équilibre dans le monde en affrontant quatre éléments corrompus par des créatures maléfiques. Bien que son scénario soit simple comparé aux standards actuels, Final Fantasy I a posé les bases de nombreux éléments récurrents de la série, comme les cristaux, les classes de personnages (guerrier, mage noir, mage blanc, etc.) et le combat au tour par tour. Le jeu a impressionné par son exploration du monde et sa liberté, permettant aux joueurs de choisir la composition de leur équipe dès le début de l’aventure.
Final Fantasy II (1988)
L’épisode suivant a pris des risques en modifiant radicalement le système de progression des personnages. Contrairement à son prédécesseur, Final Fantasy II ne repose pas sur des niveaux traditionnels. Au lieu de cela, les personnages s’améliorent en fonction des actions qu’ils effectuent, comme utiliser des épées ou lancer des sorts. L’intrigue se concentre sur une rébellion luttant contre un empire maléfique, un thème qui reviendra dans de nombreux épisodes futurs. Malgré ses innovations, le jeu est souvent critiqué pour la complexité de son système de progression, mais son scénario plus émotionnel a marqué une évolution vers une narration plus profonde dans la série.
Final Fantasy III (1990)
Ce jeu est connu pour introduire le système de jobs (ou classes) interchangeables, une mécanique qui permet aux joueurs de changer le rôle de leurs personnages tout au long de l’aventure. Cela offre une personnalisation et une flexibilité énormes dans la stratégie de combat. Bien que l’histoire soit relativement basique, le gameplay a marqué une avancée significative. Les combats sont plus stratégiques et offrent une plus grande diversité que les opus précédents. L’aspect exploration est également enrichi avec l’introduction du vaisseau volant, un élément clé qui deviendra une tradition dans presque tous les jeux Final Fantasy.
Final Fantasy IV (1991)
Considéré comme un des tournants majeurs de la série, Final Fantasy IV a introduit le système ATB (Active Time Battle), qui combine la stratégie des combats au tour par tour avec un aspect temps réel. Ce système, désormais emblématique de la série, exige des décisions plus rapides et augmente la tension durant les affrontements. L’histoire suit Cecil, un chevalier noir en quête de rédemption, et introduit des thèmes plus matures, tels que la loyauté, la trahison et le sacrifice. Ce volet est aussi l’un des premiers à vraiment se concentrer sur le développement psychologique des personnages, en mettant l’accent sur les relations entre eux.
Final Fantasy V (1992)
Le cinquième opus reprend et améliore le système de jobs introduit dans FFIII, en offrant encore plus de possibilités de personnalisation pour les personnages. Chaque personnage peut apprendre des compétences spécifiques à différents jobs, ce qui permet de créer des combinaisons uniques et des stratégies sophistiquées. L’histoire, bien que parfois considérée comme plus légère et moins dramatique que celle de FFIV ou FFVI, propose tout de même un récit épique autour de la protection des cristaux magiques. Le jeu est surtout apprécié pour sa profondeur de gameplay, laissant une grande liberté aux joueurs dans la manière d’aborder les combats.
Final Fantasy VI (1994)
Souvent cité comme l’un des meilleurs RPG jamais créés, Final Fantasy VI est un chef-d’œuvre à tous les niveaux. Le jeu présente un ensemble de personnages divers et bien développés, chacun ayant son propre rôle et histoire. Contrairement aux opus précédents, il n’y a pas de protagoniste unique ; l’histoire met en lumière un large éventail de personnages, tous jouant un rôle crucial dans la lutte contre le despote psychopathe Kefka, qui est considéré comme l’un des méchants les plus emblématiques de la série. FFVI innove également avec des moments mémorables comme la scène de l’opéra et des twists scénaristiques audacieux. Le jeu est également salué pour sa bande-son exceptionnelle, composée par Nobuo Uematsu, qui renforce les moments émotionnels du récit.
Les différentes versions et remasters des Final Fantasy classiques
Les Final Fantasy classiques ont été réédités à plusieurs reprises, sur des consoles différentes et sous des formes variées, afin de s’adapter aux nouvelles technologies et aux attentes des joueurs modernes. Parmi les premières rééditions (remaster) notables, on trouve les versions PlayStation et PSP (ou dans une moindre mesure Wonderswan et GameBoy Advance) qui ont apporté des cinématiques, des améliorations graphiques, et sonores significatives, tout en ajoutant des contenus bonus, comme des donjons supplémentaires.
Les remakes en 3D de Final Fantasy III et Final Fantasy IV sur la Nintendo DS ont transformé ces jeux avec des graphismes entièrement en 3D et des ajustements dans le gameplay. Ces remakes ont introduit la série à une nouvelle génération de joueurs, tout en conservant l’essence des jeux originaux.
Enfin, la Pixel Remaster Collection (2021-2022) a offert une version modernisée des six premiers Final Fantasy avec des graphismes pixel-art retravaillés, une bande-son réarrangée et des ajustements de gameplay pour une expérience plus fluide. Ces versions, disponibles sur PC, consoles et mobiles, permettent aux nouveaux joueurs de découvrir ces classiques tout en restant fidèles à l’esprit original. Elles représentent une excellente option pour quiconque souhaite revisiter ou découvrir ces titres dans un format actualisé. A noter qu’elle est réédité cette année par Square-Enix
Final Fantasy | Sortie Originale | Wonderswan Color | Game Boy Advance | PlayStation | PSP | Nintendo DS | Mobile | Pixel Remaster |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Final Fantasy I | 1987 (JP) | 2000 | 2004 | 2002 | 2007 | N/A | 2004 | 2021 |
Final Fantasy II | 1988 (JP) | 2001 | 2004 | 2002 | 2007 | N/A | 2004 | 2021 |
Final Fantasy III | 1990 (JP) | N/A | N/A | N/A | N/A | 2006 (JP) | 2006 | 2021 |
Final Fantasy IV | 1991 (JP) | 2002 | 2005 | 1997 | 2007 | 2007 (JP) | 2008 | 2021 |
Final Fantasy V | 1992 (JP) | N/A | 2006 | 1998 | N/A | N/A | 2009 | 2021 |
Final Fantasy VI | 1994 (JP) | N/A | 2007 | 1999 | N/A | N/A | 2011 | 2021 |
L’héritage des Final Fantasy classiques
Les six premiers Final Fantasy ont laissé une empreinte indélébile sur l’industrie du jeu vidéo. Ils ont défini les standards du RPG japonais, non seulement par leurs mécaniques de jeu, mais aussi par leurs récits émouvants et complexes. Ces jeux ont non seulement influencé les épisodes suivants de la série, mais aussi des générations entières de développeurs de RPG à travers le monde.
Les systèmes de combat, de personnalisation de personnages et de progression des premiers jeux sont devenus des éléments de base dans de nombreux RPG ultérieurs. Des jeux modernes comme Bravely Default ou même certains aspects de Final Fantasy XV ou XVI empruntent encore des éléments aux systèmes de jobs et aux récits non linéaires développés dans les épisodes III à VI.
Les rééditions récentes, comme la Pixel Remaster Collection, montrent que la nostalgie pour ces jeux reste vive parmi les fans de longue date, tout en attirant de nouveaux joueurs. Cela prouve que les mécaniques et les récits développés il y a plus de trois décennies restent toujours pertinents dans le paysage vidéoludique actuel.
Plus largement, ces épisodes classiques ont prouvé qu’un RPG pouvait combiner des éléments de gameplay complexes avec une narration riche, ouvrant la voie à une reconnaissance critique et commerciale mondiale pour le genre.