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Jeu Vidéo

Antro, un flow contrôlé en mode speedrun

Tout le monde joue à Expedition 33 ou Death Stranding 2. Oui, mais je ne suis pas tout le monde. Je veux du neuf, du frais, de la prise de risque et non un énième copier-coller AAA.
C’est comme ça que je suis tombé sur la démo d’Antro sur Steam dernièrement. Un petit jeu indé d’action/plateforme comme je les aime. Et juste avant les vacances, il me faut un jeu simple et efficace pour me détendre. Alors, est-ce qu’il tient ses promesses ou il part en freestyle ?


Le manifeste d’Antro

Imagine un futur crade où l’humanité s’est terrée sous Barcelone, devenue un trou glauque dirigé par des robots. Dans ANTRO, plus de musique, plus de liberté : l’IA et les robots dirigés par le gouvernement, appelé la CUPULA, impose la loi martiale pour tous. Les survivants, eux, doivent croire qu’ils sont responsables du chaos, qu’ils ont détruit le monde d’avant et qu’ils doivent se sacrifier pour reconstruire l’avenir. Tu joues Nittch, un livreur paumé chargé d’un colis suspect, sans poser de questions. Évidemment, tout part en vrille quand l’État montre ses crocs. On assiste alors au choc entre un monde sectaire et oppressant face à l’essor d’une révolution sous jacente.


Another dark Journey

Visuellement, ANTRO tape direct dans le brut, le crade, le sans-fioritures. Nittch, le héros, n’est qu’une ombre parmi d’autres : silhouette épurée, quasi déshumanisée, comme effacée par un régime qui ne reconnaît que des matricules. Ce choix esthétique, entre Another World et Heart of Darkness, souligne l’effacement de l’individu. Pourtant, là où le jeu frappe fort, c’est dans les détails du décor : affiches de propagande, vapeurs toxiques, panneaux rouges à la Orwell qui vous rappellent que vous n’êtes qu’un rouage. Et au milieu, des touches pop-culture grinçantes comme par exemple, les affiches « Yes we can’t » de Obama ou « Make Antro great again » de Trump qui se frottent aux graffitis et l’art de rue de la résistance populaire.

Le tout repose sur une 3D volontairement floue, presque sale, mais parfaitement cohérente. Pas de textures HD qui claquent, ici c’est l’ambiance qui prime : distorsions visuelles dans les égouts, lumière hypnotique des ventilateurs géants, murs qui transpirent la répression. Un peu comme Journey, mais version dystopie industrielle bien poisseuse.


Insolent 5

Dans ANTRO, le son n’est pas juste un accompagnement, c’est un élément moteur du gameplay. Dès les premières minutes, on capte que l’action colle au rythme, comme si chaque pas, chaque saut, chaque explosion obéissait à la musique. Et pas n’importe laquelle : du rap espagnol aux vibes urbaines assumées, qui colle parfaitement à l’esthétique crade et souterraine du jeu. Alors oui, faut aimer le style, mais impossible de nier que ça fonctionne. Imagine un mix improbable entre Bigflo & Oli et les niveaux musicaux de Rayman Legends : atypique, surprenant, mais totalement cohérent. L’univers, le rythme et le flow s’imbriquent dans une synchro qui tape juste et qui se ressent manette en main. A noter également que les dialogues du jeu sont intégralement doublés en français ce qui nous plonge davantage dans cette aventure.


Faudra-t-il que je coure jusqu’au bout ?

Le gameplay d’ANTRO , un jeu d’action en 2,5D, repose sur un mélange bien calibré en trois phases distinctes mais complémentaires. D’abord, place à l’exploration : on active des mécanismes via des puzzles, souvent rythmés, façon PaRappa the Rapper, ou on joue la discrétion en infiltration, esquivant gardes et faisceaux lumineux. Ensuite, la phase de plateforme prend le relais avec du saut millimétré et des parades dynamiques à la Star Wars où ton bâton déflecte les tirs ennemis. Enfin, on passe à la phase musicale sur la fin de chaque niveau : chaque saut, chaque mouvement épouse le rythme, et le niveau se conclut en mode runner, à la Mirror’s Edge, mixant coups, glissades et sauts via des QTE nerveux. C’est varié, fluide et tout s’imbrique avec une vraie cohérence dans le tempo du jeu.


Un périple un peu court…

Soyons clairs : la durée de vie d’ANTRO est courte, vraiment courte. Comptez à peine une heure pour voir le bout de l’aventure. Certains vont hurler à l’arnaque, regretter l’absence de quêtes annexes interminables ou de mondes ouverts à rallonge… Mais ANTRO n’est pas ce genre de jeu. Il se place ailleurs, à la croisée d’un Journey et d’un Ridge Racer : une expérience condensée, nerveuse, accessible à tous, mais avec un second niveau de lecture. Car une fois le premier run terminé, on réalise qu’on a sûrement zappé pas mal de collectibles ou de détails planqués. Et surtout, le jeu est assez précis et exigeant pour donner envie de le finir d’une traite, façon speedrunner tel un Yamakasi, sans mourir, sans rater un saut et là, ça devient un vrai défi.

Mis à disposition par l’éditeur : Oui
Image de VTG

VTG

Vintage, quadra seino marin, père de deux monstres. Biberonné à la ps1 et aux consoles portables, j’oscille entre ma période rétro et les nouvelles technologies. Adepte du troll et du bon mot, j’aime partager mes galéjades.

Disponibilité

Age conseillé

Nombre de joueurs

Thèmes

Testé Sur

Editeurs/Auteurs

Pas d'anecdote

Avis sur
Antro

★Excellent★

ANTRO est une première œuvre courte mais percutante, qu’on aurait voulu plus longue… mais qu’on rejouera avec plaisir.