Je profite de cette saison un peu molle pour vider ma pile de jeux en retard. Malgré tout, je regardes quelques jeux lors du dernier Future Game Show et je tombe sur ANTRO, un jeu de plateforme en 2.5D développé par une petite équipe espagnole. Et là, tilt. Après avoir adoré UnMetal et GYLT, et vivant avec une espagnole, je commence à croire que l’Espagne me poursuit jusque dans mon backlog. Cerise sur la paella : le jeu se déroule sous Barcelone, une ville que j’ai arpentée façon touriste, entre la Sagrada Família et le parc Güell. Du coup, je me lance dans la démo parce qu’avec tout ça, comment ne pas vouloir voir si la sauce prend ?
Un régime totalitaire et une vie souteraine
Ce jeu a pour postulat un mix de Road 96 , avec un petit clin d’oeil à Terminator. Dans ANTRO, un nombre infimes d’être humains s’est vue obligé de fuir la surface pour crever sous terre, littéralement, sous l’ancienne ville de Barcelone. Et comme si vivre dans un égout géant ne suffisait pas, le tout est géré par un régime totalitaire façon Franco : Plus de musique, plus de liberté, tout est contrôlé par une IA qui dicte la loi du silence et du taff à la chaîne. Et au milieu de cette ambiance glauque et sombre, on incarne Nittch, un petit livreur façon Amazon Prime de la caste la plus basse. Sa mission ? Livrer un paquet à un inconnu, sans poser de questions. Évidemment, ça va déraper plus vite que prévu et l’Etat totalitaire montrera rapidement les crocs. Une fois la démo finie, on reste toutefois sur notre faim sur l’objectif final et sur les raisons qui nous ont poussé à fuir.
Another (dark)world
Visuellement, ANTRO fait clairement le choix du brut, du sale, du sans-fioriture. Le personnage principal, Nittch, est à peine détaillé, presque une silhouette plus qu’un héros (comme si le jeu voulait te rappeler que t’es personne dans ce monde-là, juste un pion de plus). Mais c’est justement dans les décors que la direction artistique appuie là où ça fait mal : rouges étouffants, ombres omniprésentes, tuyauteries suintantes et robots qui cognent des humains comme s’ils vérifiaient des merdes. Le tout transpire le totalitarisme à la Orwell. C’est crade, c’est oppressant, et surtout, ça raconte plein de choses sans dire un mot.
Graphiquement, on est sur une 3D floue, presque baveuse par moment. Pas de contours nets, pas de repères clairs, juste du chaos organisé. Côté ambiance sonore, on est servis : du rap espagnol bien local vient rythmer la démo, ce qui colle parfaitement avec le décor souterrain sous l’ancienne Barcelone. Et franchement, ça fonctionne. Le style musical ne fait pas que remplir l’espace : il participe à l’identité, au rythme du jeu.
De l’action aventure atypique
Niveau gameplay, ANTRO balance un cocktail assez improbable mais franchement curieux entre action, plateforme et jeu de rythme. On se balade dans un monde en 2.5D, donc sur un plan fixe mais avec des petites interactions ici et là. Et là, bim : la plateforme se cale sur le tempo des musiques, ce qui donne des phases où tu dois sauter pile au bon moment. On retrouve également cet aspect rythmique façon Parappa the Rapper, où t’appuies sur des touches en rythme pour débloquer l’ouverture d’une porte.
Mais là où ça devient sympa, c’est quand le soft te demande de faire le ninja urbain : glissades sous des tuyaux, courses dans le tempo, et sauts millimétrés sur des plateformes. C’est à ce moment-là que je me suis cru dans Mirror’s Edge, mais version cyberpunk. Le tout est rythmé par des petits moments d’action où il faut éliminer des ennemis au timing parfait. Et franchement, le feeling rappelle un peu Another World, avec ce côté rigide dans les déplacements, mais là encore, saupoudré d’un peu de Yamakasi. Bref, à ce stade, c’est atypique et la démo est un poil courte pour voir si le gameplay devient plus étoffé.