Gord, le jeu de stratégie de survie développé par le studio polonais Covenant, offre une expérience de jeu unique et sombre qui mélange habilement plusieurs genres pour créer une odyssée complexe. L’atmosphère mélange fantasy et ambiance slave. On y reconnait aisément la contribution d’anciens membres de l’équipe de développement du célèbre The Witcher III.
Mélancolie et Alcoolisme
L’histoire se déroule dans un monde plongé dans les ténèbres, où la folie est omniprésente. Les joueurs prennent le rôle d’un chef de tribu, chargé de guider la tribu de l’Aube vers le sud, dans le but d’unir les terres au nom d’un monarque ambitieux et impitoyable. Cependant, ce voyage ne sera pas sans défis, car le monde est rempli de dangers, d’obscurité et de mystères.
L’ambiance générale de Gord est mélancolique et oppressante. Les joueurs doivent apprendre à survivre dans ce nouveau monde, où la nuit éternelle règne en maître. Les villageois, des personnages uniques, doivent faire face à des menaces constantes pour leur santé mentale. Par exemple, réaliser des sacrifices humains pour satisfaire les demandes des créatures ambulantes arrivera régulièrement.
Pour contrer la folie, les villageois se baignent pour soigner leurs blessures, boivent de l’hydromel pour calmer leurs nerfs, et retournent dans leurs familles pour se reposer, même si le matin n’arrive jamais dans ce monde crépusculaire. La faim mais aussi la folie constituent ainsi non pas une mais deux menaces passives à surveiller constamment.
Sim Gordy
Gord propose deux modes de jeu : une campagne qui comporte 10 missions, permettant aux joueurs de maîtriser progressivement les mécaniques de jeu et de découvrir l’histoire, plutôt bien écrite et dynamique. Et un mode bac à sable où toutes les mécaniques de jeu sont disponibles dès le début pour les joueurs aguerris. En cumulant l’histoire et ce mode plus libre, vous pouvez compter une vingtaine d’heures avant que le début de l’ennui ne pointe le bout de son nez.
Le gameplay de ce titre rappelle un jeu de plateau, avec des mécaniques de survie, de gestion, d’exploration et d’événements aléatoires. Malgré son ambiance particulière, le game-system de Gord est au final celui d’un « Settler » assez classique. A noter, tout de même, une courbe de progression et une difficulté toutes deux en dents de scie.
Ici, les joueurs doivent établir leur colonie (le fameux « Gord »), renforcer leur fief, récolter des ressources essentielles (cueillette, pêche, bois, roseaux…), explorer la zone et faire face à des événements aléatoires, des maladies, des attaques et des catastrophes qui surviennent de manière imprévisible. Des phases d’exploration sont aussi présentes, mais très minoritaires par rapport au temps de gestion du Gord.
Expérience sympa dans les Ténèbres
Le titre comprend beaucoup de micro-management, littéralement ressource par ressource (villageois par villageois). Jouer à la manette manque évidemment de précision par rapport au tandem clavier-souris. Mais on s’y fait et les mécaniques assez souples (la plupart des ressources peuvent changer de métier à tout va) viennent fluidifier tout ça. On passera certains points plutôt surprenants pour ne pas dire incohérents, tels que la naissance régulière d’un enfant dans le Gord alors que tout le monde en est parti.
La lumière est essentielle pour maintenir la santé mentale des villageois, et les joueurs doivent veiller à ce que leurs éclaireurs illuminent la voie avec des torches pour éviter que la noirceur ne les consume. Les combats, bien que principalement automatiques, prennent en compte certaines compétences spéciales pour infliger des souffrances plus importantes à l’ennemi. Le Gord doit également faire face à des ennemis redoutables, tels que les Indomptés, une tribu indigène hostile, et des divinités maléfiques qui peuvent invoquer des fléaux sur le village, exigeant des sacrifices cruels. Tout ceci est donc gage de pas mal de variété au sein de Gord, même si ce dernier est condamné à être parcouru en solo.
Est-ce que Gord est un hit ? Pas vraiment. Même si son ambiance et sa réalisation le servent au maximum, l’ensemble manque de puissance et déçoit même sur certains aspects – Sans qu’aucun ne soit dramatique néanmoins. A l’inverse, le genre Settler est clairement sous-représenté sur console et Gord ne contient aucun défaut majeur. Les amateurs du genre y trouveront donc sûrement leur compte.
