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Test de Munchkin: Quacked Quest – Quand le canard coule la barque

S’il y a bien un jeu de cartes qui a marqué les soirées entre amis, c’est Munchkin. Créé par Steve Jackson, illustré par John Kovalic, ce petit bijou repose sur une idée toute simple : explorer un donjon, buter des monstres, ramasser des trésors… et surtout trahir sans vergogne ses copains. Sa recette, c’est son humour mordant, ses références geeks et ses coups bas qui transforment une partie en foire d’empoigne hilarante. Bref, un monument du jeu de société moderne.

Alors forcément, quand une adaptation vidéoludique débarque, on est en droit de s’attendre à retrouver tout ça : les bastons improbables, les trésors déjantés et l’esprit « chacun pour soi » qui fait tout le sel du jeu de cartes. Munchkin: Quacked Quest, annoncé comme la transposition du mythe, avait donc de quoi intriguer. Et puis, soyons honnêtes : l’idée de se replonger dans cet univers, manette en main, avait un certain charme.

Mais voilà : la promesse n’est pas tenue. Quacked Quest n’est pas vraiment Munchkin. Ce n’est même pas une adaptation. C’est un tout autre jeu qui a récupéré la licence pour s’offrir une vitrine, et qui, au passage, laisse sur le carreau ceux qui espéraient retrouver les sensations du jeu de cartes.


Un party game hack & slash déguisé en Munchkin

Concrètement, Quacked Quest se présente comme un party game orienté hack & slash. Les parties enchaînent des zones générées aléatoirement où quatre joueurs s’affrontent et coopèrent vaguement en tabassant des monstres, déclenchant des pièges, ramassant des objets et surtout… en essayant de collectionner un maximum de canards en plastique. Oui, des canards. On est loin des cartes humoristiques et des trahisons qui font le cœur de Munchkin.

Sur le papier, l’idée aurait pu marcher. Après tout, un dungeon brawler chaotique en multijoueur local, ça peut donner des soirées bien fendardes. Mais dans les faits, l’expérience a beaucoup de mal à convaincre.


Une maniabilité frustrante

Premier souci : les contrôles. La maniabilité est raide, imprécise, et on a souvent la sensation de se battre contre le jeu plutôt que contre les ennemis. Les personnages glissent, les collisions sont approximatives, et l’action vire vite au brouillon. Au lieu de ressentir l’excitation d’un combat, on peste parce qu’on ne parvient pas à viser correctement ou à se déplacer avec fluidité.


Le loot, un calvaire

Deuxième problème, et pas des moindres : le loot. Chaque fois que vous ouvrez un coffre ou ramassez un objet, le jeu impose un temps de latence interminable. En théorie, c’est censé créer des moments « rigolos » où vos copains peuvent venir vous interrompre, vous cogner et vous piquer votre butin. En pratique, ça devient juste lourd. On passe son temps à attendre que l’animation se termine, tout en se faisant pourrir par les autres joueurs. Résultat : l’humour se dilue dans la frustration.


Un chaos sans ligne directrice

Le jeu cherche manifestement à capitaliser sur le chaos des party games à la Mario Party, mais sans parvenir à donner du sens ou de la profondeur à ce chaos. Là où Munchkin le jeu de cartes transforme chaque coup bas en moment mémorable, Quacked Quest se contente d’empiler des situations bordéliques sans réelle saveur.

Le problème, c’est qu’au bout de quelques parties, la lassitude s’installe. Les arènes s’enchaînent, les pièges se répètent, et la boucle de gameplay finit par tourner à vide.


Technique en berne

On aurait pu pardonner certaines faiblesses si le jeu tournait de façon fluide. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Même sur une machine tout à fait correcte — un PC portable avec RTX 3060, i7 et 32 Go de RAM — le jeu rame régulièrement. On parle d’un titre coloré, au style cartoon, qui ne devrait pas poser le moindre problème matériel. Et pourtant, des ralentissements viennent régulièrement casser le rythme.


Et le multijoueur en ligne ? Absent.

Autre grosse déception : le multijoueur. En 2019, on pouvait espérer que le jeu intègre un mode en ligne pour compenser le côté bancal du solo. Mais non, Quacked Quest est uniquement jouable en local. Autant dire que si vos amis ne sont pas dans la même pièce, vous êtes bons pour affronter des IA peu inspirées.


Un jeu pour qui ?

Alors, pour qui est ce Quacked Quest ? Pour les fans de Munchkin, certainement pas. Le jeu ne reprend quasiment rien de la licence, si ce n’est le nom et quelques clins d’œil visuels.
En revanche, pour des enfants dès 7 ans, pourquoi pas. Le côté cartoon, les canards en plastique et le joyeux bazar peuvent amuser les plus jeunes le temps de quelques sessions canapé. Mais on est loin, très loin, du sel du jeu original.


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Version testée : 1.1
Mis à disposition par l’éditeur : Non
Image de Manoloben

Manoloben

Enfant des années 80, joueur jusqu'au bout des doigts. Si vous retrouvez du Julien Clerc dans ce texte? Bravo! Amateur de RPG (tout type) et clairement fan de Sega. Manoloben reste un touche à tout. GP32, NeoGeo Pocket, N-Gage et aujourdhui Evercade sont passées dans ses mains.

Disponibilité

Age conseillé

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Testé Sur

Editeurs/Auteurs

Pas d'anecdote

Avis sur
Munchkin: Quacked Quest

👍Plaisant👍

Munchkin: Quacked Quest est une déception. Vendu comme une adaptation du jeu culte, il se révèle être un party game hack & slash maladroit, techniquement poussif, frustrant à jouer et amputé d’un mode en ligne. Il peut amuser les plus jeunes grâce à son univers coloré, mais pour le reste, on retiendra surtout une adaptation qui n’a de Munchkin que le nom.