Dernier épisode de la saga de Cotton, la sorcière fainéante, Rainbow Cotton était aussi son apparition sur Dreamcast. Tentant de profiter des capacités 3D de la console, le jeu n’a malheureusement pas été très aimé. Ce 9 mai dernier, Rainbow Cotton revient, réédité, comme le reste de la série, par InIn. Porté par le studio allemand Kritzelkratz 3000 (à vos souhaits), est-ce que cette réédition en vaut la peine ?
Cotton, l’épitome du « cute’em up »
La série Cotton fait partie des jeux (avec Coryoon Child of Dragon sur PC-Engine) qui ont créé le genre Cute’em Up, autrement dit un shmup mignon (on peut également penser à Harmful Park sur Playstation ou Keio Flying Squadron sur Mega-CD), par opposition aux shmups usuels, qui versent dans la SF hardcore (R-Type, DodonPachi, Gigawing) ou le fantastique déjanté (Deathsmiles, ESP Galuda, Mushihimesama). Le cute’em up peut s’accompagner d’humour, ce qui est le cas ici lors des cutscenes pleines de grimaces, de gags, de dialogues un peu bêta, mais toujours bon enfant.
Rainbow Cotton se rêvait « next-gen »
Rainbow Cotton a une particularité supplémentaire. Au lieu de rester dans la 2D horizontale, sa zone de confort habituelle, il s’aventure dans le rail shmup vu de derrière. Un peu à l’instar de Panzer Dragoon ou de Starfox. On peut aussi penser à Space Harrier ici et surtout son prédécesseur, Panorama Cotton sur Mega Drive.
Toujours développé par Success à l’époque, Rainbow Cotton marquait l’arrivée de la petite sorcière sur la Dreamcast. Le choix de la 3D semblait donc justifié pour montrer ce que la bécane a dans le ventre. Hélas l’équipe était principalement composée de nouveaux qui ont loupé plusieurs points-clés de game design. Cela a valu un accueil plutôt mitigé, voire défavorable à Rainbow Cotton. Voyons cela de plus près. Dans un premier temps je parlerai du jeu Dreamcast, ensuite je verrai les éléments spécifiques à ce portage.
L’original sur Dreamcast, et ses faiblesses
Le gameplay de Rainbow Cotton reste très simple. Deux boutons, un pour tirer, un pour lancer les magies. Chaque bouton est dédoublé sur la façade du pad (je déconseille franchement de jouer au clavier). On bouge avec le stick pour viser et éviter les ennemis et projectiles. Éparpillées dans le niveau, vous trouverez des fées en cage ainsi que des jarres magiques. Les fées vous servent de projectiles guidés et les jarres cracheront des gemmes dont vous changez la couleur en tirant dessus (telles les cloches de Parodius). Ces gemmes vous donneront des points ou des magies. Rouge donne la grosse boule de feu, bleu un bouclier, etc. Si on a une fée, on peut l’échanger pour booster sa magie.
Lorsqu’on croise un embranchement on choisit à gauche ou à droite. Certaines routes mènent au mini-boss, qui vous posera un challenge supplémentaire, d’autres vous donnent juste des parcours d’obstacles. A la fin de chaque niveau, un boss vient vous affronter, il s’agit toujours de gros monstres imposants et un peu ridicules, mais redoutables quand même. Faites mousser, rinces, recommencez, 5 stages à finir.
C’est joli et drôle mais certains passages sont franchement frustrants, le curseur ayant tendance à s’auto-recentrer si vous n’y touchez pas et la perspective n’est pas toujours évidente à saisir. Plusieurs fois on prendra des coups qu’on ne pourra éviter qu’en apprenant par cœur.
Vaillant effort qui s’essouffle vite
Malheureusement, le rythme assez lent rend Rainbow Cotton frustrant, surtout quand on recommence après un continue. On reprend complètement dénué de fées comme de magie au tout début du niveau, certains se traînent d’ailleurs et cela rend l’expérience plus lassant qu’elle ne l’est réellement. Ce n’est pas vraiment un jeu difficile, par contre on sent l’amateurisme de l’équipe d’origine.
Rainbow Cotton aujourd’hui
Et ce portage donc ? S’il est malhonnête de sous-entendre qu’on n’est pas compétent chez Kritzelkratz 3000, au contraire, force est de constater que ce portage, comme les précédents et à l’exclusion de Cotton Reboot, qui lui tente pas mal de choses, fait le strict minimum.
Un mode rétro pour appliquer les filtres CRT et écran bombé sur une résolution 4 :3 à l’ancienne ; un mode co-op, quelques options, pas de redéfinition des boutons, pas de diagramme manette ou d’aide en ligne, pas de sélection des niveaux, mode practice, rembobinage ou save states…
Pour 20 euros c’est cher, surtout pour l’épisode le plus faible de la série. Alors oui les cut-scenes sont sous-titrées mais l’upscale est faible et elles sont pleines d’artefacts de compression. Le rythme reste lent et le design frustrant.
Globalement, il vaut mieux attendre une promotion, je ne peux pas en bonne conscience justifier le prix.
Rainbow Cotton est disponible sur Playstation 4 et 5, Xbox Series, Switch et Steam.