L’ère des consoles et ordinateurs 8-16 bit regorge de licences et de titres cultes, ayant marqué l’histoire vidéoludique et à l’impact encore perceptible aujourd’hui. Bien qu’un peu tombée en désuétude, la saga Turrican du studio Factor 5 gardera à coup sûr une place particulière dans le cœur des gamers de cette époque, adeptes de l’Amiga en tête. Turrican innovait alors surtout par la compilation de genres proposés (plateforme, run&gun, exploration…) et par une réalisation de qualité. Voyons si l’éclat est toujours vivace aujourd’hui.
Turrican Anthology Vol. I
Cette première compilation contient Turrican I et II (de l’Amiga), Super Turrican avec sa version Director’s cut (de la Super Nintendo), ainsi qu’un mode Score Attack issu de Mega Turrican (de la Mega Drive).
Sortis au début des années 90, les deux premiers opus disposent d’un capital sympathie imbattable et iront tirer une larme aux quarantenaires un poil geekos. Super Turrican a pour lui une identité assez unique, en prenant quelques distances avec la maniabilité originelle mais utilisant au mieux les caractéristiques de la Super Nintendo (la palette de couleurs et le mode 7 en tête).
Le Score Attack ressemble, de prime abord, a une curiosité sympathique. Mais vous aurez tôt fait de déchanter, quand vous aurez compris qu’il réside en un seul niveau de Mega Turrican légèrement réarrangé pour l’occasion. Ainsi et passé quelques parties, il fait surtout office de teaser pour le volume II, sur lequel la version complète de Mega Turrican est présente.
Turrican Anthology Vol. II
Cette seconde compilation contient Turrican III (de l’Amiga), Mega Turrican avec à nouveau sa version Director’s cut (de la Mega Drive), Super Turrican II (de la Super Nintendo) ainsi qu’un mode Score Attack issu de Super Turrican (de la Super Nintendo).
La configuration et l’intérêt de cette compilation sont donc légèrement différents. Tout d’abord, Mega Turrican Director’s cut est une version étendue de Mega Turrican, qui est elle-même une version améliorée de Turrican III. En d’autres termes et à moins de vouloir retrouver la parfaite expérience de l’époque, seul Mega Turrican Director’s cut est vraiment digne d’intérêt dans ce trio. Il s’agit d’ailleurs, à notre avis, du meilleur épisode de la saga tout court.
La présence de Super Turrican II vient néanmoins rééquilibrer la balance. Ce titre ayant eu droit à un succès plutôt confidentiel à l’époque, par rapport aux autres opus notamment. Pour la version Score Attack de Super Turrican, mêmes commentaires que pour le volume I…
Et si on parlait un peu des jeux eux-mêmes ?
Peut-être n’êtes-vous pas familier de l’univers Turrican ? Personne n’est parfait. Vous incarnez ici un guerrier en armure cybernétique, dans une guerre contre les machines (MORGUL, pas SKYNET). Au niveau du système de jeu, Turrican mélange donc plateforme, shoot et exploration. Un cocktail peut-être plus courant aujourd’hui, mais assez novateur à l’époque.
Par exemple, le héros peut faire plus que sauter et tirer à tout va. Il dispose d’un grappin pour s’accrocher et gravir les murs, ou peut se transformer en boule invincible et poser des bombes… Oui, oui, à la manière de Samus. Encore une fois, c’est surtout la combinaison des styles qui a surpris, pas les styles eux-mêmes. Pour ne rien gâcher, la pression du chrono sera également de la partie.
L’autre point fort de Turrican vient clairement de la qualité de sa réalisation, souvent en avance sur son temps. Visuellement, la saga avait pour habitude d’exploiter au mieux les performances techniques du support de l’époque. Scrollings parallax, animations de sprites combinés, effets de zoom en pagaille… Vos rétro-mirettes vont se faire plaisir. Mention spéciale également à la bande-son synthwave de Chris Huelsbeck, devenue légendaire.
L’intérêt des titres portés peut grosso-modo être scindé en deux catégories. Les trois titres originaux sur Amiga sont sûrement les plus fidèles au feeling de l’époque, mais accusent aussi clairement leur âge. A l’inverse, les jeux issus des consoles 16-bit ressemblent plus à des versions « remastered » des opus d’origine. Toutefois, leur réalisation n’a franchement pas à rougir face à la plupart des titres « néo-rétro » actuels.
Une compilation deluxe… A tous points de vue
En terme de défaut, il n’y a finalement pas grand à reprocher aux titres en tant que tels. Le portage est de qualité, et les options de configuration sont pléthoriques. De belles surprises sont même incluses, comme un mode challenge ou les cheat codes. Il est probable que tout à chacun y trouve son compte.
Par contre, la liste des titres proposés est un peu trompeuse. Entre les version améliorées ou Director’s cut, et les modes Score Attack mutuels entre les compilations, le contenu est au final moins riche qu’il ne peut en avoir l’air de prime abord.
Mais le principal souci de ces anthologies vient finalement de leur tarif. A trente-cinq euros la compilation, soit soixante-dix euros pour la totale, l’addition est plutôt salée. Elle le sera d’autant plus pour celles et ceux ayant déjà craqué pour la compilation Turrican Flashback il y a peu de temps. Celle-ci étant sortie sur le même support et reprenant de nombreux titres (Turrican, Turrican II, Mega Turrican et Super Turrican) ici présents, pour environ un tiers du prix.
