Les joueurs Switch que nous sommes piaffaient d’impatience de découvrir Röki, sorti il y a plus d’un an sur les autres supports. Développé par le studio Polygon Treehouse et édité chez United Label, ce joli point’n click vous propose une immersion directe dans le folklore Scandinave. Le tout dans une ambiance a priori enfantine, mais aussi d’une histoire solide.
Escapade en Laponie
Röki est donc la traduction vidéoludique d’un comte scandinave. Les paysages y sont boisés, enneigés voire glacés. L’adolescente Tove joue avec son jeune frère Lars, qu’elle a d’ailleurs tendance à couver et surprotéger, pendant que leur père Henrik somnole – assoupi ou ivre mort, qui sait ? L’ambiance est à la fois gaie en apparence, mais aussi un peu pesante sur le fond. On comprend en effet assez vite que la mère de Tove et Lars est décédée.
Ce quotidien a priori routinier se voit qui plus est rapidement perturbé par l’attaque d’un monstre géant, ce dernier tentant de capturer Lars et venant littéralement détruire la maison. Henrik se retrouvant sous les décombres, Tove et Lars n’ont d’autre choix que de s’enfuir dans la nuit noire.
Malheureusement, Lars finit bien par se faire enlever et disparait avec le monstre dans un portail magique. Tove a tout juste le temps de sauter dans le portail avant qu’il ne se referme, pour partir au secours de son frère. La vraie aventure commence alors. Elle mélange paysages hivernaux, lieux plus ou moins féériques, dieux mystiques et créatures fantastiques. Et elle est soutenue par une réalisation graphique simple mais efficace, un peu à la manière d’un livre pour enfant mais parfaitement adaptée au contexte.
Sans vouloir vous spoiler, sachez que l’histoire de Röki s’inscrit dans la pure tradition des comtes Européens et ici Scandinaves. Il ne s’agit pas d’une version Disney de l’histoire. Malgré le design un peu enfantin, les thèmes abordés ne sont pas toujours gais et la séquence finale est quelque peu oppressante. Nous avons trouvé cette maturité narrative bienvenue, mais si besoin, vous êtes prévenus.
Je clique ou je pointe ?
Röki est un jeu de type point’n click. Pour les trois du fond qui dorment ou pour les purs consoleux (le genre y étant finalement peu présent), il s’agit surtout ici d’exploration et d’énigmes. Au milieu d’une narration solide, vous déplacez une héroïne découvrant divers lieux, ramassant et combinant divers objets, résolvant divers puzzles… Ce style de jeu est traditionnellement représenté sur PC, mais les développeurs ont eu l’intelligence de parfaitement adapter la maniabilité au support console, malgré l’absence du support tactile. Bonne utilisation du double stick et objets en surbrillance si besoin, tout se passe en douceur.
Toutes les actions précédemment évoquées permettent de débloquer de nouveaux endroits et de nouvelles énigmes, et ainsi de suite. Comme tous les jeux de ce type, le rythme de Röki se veut lent voire apaisant. Ici, pas de chronomètre ni de compteur de vies. Tout dépend de votre adhésion à l’histoire et surtout de votre rapidité à résoudre les différentes situations qui s’offrent à vous. Pour les habitués du genre, sachez que Röki n’est jamais bloquant bien longtemps et ne contient pas d’énigme particulièrement tirée par les cheveux, comme à la grande époque des Lucas Arts par exemple.
Juste équilibre entre intérêt et lassitude, l’ensemble s’étire sur environ neuf heures, pendant lesquelles vous contrôlez majoritairement Tove…. Mais pas seulement. Car nouveau sans vouloir trop en dire, Röki à l’intelligence de renouveler son game-system dans le dernier quart du jeu. Cette évolution relance l’intérêt du titre pour un sprint final bienvenu. L’air de rien, les titres faisant l’effort de se réinventer dans la dernière ligne droite sont plutôt rares. L’histoire et la réalisation de Röki offrent donc une aventure agréable et marquante, de par son intensité et son originalité.
Hmm hmm hmm ? Hahaaaaa !
Au niveau des points faibles de Röki, nous pourrions peut-être évoquer son ambiance sonore. Pas qu’elle soit vraiment mauvaise, mais plutôt en retrait. Les mélodies accompagnant l’aventure sont lentes et envoutantes, mais également rares et un peu répétitives. Toutefois, le principal bémol se situe surtout au niveau des voix. Ne disposant pas de réel doublage pour des raisons a priori évidentes de budget, Röki a opté pour des onomatopées, des inspirations, des petits cris… La tentative est louable mais le rendu est parfois franchement un peu étrange. Rien de méchant néanmoins, il s’agit peut-être là de pinailler.
Dans le même ordre d’idée et comme déjà évoqué, la plupart des énigmes sont plutôt accessibles. Néanmoins, il est possible de rester bloqué pendant un moment pour une raison tout à fait agaçante : le manque à l’inventaire du petit item qui permet d’avancer, lequel objet est caché au fin fond d’un bois ou derrière un meuble… La réflexion du puzzle se transforme alors en cache-cache parfois un peu longuet et bien moins intéressant. Admettons néanmoins qu’il s’agit plus d’un souci inhérent au genre point’n click en général, et pas à ce jeu lui-même.
