Il y a des expériences qui marquent à vie. Des moments de jeu qui, bien plus qu’un simple divertissement, réveillent une sensation familière, une nostalgie presque palpable. C’est exactement ce qui m’est arrivé avec L’Aventure Fantastique. Vendue comme un escape game, cette expérience en est pourtant à mille lieues. Ce n’est pas une course contre la montre à résoudre des énigmes pour sortir d’une pièce. Non, c’est une aventure grandeur nature, une véritable épopée de jeu de rôle, où chaque joueur incarne un personnage, un rôle, avec une classe et des compétences qui influencent directement le déroulement de la partie.
Et dès les premières minutes, quelque chose m’a frappé : j’avais déjà vécu ça. Il y a plus de trente ans, dans un lieu aujourd’hui disparu mais gravé dans la mémoire de ceux qui l’ont connu.
Retour en 1990 : l’expérience oubliée de Planète Magique
L’Aventure Fantastique m’a immédiatement replongé dans un souvenir d’enfance, une aventure qui remonte aux débuts des années 90, dans un endroit aussi fascinant que méconnu : Planète Magique, ce parc d’attractions indoor installé à la Gaîté Lyrique. Un lieu incroyable où les enfants pouvaient vivre des expériences interactives, entre bornes d’arcade, montagnes russes miniatures, et installations immersives à mi-chemin entre le théâtre et le jeu vidéo.
Au cinquième étage, deux attractions en particulier faisaient rêver les jeunes aventuriers. L’une nous mettait dans la peau d’un archéologue en plein temple inca, une sorte d’Indiana Jones avant l’heure. L’autre, plus marquante encore, nous plongeait dans un monde mi-médiéval, mi-futuriste, où chaque joueur devait choisir son rôle : guerrier ou magicien.
Ce choix ne se limitait pas à un simple costume : il déterminait notre façon d’interagir avec l’univers du jeu. Le guerrier maniait un fusil laser, tandis que le magicien s’équipait d’un bâton magique, capable de projeter des sorts en redirigeant des faisceaux lumineux. Ensemble, nous avancions de salle en salle, affrontant des hordes d’ennemis animatroniques, déclenchant des mécanismes, et progressant dans une histoire qui se dévoilait à chaque nouvelle porte franchie.
Là où l’expérience était brillante, c’était dans son rythme : une équipe ne rentrait dans une salle que lorsque l’équipe précédente en sortait, créant une dynamique fluide et immersive. Pas de retour en arrière, pas de temps mort, seulement l’adrénaline d’un monde qui vivait sans nous attendre.
2024 : Une résurgence du passé avec L’Aventure Fantastique
Après vous avoir raconté tout cela, vous vous demandez surement où je veux en venir. Et bien l’Aventure Fantastique m’a fait revenir plus de 30 ans en arrière. A me revoir avec mon père faire ce type d’aventure dans Planète Magique. Et je me suis dit que ça serait parfait de renouveller cette expérience père-fils/fille. Bon, mes enfants étant un peu jeune (8 ans minimum), j’ai donc invité une bande de copains/rédacteurs pour vivre cette expérience.
Nous étions six à embarquer dans L’Aventure Fantastique, mais l’expérience est ouverte de 1 à 8 joueurs. Cela dit, soyons honnêtes : seul, l’expérience doit être quasiment impossible. Trop d’actions à gérer, trop d’interactions avec les PNJ et surtout, le jeu est pensé pour être un jeu de groupe où les rôles se complètent. À 8, l’expérience est faisable, mais peut être plus complexe, notamment à cause de la taille des salles, qui pourraient rendre certaines interactions plus compliquées. Mais à 6 joueurs, l’équilibre nous a semblé parfait.
Et dès le départ, une évidence s’impose : ce jeu n’a rien d’un escape game classique. Oui, il y a quelques salles avec des énigmes, mais ce n’est pas du tout le cœur de l’expérience. C’est du jeu de rôle grandeur nature, avec des combats, des interactions narratives, de la fouille, et même un système de progression et d’économie en jeu qui vient renforcer l’immersion.
Les classes : un choix crucial dès le début – et un costume à enfiler!
Avant même de poser un pied dans l’univers de L’Aventure Fantastique, il faut faire un choix déterminant : celui de son rôle. Il existe six classes jouables, chacune ayant ses propres capacités et interactions dans le jeu :
- Le sorcier : Manipule des sortilèges offensifs, notamment des boules de feu. Il est aussi capable d’ouvrir les coffres magique.
- Le devin : Possède un artefact spécial, un cristal magique (remplacé par une lumière bleue), qui lui permet de révéler des éléments invisibles aux autres joueurs.
- Le guerrier : Combat avec une épée en mousse, et surtout le gars portent littérallement un pourpoing.
- Le voleur : Agilité et rapidité, il est capable d’ouvrir certains coffres plus efficacement.
- L’archer : Armé d’un arc en mousse, il attaque à distance.
- Le guérisseur : Un rôle absolument essentiel, car il est le seul à pouvoir soigner les autres joueurs en échange de pièces d’or.
Dès la sélection, l’immersion commence réellement. Chaque classe est accompagnée de son équipement dédié : une cape, une épée, un bâton, un arc… On ne joue pas simplement un rôle, on l’incarne physiquement. Une fois équipés, prêts à partir, nous sommes jetés dans l’univers du jeu.
Des mondes variés : une aventure en salles
Le jeu se découpe en plusieurs salles, chacune proposant une expérience différente. L’Aventure Fantastique joue sur une mixité d’épreuves, qui alternent entre :
- Des salles physiques : où il faut grimper, se faufiler ou accomplir des actions sportives.
- Des salles de réflexion : qui intègrent des mécaniques d’escape game avec des énigmes et des mécanismes à activer.
- Des salles narratives : où l’on rencontre des PNJ joués par de vrais acteurs, avec qui on peut interagir, négocier, acheter, discuter, interroger.
- Des salles de combat : où l’on doit affronter des ennemis (des acteurs en costume) avec nos armes en mousse ou nos sorts.
Certaines salles peuvent mixer ces éléments, vous mettant la pression sur les énigmes à gérer en même temps que les ennemis.
Les PNJ : une interaction qui donne vie au jeu
Ce qui rend l’expérience particulièrement immersive, c’est la présence d’acteurs qui incarnent les personnages non joueurs (PNJ). Ces personnages peuvent être des alliés ou des ennemis, et leur rôle n’est pas scripté : ils réagissent à ce que vous leur dites, en fonction de vos décisions et de votre comportement.
Dans certaines salles, vous pouvez trouver un PNJ qui vous donnera des indices, ou au contraire vous mettra des bâtons dans les roues. Certains vous offriront des quêtes secondaires, tandis que d’autres vous attaqueront directement. Il est même possible de passer à côté d’un dialogue important si l’on ne pose pas les bonnes questions, ou si l’on choisit de foncer sans réfléchir.
Un des moments marquants de notre partie fut une longue discussion avec un PNJ, où chaque question ouvrait de nouvelles possibilités. Certains de ses indices se sont révélés cruciaux plus tard, et d’autres nous ont laissé dans le doute jusqu’à la fin. Ce n’est pas un jeu linéaire, il y a une vraie richesse narrative.
Un système économique et des points de vie bien pensés
Autre élément qui différencie L’Aventure Fantastique d’un escape game classique : le système de points de vie et d’économie en jeu.
- Chaque joueur ne possède qu’un seul point de vie.
- Lorsqu’on est touché, on ne meurt pas immédiatement : on peut payer le guérisseur en pièces d’or pour être soigné.
- Si on n’a plus de pièces, on est éliminé.
Et c’est là où le jeu devient très malin : pour éviter l’élimination, il faut trouver de l’or en explorant les salles et en ouvrant des coffres cachés. Certains coffres contiennent aussi des nouveaux pouvoirs pour les classes concernées, renforçant l’évolution des personnages au fil de l’aventure.
L’exploration est donc cruciale : chaque pièce non fouillée est une opportunité ratée. Mais il faut aussi gérer son temps, car le jeu ne permet pas de tout faire en une seule partie. Nous avons nous-mêmes laissé plusieurs coffres derrière nous, faute de temps ou d’attention.
Un final mémorable avec un boss de fin
Parce qu’un bon jeu de rôle se doit d’avoir un climax épique, L’Aventure Fantastique se termine sur un affrontement final digne des meilleures aventures. Sans trop en dévoiler, disons simplement que toutes les compétences acquises durant la partie sont mises à contribution.
Que vous ayez choisi le combat, la négociation ou l’ingéniosité pour résoudre les défis, chaque approche est valable, ce qui donne envie de refaire l’expérience en changeant de classe pour voir comment d’autres stratégies pourraient fonctionner. Rien n’est obligatoire en jeu, vous loupez un coffre, c’est des pièces de perdues (et donc un sauvetage du soigneur) ou au pire une compétence (plus ennuyeux). Par contre faites bien attention aux petites choses, un personnage pourrait posséder quelque chose de crucial pour l’aventure.
Un prix imbattable pour une expérience unique
Un autre point fort : le prix. À 29€ par personne pour 1h30 de jeu, c’est l’un des tarifs les plus accessibles parmi les expériences immersives à Paris. À titre de comparaison, un escape game classique coûte souvent bien plus cher, et le Donjon de Paris (que j’ai adoré), bien qu’excellent dans son genre, reste plus onéreux et n’offre pas la même liberté de jeu.
Ici, on a à la fois du jeu de rôle, de l’action, de la réflexion, et une véritable aventure. Pour ce tarif, c’est une opportunité à ne pas manquer.
Conclusion : une expérience à vivre absolument
L’Aventure Fantastique n’est pas un simple escape game. C’est une immersion totale dans un univers médiéval-fantastique, où chaque joueur a un rôle crucial (enfin surtout le Devin – mon rôle – qui fait tout, de la lampe torche à la détection d’indice).
Sachez que dans une expérience dites d’Escape Game je n’ai jamais réussi à ressentir autant d’émotion, de la peur au rire en quelques secondes. C’est génial!