Quand Marinette vole une pizza, on se pose des questions…
J'aime bien Miraculous. Mes enfants adorent, même si, soyons honnêtes, la série vise plutôt les 7–9 ans. C'est mignon, coloré, un peu de baston mais rien de choquant, et ça reprend les codes du Sentai — oui, ces séries japonaises à la Bioman qui ont bercé notre enfance. Bref, ça coche toutes les cases du dessin animé du soir qu'on regarde volontiers avec eux.
Alors quand j'ai vu débarquer la série Zag Chibi Heroes, et plus précisément cette déclinaison Miraculous en format BD chez Jungle, j'étais curieux. C'est mignon, en format A5, vendu 10 € pour 32 pages, et destiné clairement aux enfants en début d'apprentissage de la lecture. Parfait pour la rentrée des CP, en somme.
Un format adapté aux jeunes lecteurs
L'éditeur a bien fait les choses : peu de texte, une mise en page claire, et même des petits émoticônes pour remplacer les mots plus compliqués (comme “fleur”, par exemple). Les dessins sont chibi à souhait — grands yeux, visages ronds, couleurs éclatantes — et franchement réussis. De ce côté-là, rien à redire. En revanche, dès qu'on s'intéresse au contenu… là, ça se gâte.
Deux histoires, pas “des” histoires
Déjà, on nous annonce « Chasse à la pizza et autres histoires félines » — avec un “s”. Sauf qu'en réalité, il n'y a que deux histoires. Pas “d'autres”, juste une autre. Bon, ça prête pas à conséquence, mais à 10 € les 32 pages, on aurait aimé un peu plus de matière.
Quand Marinette se met à voler…
Et surtout, le contenu de ces histoires me laisse perplexe. Dans la première, Marinette vole littéralement une pizza à Chat Noir, par jalousie. Et non, ce n'est pas présenté comme une blague, mais bien comme un vrai vol. Alors oui, elle partage à la fin, mais le message envoyé est franchement maladroit. Pire encore, quelques pages plus tard, elle “emprunte” un scooter qui semble ne pas être le sien. À ce rythme-là, on coche tous les délits du Code pénal en 16 pages ! Pour un tome 1 censé initier les jeunes lecteurs à la lecture autonome, c'est un choix scénaristique assez discutable. Josh Trujillo (au scénario) ne semble pas avoir vraiment mesuré le message qu'il envoie.
L'autre histoire ? Pas mieux.
La deuxième histoire n'est pas plus inspirée : Chat Noir se parfume à l'herbe à chat (oui, littéralement) avant de plonger dans la Seine, présentée comme un liquide toxique avec une tête de mort. Marinette le regarde alors avec un air de dégoût profond. On ne sait pas trop si on doit rire, grimacer, ou appeler Véolia. C'est lourdingue, un peu absurde, et surtout sans réel intérêt narratif.
Verdict
Alors oui, le livre est joli, facile à lire, et pensé pour les plus jeunes. Mais côté valeurs et intérêt, c'est le désert. On ne retrouve pas la magie ni la bienveillance du Miraculous qu'on connaît. Ces deux histoires exclusives auraient pu mettre en scène n'importe quels personnages, et ça n'aurait rien changé.