Messieurs les auteurs, s’il vous plaît, acceptez mes excuses
Je sais que vous avez bossé dur, que vous avez mis tout votre cœur dans votre ouvrage. Acceptez mes excuses, car… je n’ai pas adoré votre BD.
La madeleine, le rêve
Je vous explique.
Il y a plus d’une quarantaine d’années, quand je rentrais de l’entraînement de foot, je m’affalais sur le canapé en velours côtelé marron dans le salon. J’allumais la télévision, un écran cathodique de 40 cm de diagonale, et je regardais Les Visiteurs du mercredi. J’attendais avec impatience Capitaine Flam, le héros des étoiles. Un épisode par mercredi. Chaque épisode durait une vingtaine de minutes. Trois ou quatre épisodes constituaient une histoire, un voyage.
Treize, c’est le nombre de ses voyages. Voyage dans le temps, mutations génétiques, vitesse lumière… tant de notions pseudo-scientifiques expliquées par la voix du conteur. Je rêvais, et je pouvais, comme cela, nourrir mes Big Jim ou mes Playmos de multiples nouvelles aventures…
Alors, imaginez-moi comme un gamin, dans ma petite boutique locale, découvrant que ce dessin animé de mon enfance est là, dans les rayons :
Caaaaapitain Flammmm, tu es là… devant mes yeux… tout droit venu de Mégara. Si ça c’est pas du voyage dans le temps !!!
Et hop, sans réfléchir, je l’achète. Je ne regarde même pas le prix : elle va tellement avoir bon goût, cette madeleine.
Super fier de moi, je rentre à la maison. Je m’installe dans mon salon, ouvre ce bel ouvrage de 164 pages… Je le referme. Je regarde encore une fois cette couverture qui me fait rêver : Capitaine Flam, Mala, Crag, le professeur… des frissons.
La BD, la réalité
Allons-y. Je passe les remerciements, et me lance dans la lecture.
Une station spatiale.
La découverte de Crag et Mala par deux scientifiques roux. Indice.
Une explosion.
Un orphelin… C’est génial.
Et puis voilà la page 17…
Patatras.
On est sur Terre.
L’agent Peterson revient de Denef.
Dans le vaisseau, c’est un grand singe qui l’a remplacé.
Quoi !!!
Mais c’est le scénar du Voyage 1… L’Empereur de l’Espace !!!
C’est le premier épisode du dessin animé que je suis en train de lire, rien de plus.
Moi qui croyais en savoir plus sur le beau capitaine à la chevelure de feu…
Je suis déçu.
Je poursuis, on ne sait jamais…
Et non. Pas de nouveauté.
Ah si… mais je connais l’histoire et presque le dénouement.
Ok, ok. Il y avait des indices : le titre, par exemple.
Capitaine Flam, L’Empereur Éternel…
Objectivement, la raison
Mais ne soyons pas radicaux : c’est loin, loin d’être mauvais. C’est même plutôt bien. J’avoue que je ne connais pas les versions originales de Capitaine Flam, celles de 1940, issues du cerveau de Edmond Hamilton. Notre héros s’appelait Captain Future et comptait 27 aventures, dont seules quatre ont été adaptées en dessin animé. Et parmi ces quatre, il y avait Captain Future and the Space Emperor.
Donc ce que j’ai dans les mains, ce bel album, c’est la troisième version d’une histoire des années 40.
L’histoire qui y est décrite est prenante, le suspense est soutenu. Il y a de superbes planches, sur une page, telle celle de l’Empereur assis sur son trône avec son épée. On dirait un méchant Conan. Les actions s’enchaînent, le rythme est soutenu. On sent des personnages beaucoup moins manichéens, plus proches de l’erreur. Johann n’est plus complètement gaga devant le beau Curtis.
Les dessins, les décors, l’Empereur, les primos… sont largement plus beaux à mon goût. La BD fait 164 pages. Les auteurs ont pris le temps de creuser les relations de Mala avec les primos. Un peu de mélo, tout y est pour passer un bon moment.
Alors, en conclusion…
Ami lecteur,
Si tu connais bien Capitaine Flam, emprunte la BD à ta médiathèque ou à un ami, tu te feras ton opinion.
Mais si tu ne connais pas, ou qu’il te reste un vague souvenir des aventures du héros, tu peux l’acheter :
Tu vas vivre une belle aventure servie par des dessins sobres, sympas, entre manga et classiques.
Fais-toi plaisir et permets à ces deux auteurs de nous réaliser une autre aventure.
Un quatorzième voyage pourquoi pas…
Ou alors, la genèse du Capitaine…