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Dreamed Away, un voyage entre innocence et ténèbres

La rentrée vidéoludique est désormais derrière nous, et avec elle son flot de sorties frénétiques. Pourtant, il arrive parfois qu’au détour d’un trailer, une vidéo attire à nouveau notre attention sur X. C’est exactement ce qui m’est arrivé récemment. J’ai découvert, par hasard, que Dreamed Away débarquait sur Nintendo Switch le 23 Octobre dernier. Attiré par ses sprites en 2D rappelant l’esthétique rétro d’Earthbound, je me suis laissé intriguer. Sans rien connaître de son histoire ni de son univers, nous verrons si il s’agit d’un rêve éveillé ou d’un véritable cauchemar vidéoludique ?


Rendez vous en terre inconnue…en Bretagne

Dreamed Away nous transporte au cœur d’un cadre familial paisible, quelque part en Bretagne, où la vie semble couler tranquillement. Théo, un grand frère ordinaire, partage son quotidien entre rires et petites disputes avec sa sœur Louise. Pourtant, une nuit d’été pluvieuse vient tout bouleverser : au réveil, Théo découvre que toute sa famille a mystérieusement disparu.

Dès lors, il se lance dans une quête désespérée pour retrouver sa sœur, plongé dans un univers sombre et déroutant. Entre réalité familière et monde parallèle inquiétant, rappelant le “monde inversé” de Stranger Things, le joueur explore des paysages étranges où les monstres et les illusions entravent sans cesse sa progression. Pourquoi ce basculement ? Dans quel but Théo traverse-t-il ces mondes ? Les réponses se dévoileront peu à peu, au fil d’une aventure riche en rebondissements, teintée par des aspects sombres à travers une vision enfantine.


Une direction artistique très réussie !

Visuellement, Dreamed Away séduit dès les premières minutes grâce à sa direction artistique soignée et pleine de charme. Le jeu adopte un style 2D en sprites d’une qualité remarquable, rappelant les classiques 16 bits comme Earthbound. Dans les phases dites de “réalité”, les décors respirent la douceur et la nostalgie, tandis que les passages plus sombres évoquent l’ambiance dark et mystérieuse d’un Undertale.

L’univers retranscrit à merveille une Bretagne onirique, entre dolmens, menhirs, phares battus par la pluie et petits korrigans malicieux. Lorsque l’aventure plonge dans les ténèbres, les environnements deviennent plus oppressants, sans jamais perdre leur cohérence. On regrettera peut-être un bestiaire un peu limité, mais la richesse visuelle compense largement.

Enfin, la bande-son, véritable fil conducteur de l’expérience, alterne habilement entre des mélodies enfantines et des pistes plus angoissantes. Elle renforce chaque émotion, notamment lors des combats où la tension atteint son apogée.


Des combats « différents »

Côté gameplay, le soft surprend agréablement en fusionnant plusieurs genres avec intelligence. À première vue, on pense à un jeu d’aventure classique, façon Zelda sur Game Boy, où il faut parler aux PNJ, explorer les environnements et récupérer des objets clés pour progresser. Rapidement, cependant, le titre révèle sa nature hybride, empruntant au RPG des mécaniques d’équipement et de combat tout en gardant une cohérence thématique propre à son univers onirique.

Ici, pas d’épée légendaire ou d’armure en acier : Théo se bat avec une télécommande ou encore une seringue, tandis que sa défense repose sur un blouson ou une casquette de marin par exemple. Ce choix décalé évoque naturellement Earthbound, dont il s’inspire sans le copier.


Quand le RPG fusionne avec les jeux de rythme

Le système de combat au tour par tour repose sur le rythme et la précision : une jauge défile, et il faut appuyer au moment parfait pour infliger un maximum de dégâts. En réussissant plusieurs frappes consécutives, on peut enchaîner des combos impressionnants.

Mais le jeu ne se limite pas à taper : il invite aussi à utiliser des pouvoirs atypiques, comme se concentrer pour renforcer ses attaques ou donner de l’amour pour apaiser le combat. Face aux ennemis, les affrontements deviennent parfois de véritables mini-jeux rythmés, rappelant Parappa the Rapper. Il faut alors appuyer sur la bonne direction au bon moment pour esquiver une attaque ou la neutraliser. Parfois même, certains assauts prennent la forme d’un shmup miniature, où il faut éviter des projectiles à l’écran.

Ce mélange audacieux casse la routine du RPG traditionnel et maintient un vrai dynamisme. Certes, la difficulté reste accessible, mais l’expérience demeure plaisante et variée. Entre phases d’exploration et petites énigmes (dont certaines peuvent sérieusement tester votre patience !), il offre une aventure singulière. Malgré une narration un peu lente par moments, le plaisir de jeu reste bien présent, soutenu par une identité ludique unique et une vraie originalité dans la conception.


Une aventure riche et clivante

Dreamed Away alterne habilement entre phases d’exploration, combats intenses et affrontements de boss marquants, le tout dans un univers sombre et envoûtant. Derrière son apparence de conte enfantin, le jeu aborde en réalité des thématiques profondes et parfois dures, touchant à la perte ou à la peur de l’inconnu. Même s’il reste accessible, il s’adresse avant tout à un public réfléchi, au moins adolescent, capable de saisir la portée émotionnelle de son récit.

Comptez environ huit heures pour en voir le bout, mais le plaisir ne s’arrête pas là. Grâce à des quêtes annexes à débloquer, le joueur peut obtenir des succès pour relever de nouveaux défis, partir à la recherche des korrigans cachés offrant des objets spéciaux, ou encore découvrir un mini-jeu arcade secret rappelant l’excellent Binary Land sur Famicom. Ces éléments renforcent la rejouabilité et prolongent une aventure déjà riche.

Certes, le rythme souffre parfois de quelques longueurs et certaines énigmes peuvent s’avérer retorses, mais on en retient avant tout la force de la narration et une fin surprenante. Dans ma partie, j’ai obtenu une “fin 2”, laissant penser à plusieurs embranchements narratifs et à un lore alternatif selon les choix du joueur. La conclusion, étonnante, ne livre pas pour autant toutes les réponses, mais elle marque. Au final, pour un jeu majoritairement réalisé par un seul développeur français, cela mérite quand même d’être salué. Entre poésie, mélancolie et audace, le jeu parvient à toucher juste.

Avis sur
Dreamed Away

★Excellent★

Dreamed Away propose une parenthèse poétique entre rêve et cauchemar, un voyage aussi intime qu’inattendu. Derrière ses pixels nostalgiques, il révèle une œuvre sincère, touchante et innovante

Mis à disposition par l’éditeur : Oui

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VTG

Vintage, quadra seino marin, père de deux monstres. Biberonné à la ps1 et aux consoles portables, j’oscille entre ma période rétro et les nouvelles technologies. Adepte du troll et du bon mot, j’aime partager mes galéjades.