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Jouet

Carrera Hybrid Pilotes du Diable – Le circuit Carrera passe à l’ère de l’intelligence artificielle

Entre nostalgie et modernité, Carrera réinvente la course miniature avec un savant mélange de jouet, de jeu vidéo et de technologie embarquée.

Il y a des objets qui ont marqué toute une génération. Les circuits Carrera, par exemple. Ces rails sur lesquels on s’affrontait pendant des heures, gâchette serrée, en espérant ne pas déraper dans le virage… Moi, c’était dans les années 80-90. J’y jouais avec mon frère, et on pouvait passer des après-midis entiers à se battre pour savoir qui prendrait la voiture rouge. C’était simple, tactile, un peu bruyant, et surtout magique. Autant dire que lorsque j’ai déballé Carrera Hybrid, j’ai senti une bonne bouffée de nostalgie… avant de réaliser que le jouet avait sacrément évolué.


Partenariat & origine technologique

Derrière Carrera Hybrid se cache une alliance aussi inattendue qu’intelligente. Pour faire passer ses circuits à l’ère numérique, Carrera s’est associée à la société allemande Sturmkind GmbH, connue pour ses voitures connectées et son projet MODIplay, financé à plus de 531 000 € sur Kickstarter (pour un objectif initial de 80 000 €). Leur idée : fusionner le sim-racing et la réalité physique, grâce à des voitures capables de reconnaître leur environnement, de suivre des trajectoires et d’interagir via une application mobile.

Séduite par la technologie, Carrera a noué un partenariat technologique et pris une participation minoritaire dans Sturmkind. De cette collaboration est né Carrera Hybrid, qui reprend la philosophie de MODIplay : une voiture connectée, libre de tout rail, capable de cartographier sa piste et de dialoguer avec une appli pour gérer ses courses, ses statistiques et même ses modes de jeu.

En somme, Carrera Hybrid n’est pas un simple “retour de Carrera”, mais bien une renaissance, fruit du mariage entre le savoir-faire mécanique d’hier et la technologie connectée d’aujourd’hui. Une sorte de “slot-racing 3.0”, où l’on retrouve nos réflexes d’enfants… mais boostés à l’intelligence embarquée.


Retour sur le bitume

Le concept est le même : on a toujours un circuit et des voitures de course. Sauf que cette fois, plus de rail. Les voitures roulent librement sur des plaques vinyliques noires, encastrables entre elles. Celles contenues dans la boite permettent de créer jusqu’à six mètres de piste. Sur les bords, des flèches rouges et bleues servent de repères, un peu comme des bordures virtuelles, que la voiture va détecter grâce à sa caméra embarquée.

Côté design, Carrera reste fidèle à son amour des belles mécaniques : ici, deux Porsche GT3, l’une rouge et l’autre noire (la version 2024 était jaune et verte), toutes deux à l’échelle 1/50e. Ce sont de jolies reproductions, avec des phares fonctionnels et des feux de freinage qui s’allument au moment opportun. L’ensemble est léger, tout en plastique, mais les détails font leur effet.

Chaque voiture dispose de sa propre batterie, qui offre environ trente minutes de course pour une recharge de vingt minutes seulement en USB-C. Ça peut paraître court, mais en pratique, trente minutes à foncer dans le salon à 1,8 mètre par seconde (soit environ 6,5 km/h à l’échelle réelle – et comparativement en 1/50 ça fait du 300km/h) suffisent largement à vider votre énergie avant celle du véhicule.


Quand l’application prend le volant

À l’intérieur de la boîte, pas de grosse notice papier. À la place, un QR code vous envoie directement vers l’application Carrera Hybrid, disponible sur Android et iOS. C’est elle qui devient le véritable cœur du jeu.
L’installation est rapide : on crée un compte, on connecte sa voiture, et l’application vous guide dans la construction de votre premier circuit. Ce qui est malin, c’est qu’elle vous propose de choisir parmi une douzaine de modèles officiels, mais vous laisse aussi libre de créer vos propres tracés. Pour le fun, j’ai recréé le circuit de Daytona USA — parce que oui, la nostalgie, encore une fois, fait partie du plaisir.

L’application permet ensuite de régler la difficulté, de choisir le type d’assistance qu’on veut activer (frein automatique, aide à la trajectoire, etc.), et même le mode de pilotage : vous pouvez conduire au gyroscope comme un volant, au doigt sur un pad virtuel, ou carrément avec une manette PS5. Et ça, je vous le confirme, ça marche parfaitement bien.
Tout est pensé pour offrir la souplesse du jeu vidéo sans sacrifier le plaisir du jouet physique. On peut même suivre la progression de sa voiture (associé à son pilote), améliorer ses caractéristiques — frein, accélération, boost —, ou affronter des défis dans un mode carrière. Chaque réussite rapporte des points qui débloquent des options supplémentaires. C’est clairement une expérience gamifiée, presque RPG, où l’on développe “sa” voiture.

Element important, l’application vous demandera quels éléments de circuit vous possédez pour vérifier la faisabilité d’un circuit. Car en effet, il existe aussi des codes Circuits qu’on peut se partager entre amis ou communauté. (Exemple le circuit Daytona USA c’est : b3dbc2db2dba)


L’intelligence artificielle… ou presque

Carrera met beaucoup en avant le mot “IA”, mais il faut le prendre avec des pincettes. En réalité, la voiture embarque une petite caméra, similaire à celle d’une souris optique, qui analyse le contraste du sol et reconnaît les flèches colorées de la piste. Si vous mordez un virage, la voiture le détecte, freine et tente de se recadrer toute seule. Ça marche bien dans la majorité des cas, sauf si vous avez eu la mauvaise idée de prendre le virage en sixième à fond les ballons. Là, même une IA ne peut pas vous sauver.

Cette aide reste pourtant bienvenue, car les voitures ont de l’inertie réelle, et c’est là que les choses se corsent. L’accélération et le frein ne répondent pas de façon instantanée – enfin si, mais vous ne passez pas de 200 à 0 en un dixième de seconde : il faut anticiper chaque virage, parfois même une bonne seconde avant. On est loin du pilotage arcade à la Mario Kart. Ça demande de la finesse, un peu de patience, et plusieurs tours avant de vraiment sentir le « poids » de la voiture.
J’ai retrouvé ici des sensations que j’avais sur MotorStorm RC à l’époque de la PS Vita — ce mélange de plaisir et de frustration où chaque virage est une leçon d’humilité. On ne conduit pas, on apprend à apprivoiser.

Avec la manette PS5, j’ai aussi perçu un léger temps de latence, pas dramatique mais suffisant pour accentuer cette impression d’inertie. Rien qui gâche le plaisir, mais ça renforce l’idée qu’on pilote une vraie voiture miniature, avec un comportement physique et pas simplement un signal radio instantané. C’est exigeant, mais c’est justement ce qui rend Carrera Hybrid intéressant : il faut apprivoiser la bête, pas juste appuyer à fond sur l’accélérateur.

Autre détail qui fait son effet : les sons de moteur, diffusés par le téléphone. On entend le ronflement du moteur GT3, les montées en régime, le passage des vitesses. C’est simple mais immersif. Sur le téléphone, un compteur affiche la vitesse — jusqu’à six vitesses, rien que ça. En général, sur mes circuits maison, j’atteins la troisième ou la quatrième, rarement plus. Mais ça suffit à procurer de bonnes sensations, surtout quand on sent la voiture s’emballer.


Une expérience entre jouet et simulation

Là où Carrera Hybrid surprend, c’est dans la richesse de ses sensations. On n’est plus simplement en train de faire tourner des voitures sur une piste : on ressent la physique, la gravité, l’inertie… et même l’usure des pneus. Au fil des tours, la voiture perd un peu de mordant, dérive davantage dans les virages, freine moins droit. On sent cette micro-dégradation progressive, comme si la gomme chauffait vraiment. C’est subtil, mais ça change tout : on apprend à gérer, à adapter son pilotage, presque comme sur une simulation automobile.

On apprend donc à piloter, à lire la piste et à doser la puissance. Et surtout, on peut partager tout ça. Le mode multijoueur autorise jusqu’à seize voitures simultanées. Autant dire qu’à deux déjà, c’est le chaos total sur six mètres de piste.
Le mélange entre jouet physique et expérience numérique fonctionne très bien. On configure, on ajuste, on recommence. Et quand tout est bien calé, c’est un vrai plaisir de voir sa petite GT3 filer dans le salon, phares allumés, feux de freinage rouges, et cette fameuse IA prête à vous sauver les pneus — littéralement.


Qualité et ressenti matériel

Côté fabrication, Carrera Hybrid oscille entre modernité et fragilité. Les plaques vinyliques, fines et souples, ont un avantage évident : elles se posent directement au sol sans vous gêner. On peut littéralement marcher dessus sans risquer de les plier ni de faire basculer une voiture. C’est malin et pratique pour un usage en intérieur, surtout si le circuit reste installé plusieurs jours, car il s’intègre presque naturellement à la pièce.

En revanche, les clips d’assemblage du circuit sont moins convaincants. Dans les années 80, les rails Carrera utilisaient de petits crochets métalliques, quasiment indestructibles. Aujourd’hui, place à des clips en plastique. Plus légers, certes, mais sans doute plus fragiles à long terme. On sent qu’après plusieurs montages et démontages, certains risquent de fatiguer. C’est un petit point de vigilance pour les collectionneurs ou les familles qui comptent monter et démonter régulièrement leur piste. Rien de dramatique, mais ça fait partie de ces détails où l’on se dit que l’ancien savoir-faire mécanique de Carrera avait quelque chose d’intemporel.

Les voitures, elles, sont à l’image de cette évolution : de très belles reproductions à l’échelle 1/50e, soignées dans le design mais clairement orientées vers la légèreté. Le plastique est fin, bien fini mais sensible aux chocs, et la moindre sortie de route violente peut laisser des traces. On est loin du die-cast des modèles de collection : ici, tout est pensé pour la mobilité et la vitesse.
Heureusement, les détails font la différence. Les phares fonctionnent réellement, les feux de freinage s’allument quand on ralentit, et chaque voiture embarque sa propre batterie rechargeable en USB-C — un choix pratique et discret, qui évite tout fil ou socle visible.
Ces éléments donnent une impression de produit moderne, abouti, mais pas invulnérable. On sent qu’il faut le manipuler avec soin, un peu comme une petite pièce de modélisme vivante. Carrera Hybrid ne triche pas : c’est un bel objet technologique, mais il réclame un peu d’attention pour durer.


Modes de jeu : Solo ou Multijoueur, chacun son style

Carrera Hybrid ne se contente pas de faire rouler deux voitures sur une piste : il propose de véritables modes de jeu, qui prolongent la durée de vie du produit.

En mode Solo, l’application vous prend littéralement par la main. Elle vous indique quel circuit construire parmi ceux proposés, précise les conditions de victoire (temps à battre, nombre de tours, type de défi), puis vous lance dans la course. Si vous réussissez, vous remportez des points d’expérience et des bonus qui permettent d’améliorer votre voiture : meilleure accélération, freinage plus précis, gestion du boost, tenue de route… On sent une vraie progression au fil des défis, comme dans un jeu vidéo. On a surtout la sensation de posséder sa voiture, avec son profil, ses réglages, ses performances.

Et puis, pour ceux qui préfèrent la confrontation, il y a le mode Multijoueur. Jusqu’à seize voitures peuvent se connecter sur le même réseau Wi-Fi, chacune pilotée depuis son smartphone. Autant dire qu’à deux, c’est déjà la panique sur six mètres de piste — alors à seize, on imagine le carnage. L’application gère tout : détection des joueurs, départ synchronisé, comptage des tours, chronos et classement final. C’est un joyeux chaos parfaitement organisé, idéal pour les soirées entre amis ou les compétitions familiales.


Deux modes qu’on adore : Scan et Circuit libre

C’est l’un des aspects les plus malins de Carrera Hybrid, et aussi ceux que j’ai préféré.
Le premier, c’est le mode Scan. Il permet à la voiture de rouler toute seule pour scanner votre circuit et le reproduire sur votre téléphone. Concrètement, vous montez votre piste vinylique, vous posez la voiture au départ, et elle part en reconnaissance, traçant chaque virage, chaque ligne droite, pendant que l’application construit la carte en temps réel. C’est assez bluffant à voir, surtout la première fois. En quelques secondes, vous avez votre tracé personnalisé dans l’appli, prêt à être rejoué ou intégré à vos défis. Une petite prouesse technique, et surtout un vrai gain de temps.

Et puis il y a le mode Circuit libre, l’autre bijou. Celui-là permet de jouer sans les plaques vinyliques : la voiture roule directement sur le sol. Et là, c’est la porte ouverte à toutes les folies. À vous les circuits entre la chambre et le salon, les virages autour du canapé, les rampes improvisées avec des boîtes de chaussures (très mauvaise idée), ou les chicanes en paquets de Nesquik ! Ce mode donne une liberté totale et transforme littéralement votre maison en terrain de jeu. On sort du cadre, on s’amuse, et on retrouve ce plaisir enfantin d’inventer, bricoler, tester.
Une excellente idée de Carrera, et franchement, on adore. Et d’ailleurs ça nous fait penser à un autre jeu …


Mario Kart Live, le cousin numérique

Difficile de ne pas penser à Mario Kart Live, le jouet connecté de Nintendo qui transformait le salon en circuit de kart. Là aussi, on pilotait une voiture réelle depuis sa console, sur un tracé qu’on construisait soi-même. L’idée était géniale, mais le tout coûtait déjà une centaine d’euros pour une seule voiture et quatre arches en carton.
Si on remet les prix en perspective, Carrera Hybrid n’est finalement pas si délirant : pour un tarif à peine supérieur, on a deux voitures, une vraie piste de six mètres, une application complète et une sensation de pilotage bien plus crédible.

Mais la vraie différence est ailleurs. Nintendo misait sur l’imaginaire, sur la magie et le fun immédiat. Carrera, lui, mise sur le réalisme. Ici, on parle d’inertie, de trajectoires, d’usure des pneus, de freinage tardif. On ne lance pas des carapaces rouges : on apprend à dompter sa GT3. C’est plus “simulation de salon” que “course cartoon”, un plaisir plus exigeant, plus sensoriel aussi — et clairement taillé pour un public différent.


Le revers de la médaille

Tout cela a évidemment un prix. Carrera reste une marque haut de gamme, et le pack Hybrid s’affiche autour de 125 €. On pourrait se dire que c’est cher, pour un circuit en plastique. Et si vous voulez ajouter des voitures, il faut compter environ 50 € pièce. Pour un jouet qui reste assez fragile, l’addition peut vite grimper.
On comprend le positionnement : il y a la licence Porsche, la technologie embarquée, l’application qui continue d’évoluer depuis sa sortie en 2024… mais cela réserve clairement le produit à un public passionné. À ce tarif, on ne parle plus du jouet de Noël pour enfants turbulents, mais d’un bel objet pour amateurs d’automobile ou de nouvelles technologies.

D’autant que l’expérience demande de la place. Le circuit complet occupe facilement deux mètres sur trois dans un salon. Et vu la fragilité du matériel, mieux vaut éviter les sols irréguliers. On est sur un produit pour grands enfants — disons à partir de dix ans, et même au-delà pour vraiment en profiter. Les plus jeunes auront du mal à gérer la vitesse.


Verdict Air-Gaming

Carrera Hybrid réussit un pari que peu de marques tentent : moderniser un jouet culte sans le dénaturer. Oui, l’étiquette de “produit IA” est un peu exagérée, et oui, le prix peu faire un peu peur. Mais je vous rappelle qu’on a tous craquer pour Mario Kart Live à 100€ la voiture et les 3 bouts de cartons. Côté Carrera, le plaisir de jeu, la précision du pilotage, les détails techniques et le côté “je monte mon propre circuit comme un gamin” compensent largement.

C’est un vrai pont entre générations : on y retrouve les sensations de nos vieux circuits Carrera, avec le fun d’un jeu vidéo connecté. Pour les enfants sages… ou les adultes qui le sont un peu moins.

Avis sur
Carrera Hybrid Pilotes du Diable

★Génial★

Un circuit hybride qui carbure à la nostalgie et à la technologie.

Mis à disposition par l’éditeur : Non

Disponibilité

Age conseillé

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Pas d'anecdote

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Manoloben

Enfant des années 80, joueur jusqu'au bout des doigts. Si vous retrouvez du Julien Clerc dans ce texte? Bravo! Amateur de RPG (tout type) et clairement fan de Sega. Manoloben reste un touche à tout. GP32, NeoGeo Pocket, N-Gage et aujourdhui Evercade sont passées dans ses mains.