Malanotte, la malédiction de la Pantafa : plongée dans un conte horrifique

Malanotte, la malédiction de la Pantafa est une bande dessinée sortie le 11 septembre 2025 dans la collection Aux Confins des éditions Steinkis. Scénarisée par Marco Taddei, dessinée et coloriée par Laura La Came, cette œuvre mêle fantastique et légende populaire.

L’histoire se déroule dans l’Italie des années 1970. Un jeune étudiant journaliste, Ernesto, revient dans le village natal de sa famille, Malanotte, pour mener un reportage sur les anciennes légendes, les berceuses et les comptines.Ce retour aux sources devient rapidement un choc : Ernesto découvre qu’une ancienne malédiction — celle de la Pantafa — semble peser sur sa lignée. Après avoir été accueilli comme l’enfant prodigue, il est rapidement perçu comme une menace par les villageois.

La collection Aux Confins, chez les éditions Steinkis

Aux Confins est une collection créée en 2025 chez Steinkis. Ce label vise à publier des œuvres de fiction étrangère, qu’elles soient de auteurs émergents ou confirmés, avec des styles graphiques forts. La production se voudra limitée mais de qualité, avec l’ambition de mêler fantastique ou science-fiction. Dans ce domaine, Malanotte est un modèle : l’univers graphique, tout en nuances de blanc et noir, est sublime. J’apprécie également beaucoup la tranche du livre, légèrement tissée et très agréable dans la main.

L’auteur et l’illustratrice : Marco Taddei et Laura La Came

Marco Taddei est né à Vasto, dans la province de Chieti (Italie), en 1979. Il fait des études en communication à l’Université de Macerata et défend une thèse sur la philosophie des langues. Très tôt, il se tourne vers l’écriture : nouvelles, poésie, textes de chansons. Avant ses œuvres plus connues en bande dessinée, il publie dans des fanzines ou des revues, en ligne ou imprimées. Il s’est associé avec le dessinateur Simone Angelini pour signer plusieurs bandes dessinées marquantes, dont Anubi et Malloy, récompensées par le prix Boscarato, puis 4 vecchi di merda (4 vieux enfoirés, publié en France chez Rackam). Il explore des genres variés, du fantastique (Malanotte, 2022) à la science-fiction (Cyberflesh, 2023). En 2024, il publie HPL – Une vie de Lovecraft, confirmant son influence dans le paysage de la BD italienne.

Laura La Came assure le dessin et la coloration. Son style graphique privilégie les contrastes forts, spécialement le noir et blanc, ou les scènes nocturnes, architecturales, qui renforcent l’atmosphère sombre et fantastique. Le rendu visuel est riche en détails qui évoquent le passé rural, les légendes populaires, le mystère. Elle fait partie du collectif Mammaiuto et collabore avec de nombreux autres labels de micro-éditions et auto-productions comiques. La Came écrit, dessine et joue du ukulélé dans le village paisible de Lamporecchio dans la province de Pistoia. En tout cas j’aime beaucoup son style !

Malanotte, en route pour le voyage ?

Malanotte, la malédiction de la Pantafa m’a provoqué un mélange d’émotions : l’émerveillement, le malaise, la curiosité.

• L’émerveillement devant le charme rural de cette petite ville de campagne et l’ambiance de l’Italie profonde
• Ensuite, le malaise. Principalement devant la menace diffuse qui prend forme petit à petit, sans que l’on comprenne vraiment si elle prend forme dans le présent ou dans le passé.
• Enfin la curiosité. De voir si l’histoire entre Ernesto et Sarah ira plus loin, et plus globalement de comprendre le lien entre tous ces personnages au cours de leur vie.

Sur le plan visuel, les ambiances nocturnes, les scènes d’ombre, les textures sombres renforcent le sentiment de mystère. Le travail graphique de Laura La Came nous immerge dans un climat inquiétant qui distille peu à peu la peur, à travers des scènes anxiogènes. De plus, culturellement ce récit est également intéressant, il revisite des thèmes tels que l’isolement d’une communauté face à la modernisation, ou les chasses aux sorcières. Malanotte se lit facilement, et régalera vos yeux tout en vous triturant les méninges !